Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 13 mai 2007

SAFINA - Jean-Pierre et Colette - Passage de NZ aux Fidji

Copie du message reçu le 12 mai

Comment allez-vous ? Nous, tout va bien maintenant puisque nous sommes arrivés. Nous avons connu le pire passage depuis notre départ.

Nous commençons notre saison, c'est prometteur... Nous avions une fenêtre météo parfaite. Nous l'avions attendu patiemment pendant deux semaines.

Des vents faibles du sud-ouest au début, mais par la suite de 10 à 20 noeuds qui tourneraient au sud-est donc au portant.La première journée est belle, mais la houle de travers est insupportable avec ce vent faible et je suis malade.

J.P. ne se sent pas bien et nous prenons des médicaments. Bientôt, tout rentre dans l'ordre.

Deuxième journée la houle a diminué et le soleil est radieux, nous aussi. Nous sommes contents d'avoir repris la mer. Nous communiquons avec deux réseaux, un le matin aux Fidji,<> et l'autre à Opua,<>, le soir en Nouvelle-Zélande.

Nous donnons notre position, notre vitesse, la vitesse du vent et notre cap. Si un plaisancier ne se présentait pas après quelques jours et que personne n'en a entendu parlé, un avis de recherche serait lancé.

En plus, à 17:00 un plaisancier qui est en navigation avec nous prend aussi les présences. Nous nous parlons entre nous après les réseaux.

La troisième journée, Anna qui navigue sur un trimaran, Redwood Coat, demande à J.P. s'il a entendu parlé d'une dépression qui se développerait aux Fidji actuellement.

C'est la consternation. J.P. qui prend ses rapports météo deux fois par jour n'a rien vu. Les météorologues avec qui nous sommes en communication n'en n'ont pas parlé non plus. La nervosité monte d'un cran.

L'inquiétude s'empare de nous et des autres plaisanciers. Au réseaux suivant J.P posent des questions aux experts à terre. Les rapports préalables nous indiquent une dépression de 980 hectos Pascals située au sud-est des Fiji avec des vents de 30 à 35 noeuds et des rafales à 40 et 45 noeuds...ce n'est pas beau du tout. Comment se fait-il que personne n'ait rien vu de cela ?

Nous sommes en avance sur la flottille puisque nous sommes partis deux heures avant eux. Selon notre position, peut-être serons-nous suffisamment au nord lorsque la dépression arrivera, nous n'en sommes pas certains. Personne ne l'est. Nous avions mis le dinghy sur le pont avant, bien attaché pour cette traversée, mais comme les vents s'annonçaient très faibles, nous avons détaché le dinghy pour l'installer sur le bossoir. De cette façon, nous pourrions utiliser notre geneker.

Quatrième journée, les vents montent de 20 à 25 noeuds. Nous sommes toujours très inquiets, tous les plaisanciers sont dans l'expectative, surtout ceux qui sont loin derrière.

Cinquième journée, nous sommes assaillis par des vents de 30 à 35 noeuds avec les rafales annoncées de 40 à 45 noeuds. Nos instruments ont enregistré 46 noeuds. La mer est monstrueuse. La nuit vient bientôt et nous restons à l'intérieur.

Le radar fera une partie de la surveillance et nous ferons l'autre partie en surveillant de l'intérieur à travers les hublots et quelquefois à l'extérieur les navires qui pourraient se présenter sur notre chemin. Nous dormons peu, trop stressés pour trouver le sommeil.

Nous mettons notre rideau de plastique. Nous avons fait faire un rideau au Venezuela, du même tissu que notre capote, avec un plastique transparent. Nous l'utilisons en navigation lorsqu'il pleut et nous l'avions en permanence en Nouvelle-Zélande. C'était très pratique pour sortir du bateau, nous n'avions qu'à l'enrouler au lieu d'utiliser le grand panneau principal en plexi.

Les vagues montent sur le pont sans arrêt, parfois passent par dessus la capote. Le cockpit n'est pas épargné non plus, soudain une vague énorme vient pousser notre rideau et entre à l'intérieur.

La descente est inondée, les murs sont éclaboussés. Nous sommes en pleine nuit. Nous nous empressons de tout nettoyer à l'eau douce. Ce sera la seule vague qui entrera à l'intérieur, Dieu merci.

Le lendemain, pour plus de prudence, nous fermons le bimini et mettons le grand panneau. Au réseau, nous réalisons que tout le monde est dans la même galère. Nous ne nous en parlons pas, mais tous les deux, nous espérons que le pilote automatique tiendra le coup.

Certains plaisanciers ont perdu leur pilote et doivent barrer 24 heures sur 24 jusqu'à leur arrivée. D'autres ont mouillé une ancre flottante. D'autres se sont mis à la cape.

Un plaisancier dont le bateau prenait l'eau après une avarie est retourné en Nouvelle-Zélande.

Une deuxième nuit a passé et cette fois, nous perdons notre génois, il est inutilisable.

