26 oct 08
Au large en route pour les Madères, Portugal
Il est 01h24 AM, je suis de quart. C'est notre troisième nuit, nous filons à 6 -7 noeuds sous un vent arrière de 10 à 15 noeuds. Nous pourrions faire plus vite encore mais la nuit nous réduisons les voiles, donc la vitesse par conséquent. A ce rythme, nous pourrions arriver vers 20h00 demain soir, avant la noirceur si le vent collabore.
Nous avons décidé de nous arrêter dans la première île des Madères, soit Porto Santo avant d'aller rejoindre la suivante 30 miles plus loin. Finalement, on sent que la température est un peu moins froide. Cette nuit je ne porte plus qu'une seule épaisseur de caleçons longs (sous-vêtement thermal) et je suis confortable.
Moi qui me croyais invincible, j'avoue que je dois piler sur mon orgueil et avouer subir, moi aussi, les affres de ce sournois mal de mer. Je ne suis pas malade. mais je me suis déjà sentie mieux! Le souper de ce soir (filets de porc marinés et pommes de terre Scallops), était le premier vrai repas que je prenais avec appétit depuis notre dîner de départ. Je crois ou j'espère m'être finalement débarrassée de la majeure partie des odeurs et senteurs qui me provoquaient des maux de coeur.
Faire une traversée en famille, contrairement à la faire en couple célibataire, implique des responsabilités familiales. Le matin les enfants se lèvent, frais et dispos pour entreprendre une nouvelle journée. Ainsi, mal de coeur ou pas, pas question de s'adonner à la farniente et de passer ses journées (évachées). Il y a de l'ouvrage à faire, des enfants à s'occuper. Faim pas faim, malade pas malade, il faut préparer à manger à ceux qui ont faim.
Heureusement, René et moi alternons la tâche de cuisiner selon nos états respectifs. Il n'est pas rare toutefois que le cuisinier une fois son repas servi, sorte sur le pont prendre l'air n'arrivant pas à avaler une seule bouchée du repas préparé. Hier soir, par exemple, René après avoir servi son souper est sorti pour faire une visite au 'Splash Pit', après quoi il pu enfin manger.
Cristiana : En passant, Thomas et moi avons finalement essayé ta recette de muffins à la canneberge. Tu comprendras que je n'avais pas vraiment ce qu'il fallait sur le bateau pour réduire en poudre fine du gruau. Mais grâce à mon super Thermomix, nous avons accompli cette tâche en un tour de main et les délicieux muffins furent appréciés de tous.
Ce matin au réveil, les troupes allaient finalement mieux alors nous avons pu reprendre l'école. Nous avons fait une journée complète question de rattraper le temps perdu. Arnaud semblait lui aussi replacé aujourd'hui, c'était la première journée qu'il ne passait pas allongé. Ainsi il a pu barrer quelques heures de jour, aider aux manoeuvres en donnant un peu de jus de bras et même essuyer la vaisselle à une occasion.
Maintenant qu'il est remis du choc de sa première traversée, nous pourrons commencer à l'utiliser et le faire participer davantage aux diverses tâches. C'est qu'il ne faudrait pas qu'il s'ennuie tout de même. Il y a toujours du travail à faire sur un bateau. pas besoin de trop d'imagination et d'initiative pour se trouver quelque chose à faire.
La vaisselle, les repas, le nettoyage, aider les enfants dans leurs travaux d'école (enseigner à quatre enfants de niveau différent c'est beaucoup de gestion pour une personne seule quand l'autre dort). Surveiller Victor (le pilote), scruter l'horizon à la recherche de bateaux, filets de pêches ou tout objet flottant sur l'eau. Occuper les enfants et jouer avec eux quand ils sont en panne d'idées. Vérifier les lignes à pêche. Et ça c'est sans compter les manoeuvres sur les voiles au cours de la journée et les diverses réparations à accomplir.
Ce matin nous avons aperçu un banc de petits dauphins qui sautaient par vingtaine non loin du bateau mais ce fut assez bref. La pêche loin des côtes n'est toujours pas très fructueuse, nous attendons toujours notre prochain thon maintenant que nous avons refait nos réserves d'algues et riz à sushi. Arnaud a constaté lui également qu'il est impossible de trouver quelque restaurant que ce soit ou comptoir offrant des sushis.
Les épiceries ne vendent donc rien pour la préparation de sushi. Il semble que cette mode ne se soit pas rendue en Europe , ou du moins pas en France, Espagne et Portugal jusqu'à maintenant. Difficile à croire avec tout le beau poisson disponible, c'est étrange.
Antoine le pirate est toujours aussi grimpeux et cascadeur. Je ne sais pas pourquoi mais Arnaud l'appelle parfois le singe. Cet PM, Antoine était assis avec moi à la barre et je lui demandais ce qu'il ferait quand il serait grand. Il m'a répondu qu'il travaillerait à l'épicerie (comme caissier). Tu parles! Il a de la mère dans le nez celui-là, moi qui a toujours rêvé d'être caissière chez Provigo comme seconde carrière. Ensuite il a décrété que Thomas serait agent secret ou qu'il travaillerait dans les toilettes car il parle toujours de crotte et crottes de boeuf. Mais à bien y penser, ce travail serait peut-être plus approprié pour Nicolas, puisqu'il est le spécialiste de pompage de toilette. Que de discussions enrichissantes! Reste à voir pour Catherine.
Hortense, un petit mot pour Pierre: Je suis à lire le roman Le Tour d'un Monde d'Evangéliste St-Georges, que Pierre avait laissé à bord. On pense à vous autres très souvent et votre hommage dans le Livre d'Or nous avait grandement touché mais n'oublions pas que cette traversée c'est en équipe avec vous que nous l'avions faite. C'est vraiment Pierre qui nous a initié aux rudiments de la traversée océanique. Grâce à lui nous avons bâti une certaine confiance et expertise, ce qui nous aide grandement dans nos navigations et nous fait apprécier encore davantage les deux mois passés en votre compagnie. Les verres à Cognac et le vin laissé par vous attendent sagement votre arrivée. Il faut dire que nous n'avions pas réussi à faire notre dégustation de Cognac avant votre départ. Ce n'est que partie remise.
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