Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 10 février 2008

ÉTOILE DE LUNE - Nathalie et Dominique à San Bernardo





Archipel de San Bernardo le 10 février 2008
L'Etoile de lune au mouillage sous le vent de l'île de Tintipan ("La Mère des Moustiques")
position GPS Latitude: 09-47.25N Longitude: 075-51.20W
Visite de Mucura

Bonjour,

Après la découverte d'Islote nous partons vers Mucura, l'île voisine. Luis, lors de son dépannage de batterie, nous avait dit que son fils travaillait sur cette île, à l'hôtel Punta Faro. Il nous avait vivement encouragé à lui rendre visite.

A l'approche de Mucura, nous discernons, fondues dans la végétation, quelques imposantes bâtisses. Un cordon de plages blanches étincelantes dessine le pourtour de cocoteraies échevelées. Parfois, de longs pontons s'échappent vers le large et tentent d'éperonner les vagues poussées par la brise. Dans l'ouest de l'île, une construction, qui s'apparente à un hôtel, se détache nettement. A mesure que nous nous en approchons, un décor féérique se dévoile. Jules Verne et son capitaine Némo sont à renvoyer au placard, ils ont trouvé leur maître !

Une passerelle démesurée s'arcboute au-dessus d'un bassin, au centre duquel, un îlot abrite une piscine. Sur les pourtours du bassin, les maisons présentent un mélange architectural qui rallierait les goûts de Blanche Neige, des schtroumpfs et du capitaine Hadhock ! Toutes les portes sont des sas de sous-marins aux couleurs vives. Mélange de genres pour un effet insolite. Nous ne pouvons nous empêcher de comparer les surfaces. Il y a ici de quoi loger confortablement tous les Islotiens de l'île voisine !

Les chambres voient évidemment la mer. Le bar a les pieds dans l'eau. Une tourelle d'observation grimpe à la cime des cocotiers. La salle de restaurant ressemble à une cloche sous-marine colossale... Ici, comme à Islote, les matériaux utilisés sont naturels. La différence se situe dans les finitions... Peu ou pas de béton, tout est fabriqué en bois de teck, de pin et en palmes de cocotiers. Les jonctions des poutres sont faites de cordages marins. Nous passons en annexe sous la passerelle. Nous nous faufilons dans le bassin, c'est la curée de clichés! Je ne me rassasie pas... L'endroit est déconcertant. Absorbée par la curiosité, je ne m'aperçois pas que nous sommes seuls au milieu de ce gigantisme.

Dom, ne dit rien. D'un air amusé il pointe du doigt quelque chose derrière moi... Je me retourne, un homme râblé me fait signe de la main. Tout à coup la féérie s'efface. D'un trait rude, la réalité me ramène à notre exacte situation : nous avons pénétré par effraction dans la place !

Que faire d'autre, que de poser l'annexe au quai d'entrée et de se diriger, profil bas, vers le Monsieur qui nous fait signe ? Nous grimpons à la passerelle et trouvons Juenes, qui nous tend une main amicale et qui nous souhaite la bienvenue chaleureusement. Ouf, on respire mieux ! Il nous entraîne, d'un geste naturel, à la visite les lieux. Il nous dit qu'il n'y a personne car nous sommes hors période de vacances. Il y a quelques semaines, par contre, l'endroit était très animé ! Nous le croyons volontiers. Il nous montre tout. Il me signale au passage que ce que je prenais pour une tour d'observation est une réserve de 13 000 litres d'eau. La place peut accueillir 50 personnes. Tous les matériaux ont été acheminés par barge depuis Carthagène. La maison existe depuis 16 ans...

La maison???
Quelle maison???
Il ne prend pas le temps de me répondre. Il nous entraîne à l'étage de la demeure aquatique de Blanche Neige. Il nous ouvre un sas d'une épaisseur impressionnante. Nous pénétrons dans une pièce magnifique où les essences les plus précieuses se mélangent. Un luxe inestimable! Un grand lit trône au centre d'une pièce ronde dont toutes les ouvertures donnent sur le lagon ou la cocoteraie. Un bar et un salon en lourde ébénisterie d'acajou répondent à la chambre. Une salle de bain au thème du capitaine Némo (le revoilà!) est soignée et n'attend que ses futurs occupants. Au fait, en parlant d'occupants... Je reprends mon flot de questions, demandant s'il y a moyen d'avoir les tarifs d'une telle suite. Il sourit et me montre l'inscription au-dessus de la porte. C'est une plaque en cuivre où il est noté : "Captain's quarters". Il poursuit en disant que la propriété est privée et qu'elle appartient à une grande famille de Medellín.