Avec une voile seulement nous devons mettre le moteur malgré le vent pour empêcher le bateau de faire des auloffées puisque nous sommes vent de travers.

La grand-voile est réduite à un mouchoir de poche.

À cause des barres de flèche repoussantes, nous ne pouvons pas la déborder comme il se doit.

Sans génois, impossible de se mettre à la cape, mais de toute façon nous sommes plutôt partisans d'adopter l'option vitesse pour sortir de cette zone le plus rapidement possible.

De la vitesse, nous en faisons. Une moyenne de sept noeuds que nous vérifions à toutes les demi-heures sur un rapport.

Le lendemain, les vents augmentent encore. Nous craignons une défaillance de notre pilote. Nous mettons nos cirés et nous nous abritons sous la capote. J.P. prend le bateau en main pendant un moment et le remet ensuite sur le pilote.

Nous nous attendons à arriver dans le secteur calme pendant la matinée, mais nous n'y arriverons qu'en fin d'après-midi seulement. Nous aurons été dans la tempête du 30e degré de latitude au 22e, environ 480 mn. Nous respirons enfin.

Au réseau du soir, nous compatissons avec ceux qui sont toujours dans la tourmente. Nous allons passer une bonne nuit, la tension a baissé.

Ce fut de courte durée, le lendemain J.P. réalise que nous n'avons presque plus de gazole. La tension remonte. Il nous reste encore deux jours à faire.

Au réseau, J.P. explique notre problème et demande s'il est possible d'arrêter à Kadavu, Fiji.

Un Américain, Paul du bateau Ranger, qui était notre voisin à Whangarei, dit qu'il a encore quatre bidons dont il ne se servira pas et qu'il nous les passera en mer si nécessaire. Paul est directement derrière nous, mais à 30mn.

Les Américains, il faut bien le reconnaître sont toujours prêt à aider. Nous serons par la suite en communication avec Paul à toutes les deux heures. À chaque réseau, on nous demandera des nouvelles.

J.P. dit que nous y arriverons, mais tout juste à la condition que les vents de face que nous avons n'augmentent pas et que nous puissions continuer à faire 5 noeuds et plus. J.P. refera sans cesse des calculs sur notre consommation.

Nous serons sur le qui-vive pendant les deux derniers jours. Nous sommes arrivés à Suva après 8 jours de navigation. Une autre expérience à notre actif.

Nous avions expérimenté des conditions pires entre les îles ABC et Cartagena en Colombie, mais pour une durée de 20 heures. Tous les plaisanciers ont eu des bris ; des voiles déchirées, des panneaux solaires détruits, des pilotes qui ont cédé, des hublots qui se sont arrachés et j'en passe.

Nous avons eu de la chance, nous n'avons eu qu'une voile déchirée. Notre dinghy sur le bossoir n'a pas été touché. Il faut dire qu'il est très haut perché, mais tout de même nous y pensions souvent.

Pour la traversée de vers l'Australie, il ne sera pas sur le bossoir, la météo est trop imprévisible. Nous sommes assez impressionnés par notre pilote automatique qui a tenu lui le coup. Nous le sommes aussi de notre bateau. C'est un bon bateau.

Un dernier mot sur les bateaux américains. Ils possèdent tous de très grands réservoirs de gazole en comparaison des bateaux français. Par exemple, nous avons un réservoir de 36 gallons. Paul avec son Island Packet de même grandeur, en a un de 90 gallons. Mark qui a un Tayana a un réservoir de 140 gallons. C'est toute une différence. Les deux ont quand même des bidons sur le pont.

Nous savions que 36 gallons, c'était trop peu, alors J.P.a installé avant notre départ un réservoir souple de 15 gallons dans l'espace que nous avions de disponible. À l'époque, nous étions des puristes, il n'était pas question pour nous d'avoir des bidons sur le pont. Ce n'était pas esthétique et nous n'étions pas des gitans.

Lorsque nous sommes arrivés à Annapolis, nous avons vite compris l'importance d'avoir des bidons et nous sommes devenus très rapidement des gitans. Nous avons acheté trois bidons et plus tard à Panama, en avons acheté trois autres. Nous avons maintenant une capacité de 80 gallons ce qui est beaucoup mieux.

Même si nous sommes en voilier, l'expérience nous a appris qu'il faut avoir beaucoup de gazole à bord.

Enfin pour terminer, nous avons fêté notre passage tel que nous nous l'étions promis en mer, au Yacht Club de Suva avec l'équipage de Ranger (Paul et Mary) et de Windbird (Mark et Judy). Une belle soirée sur la terre ferme. Nous attendons un dernier bateau ce soir à minuit, Gerry dont le pilote a cédé. Nous lui avons parlé ce matin, le moral est bon, mais il est épuisé.

Donnez-nous de vos nouvelles, nous voulons savoir ce que vous devenez. Certains et certaines d'entre vous ne nous ont pas écrits depuis plus d'un an.

Grosses bises

Colette et Jean-Pierre

IMPORTANT: S.V.P., ne pas retransmettre ce message avec votre réponse, merci.

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