Latitude : 09-07.80N
Longitude : 077-55.86W
USTUPU
COMARCA DE KUNA YALA
PANAMA
Bonjour,
Nous sommes revenus à Ustupu. Au village, Isabel et Alek nous attendaient. J'ai envie de partager avec vous, un clin d'oeil.
Je n'ai rien de vraiment important à vous raconter, pas de grands paysages à décrire, pas d'événements exceptionnels. Rien, juste une ambiance, quelque chose qui fait basculer les impressions, des lumières qui ressemblent à une compréhension...
Isabel est la boulangère d'Ustupu. Elle prépare de délicieux petits pains, femme affable elle règne sur sa famille. Là, dans une des rares maisons en dur de Ustupu, sertie d'un joli jardinet, on n'est pas toujours certain d'y trouver du pain, mais en revanche, la bonne humeur est toujours au rendez-vous ! Cette maison est une vraie ruche où papillonnent des jeunes filles et des femmes de tous âges. Seul un petit gars est toujours présent. Le chouchou de la famille, la terreur des écolières : Dillan en personne. Petit bonhomme de trois ans que je n'ai vu dormir qu'une fois dans le hamac. Le reste du temps, c'est une bombe à déclenchements permanents. Il suscite le sourire attendri de sa grand-mère : Maribel la soeur d'Isabel. Cette dernière ne dit jamais rien, Dillan est son préféré! Les hommes de la famille ne sont jamais à la boulangerie, ils travaillent à Panama et laissent la responsabilité du commerce aux femmes.
Venir à la boulangerie, ce n'est pas seulement acheter du pain. C'est passer un moment vraiment agréable. Lorsque le pain n'est pas près (quasiment tous les jours, quelle que soit l'heure) Isabel nous installe sous la terrasse. Elle passe un moment à discuter de tout de rien. Et puis, il y a toujours quelqu'un qui passe, qui demande d'où nous venons. Question d'introduction aux discussions qui nous mènent parfois sur les sentiers de la politique panaméenne, à d'autres moments sur ceux des coutumes des kunas...
Nous faisons chacun un pas vers la culture de l'autre, et nous apprenons où nous sommes et chez qui... Certains jours, quand le pain est presque sorti du four, mais pas encore... Et, ... que le client lui aussi se fait attendre, Isabel s'adonne à un loisir qu'elle affectionne particulièrement. Elle revêt ses plus beaux vêtements, elle me demande de sortir mon appareil photo... Et nous voici partis pour la séance du jour : IsabeL sous l'hibiscus en fleur, Mirabel avec Dillan, Anna avec
Mesalina, Yariadni (la plus jolie) et Wiglidir ... J'ai ainsi tiré le portrait de toute la famille et sans doute d'une bonne partie de la garde-robe. Tout est gravé sur disques durs et imprimé sur papier... Car évidemment, elles raffolent de recevoir leurs photos.
Elles ont raison de vouloir des photos. Modernes ou traditionnelles, les femmes kunas sont coquettes, élégantes et belles.
Les femmes mariées respectent plus la tradition que les jeunes filles. Chaque jour nous les voyons revêtir un autre molla. Haut et bas font un mélange de couleurs impensables! Froufrous et paréos font un ensemble inimitable, c'est l'image même de l'originalité, celle qui fait la célébrité des femmes kunas partout dans le monde! L'habillement des jeunes filles est plus aléatoire ! Tee-shirt et short le week-end. Uniformes fait de mollas lorsqu'elles se préparent à aller l'école la semaine.
L'entrée et la sortie des classes sont d'ailleurs un spectacle ravissant à Ustupu. Par contre, au début de nos séances photos, je n'avais droit qu'à des masques. Ces demoiselles riaient montrant toutes leurs dents jusqu'aux oreilles avant la photo, après la photo... et pendant : rien! Le masque! Corps rigide et regards sérieux style 1910. Alors, à force, j'ai fait le clown, prétextant que j'avais bougé, que la photo était ratée, et du coup tout le monde s'ébaudit, et surtout l'objectif capte de belles expressions spontanées. Aujourd'hui, ces dames viennent de recevoir le résultat, et, c'est à peine si je n'ai pas reçu la fessée... Mais avec le sourire!
Je ne peux finir ce clin d'oeil sans vous parler d'Alek et Lucie. Alek est l'artiste qui a peint les tableaux qui illustrent les deux précédents mails : la scène du Nele, mais aussi le beau sourire d'une kuna avec un perroquet sur l'épaule. Il travaille vite, c'est sa méthode pour rendre la spontanéité des visages, un éclair dans le message.
Nous allons lui rendre visite chaque fois que nous allons au village, c'est à dire quasiment tous les jours. En fait, il vit pas loin du petit quai où nous laissons
l'annexe, et immanquablement quand nous arrivons, nous entendons : "natalia y domingo... bienvenudo..." Il sait que je suis curieuse de toute la culture kuna, que j'ai une soif d'apprendre. Hier, il m'a fait la jolie surprise de me prêter un livre qui traite de tout cela. Il faut se rendre compte que c'est sans doute le seul livre qu'il ait d'une telle valeur.
Vraiment une gentille attention, cependant ce n'était pas la seule qu'Alek nous réservait. Ce matin, il nous attendait avec la reproduction de l'étoile de lune sous voile peinte à l'huile sur une plume d'urubu. Cadeau de cet artiste kuna sans pareil qu'est Alek De Leon Perez qui aujourd'hui remplit d'émotions le carré du bateau...
Nous devons un grand merci à toute la population d'Ustupu, grâce à eux, nous avons découvert l'âme kuna, la vraie, ils nous ont fait des cadeaux inestimables.
Amitié marine
Nat et Dom de l'étoile de lune
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