Je crois en avaler mon appareil photo ! Je perds le cours de la conversation. "Pas un hôtel", "propriété privée", "grande famille", "Medellin" Les mots s'embrouillent soudain, et un idée m'assaille.
Et si nous étions dans la chambre d'un.... ?????
Noooon!!!!
Pas possible!
Après tout, c'est peut-être l'antre d'une famille respectable d'industriels... Je chasse d'un sourire le plus assuré possible toutes ces idées. Trop tard, notre hôte a lu sur mon visage comme dans un livre ouvert. Il a un petit sourire en coin et il nous pousse vers la terrasse ombragée. Deux magnifiques sièges en mahogani basculent sous le souffle de l'alizé. Je m'installe dans l'un d'eux pour la photo... Après tout, au point où nous en sommes !!!

La visite se finit, nous croisons l'épouse de Juenes. Tous deux ont pour mission d'entretenir la propriété pendant l'absence de leur patron, dont nous ne chercherons pas à connaître la nature réelle des occupations.... Les au revoir se passent dans de grands sourires et de grands remerciements.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Punta Faro. Réfugié sous un immense caoutchouc, nous n'avions pas remarqué l'hôtel à notre premier passage. Nous découvrons ici tout le confort que nous n'imaginions pas trouver, dans cet archipel, que nous pensions si reculé du monde...

Edwin, le fils de Luis, nous accueille à l'entrée. Il passe plus d'une heure à nous faire visiter le complexe qui emploie près d'une centaine de villageois pour accueillir au maximum 140 clients. Une nuit dans une suite à l'hôtel représente le salaire d'un Islotien. L'hôtel est vide pour le moment, mais d'ici quelques jours, il y aura une centaine de cadres de Kellox qui viendront pour un colloque. Je reste dubitative quant à l'exactitude de la définition du mot dans un tel endroit. Cocotiers, sable blanc, hamacs et mer cristalline ne sont pas là pour favoriser toute la concentration nécessaire aux conférences...

L'endroit est parfait. Des gîtes en bois, aux aires de repos sur la plage, en passant par le jardin, l'ensemble est orchestré sous l'égide de l'harmonie et de la paix. Le jardin croule littéralement sous des cataractes de fleurs. Chaque jour, elles reçoivent les soins attentifs d'un jardinier qui les arrose.

A vrai dire, un simple chenal maritime sépare deux mondes radicalement différents... D'un côté, Islote attend la pluie. De l'autre, Mucura fait tourner un désalinasateur pour arroser ses fleurs... Edwin, Islotien de naissance, nous explique que tout cela est très bien accepté. Chaque famille a au moins un de ses membres qui travaille soit à l'hôtel, soit dans les demeures des riches Colombiens de l'archipel... Tout le monde s'y retrouve... Nous sentons qu'Edwin est fier de travailler pour Punta Faro.

A la fin de notre visite, il nous invite à consulter gratuitement nos mails sur l'Internet haut débit desservi par satellite. Nous n'abusons pas trop longtemps de sa gentillesse... Mais c'est super sympa! Nous lui promettons de revenir le voir avant la fin de notre séjour à San Bernardo.

Puis, nous retournons sur notre Etoile.

Depuis ce jour, les habitants d'Islote sont moins farouches vis-à-vis de nous. Ils viennent nous voir. Ils nous abordent toujours avec un respect et une dignité qui rend le contact très agréable. Ainsi nous faisons plus ample connaissance avec Freddy et Antonielo. Ils viennent nous demander des outils ou des pièces qui leur fait défaut afin de réparer un moteur récalcitrant de lancha ou un générateur souffreteux. A chaque fois, nous sommes heureux de leur rendre service. Au jour du passage de la lancha qui vient approvisionner le village, quelle n'est pas notre surprise de voir Freddy venir avec un pochon de tomates, carottes et pomme de terre. D'un grand sourire, il nous tend le sachet et nous dit : "es un regalo" (c'est un cadeau). Il nous demande si nous restons encore un peu de temps. Nous lui disons que nous attendons le vent pour partir sur Fuerte. Avec une oeillade malicieuse, il nous dit que si nous avons besoin d'un "marinero", il est notre homme. Mais il n'attend pas la réponse et il repart, l'air espiègle, vers Islote.

Pour tout vous dire.. La Colombie nous dépayse à chaque escale depuis Cabo de Vela...

Amitiés marines
Nat et Dom de L'Etoile de Lune

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