L'équipage du Ponant libéré sain et sauf, une partie des pirates arrêtée
Il y a 16 heures
PARIS (AFP) - Les trente membres de l'équipage du Ponant, dont 22 Français,
ont été libérés vendredi sains et saufs une semaine après le détournement de
ce voilier de luxe au large de la Somalie, et six des pirates ont été
arrêtés à l'issue d'un coup de main de l'armée française.
Une rançon, sans aucun "argent public", a été versée, dont une partie a été
récupérée. Selon une source proche du dossier elle serait "d'environ deux
millions de dollars".
Selon le récit du chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis
Georgelin, l'équipage du Ponant a été relâché vendredi matin à l'issue d'une
"négociation" et d'un "protocole d'accord" conclu entre l'armateur du
voilier, la compagnie française CMA CGM, et les preneurs d'otages.
Sitôt les otages en sécurité à bord de la frégate Jean-Bart, l'armée
française a déclenché, avec l'accord des autorités somaliennes, une course
poursuite qui lui a permis d'intercepter un véhicule à bord duquel
s'enfuyaient six des pirates, qui ont été arrêtés.
L'opération, conduite par des commandos de marine transportés à bord de
quatre hélicoptères, a été menée à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la
localité de Garaad, au sud de la région autonome autoproclamée du Puntland,
où le Ponant mouillait depuis dimanche.
"Nous avons pu pister les pirates et ceci nous a permis par une action
héliportée d'intercepter de l'ordre de la moitié de ce commando", a raconté
le général Georgelin devant la presse.
"Nous avons fait des tirs d'intimidation et de sommation pour les forcer à
abandonner leurs véhicules et à se rendre. Il n'y a pas eu de tir
directement sur ces pirates", a-t-il assuré, parlant d'une "interception et
non pas, si je puis dire, d'une pulvérisation".
Les pirates sont "dans l'état actuel de nos informations des pêcheurs
somaliens" et "seront remis à la justice française", a ajouté le général.
Le gouverneur de la région somalienne de Mudug (où se trouve Garaad), Abdul
Kadir Ahmed, a affirmé un peu plus tard que "trois cadavres ont été
ramassés" après l'opération des troupes françaises.
L'Elysée a démenti "catégoriquement", l'état-major ne concédant par la voix
de son porte-parole qu'un "blessé léger", "un pirate légèrement touché au
pied".
Interrogé par la presse, le général Georgelin a reconnu à mots couverts que
l'armateur avait versé une rançon pour permettre la libération de son
équipage, composé des 22 Français, de six Philippins, d'une Ukrainienne et
d'un Camerounais.
"En récupérant les pirates, nous avons aussi récupéré quelques sacs
intéressants (...) on a récupéré une partie de la rançon qui a probablement
été versée". "Aucun argent public" n'a été versé, a tenu à préciser le
militaire, renvoyant la responsabilité "à l'armateur de révéler s'il le
souhaite la nature de cette négociation".
Reçu en fin d'après-midi par Nicolas Sarkozy en même temps que les familles
des ex-otages,un représentant de la Compagnie des îles du Ponant (CIP),
filiale de CMA CGM, a refusé de confirmer l'existence d'une rançon,
dénouement habituel des actes de piraterie dans la zone.
"C'est un processus très délicat et difficile, et donc il ne faut retenir
que le résultat, c'est-à-dire des gens d'équipage qui vont pouvoir rentrer
dans leurs familles", a répondu à la presse Jean-Emmanuel Sauvée, directeur
général de la CIP, dans la cour de l'Elysée.
Plus prolixe, une proche des ex-otages qui s'est identifiée sous le prénom
de Céline a assuré aux journalistes que "c'est l'armateur qui a payé, il a
payé la rançon". L'équipage du Ponant était vendredi soir en cours d'acheminement vers la base française de Djibouti.
Tirant la "leçon" immédiate de cette affaire, la France a proposé vendredi
une "action internationale" pour lutter contre la piraterie maritime, qui
sera proposé au Conseil de sécurité de l'ONU dès la semaine prochaine, a
expliqué le conseiller diplomatique du président, Jean-David Lévitte.
Les côtés somaliennes sont considérées comme une des régions les plus
dangereuses pour la navigation, sillonnées par des pirates qui pillent les
cargaisons et retiennent bateaux et équipages contre demande de rançon.
MERCI à Marianne et Gaétan du voilier Alegria pour l'acheminement de ce texte.
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