Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mardi 1 avril 2008

ÉTOILE DE LUNE - Nathalie et DOminique dans les SAN BLAS



Depuis Dupdarboguad, le 1 avril 2008
09-13.46N - 078-00.55W

Ustupu, à la lisière entre deux mondes...
Latitude: 09-07.78N
Longitude: 077-55.89W

Bonjour,

Un mois, cela fait un mois que nous cherchons la carte postale!

Avant de larguer les amarres, nous nous étions documentés sur toutes les régions du globe qui nous faisaient rêver. Parmi elles, les San Blas rimaient avec "Paradis" : cocoteraie, plage, îlot serti d'eaux cristallines. En arrivant par Anachukuna, nous rentrons de plain-pied en Comarca de Kuna Yala, mais peut-être pas dans ce qu'on appelle touristiquement les San Blas(?)

A la recherche d'une icône, L'Etoile progresse lentement. Elle se traîne nez au vent, étrave s'enfonçant durement dans la houle, ne trouvant pas facilement son chemin dans un labyrinthe de récifs sous un ciel qui s'obstine à rester gris depuis 3 semaines. Dans cette région nous sommes surpris de trouver des vents de Nord Ouest. Les alizés font-ils des retours d'ouest sur la montagne panaméenne ?

Ici, peu de bateaux passent. Si nous n'étions pas en compagnie de notre copain Patrick sur son catamaran, nous aurions été majoritairement seuls au mouillage. J'oserais presque dire que d'un point de vue touristique, nous ne sommes pas encore dans les San Blas. Rien de ce qui nous entoure ne ressemble aux cartes postales : nous sommes au bord du continent, l'eau n'est pas transparente, il n'y a pas de lagon comme des piscines, il n'y a pas non plus de plage. Il y a des récifs mais ce n'est pas la grande barrière de corail protectrice de houle. Bref, nous ne sommes pas encore dans les mythiques San Blas qui existent plus haut.

De village en village, à défaut de trouver la piscine idyllique, nous nous baignons en pleine culture kuna. Cutlure qui a de quoi surprendre les Occidentaux que nous sommes ! Mentalités, comportements, droit coutumier, moeurs tout nous dépayse tant que, dans certains villages de l'extrême sud du pays Kuna, nous nous demandons si nous n'avons pas changé de planète. En plus d'un mois, 67 milles et 9 villages visités nous n'avons pas encore saisi tout ce qu'il y a à comprendre de la structure sociale Kuna. Ce n'est pas tant une richesse culturelle, c'est plutôt une question de comportement. Entrer par les Sud, nous a permis de découvrir des villages qui observent les règles strictes du Kuna Yala : véritable culte au sahila, "impuesto", habits traditionnels pour les femmes, contributions communautaires, maisons de villages entièrement faites de roseaux et de palmes, cérémonies d'enterrement...

A vrai dire dans les premiers villages, les gens étaient plus que réservés! Parfois ils disparaissaient complètement à notre arrivée. Nous avions le sentiment net de les déranger, d'être des intrus. Pire, la plupart du temps nous pensions n'être à leurs yeux que de simples tirelires qu'il suffisait d'ouvrir pour obtenir des billets verts. Les seuls rapports que nous parvenions à avoir étaient intéressés. Avant même de dire bonjour, les gens nous disent "comprar molla" (acheter molla) et si nous refusons,nous n'avons plus droit qu'à un haussement d'épaule avec une moue boudeuse qui tourne les talons.

Pourtant il faut se borner à dépasser les apparences. La société Kuna fonctionne selon un mode particulier, qui mérite qu'on s'y attarde. Mais appréhender la réalité kuna, c'est aussi la replacer dans son contexte d'aujourd'hui au 21ième siècle.

Les seules concessions au modernisme, des villages qui se cramponnent à leurs valeurs ancestrales, sont le téléphone relié au monde via un système satellitaire, des écoles en dur, quelques radios sur piles, quelques lampes électriques sur piles, tout confort cédé par le gouvernement panaméen. Et encore... dans les premiers villages, si les téléphones sont présents, ils ne sont pas utilisés! Les enfants ne sont pas envoyés à l'école, ils apprennent à pêcher avec leur père. Chaque jour, chaque homme doit consacrer les premières heures du jour au travail communautaire dans "el monte". Il doit défricher la forêt, nettoyer les chemins et les cocoteraies. S'il ne le fait pas il sera soumis à une amende. Chaque homme doit aussi se rendre chaque jour à la réunion du congresso. Cela se passe en fin d'après-midi. Réunis autour du sahila, les hommes parlent des événements qui touchent la communauté. Toute absence est également verbalisée. Tout cela est respecté, à tel point que le matin, le plan d'eau est envahi de petites pirogues qui vont du village vers les points de pêches ou vers les cocoteraies. Mais que l'après-midi il n'y a plus âme qui vive, tous sont rentrés au village et se consacrent à obéir au Sahila.

Tout cela est vrai pour les villages de Anachukuna, de Caretto, de Caledonia, Mulatupu, Pinos, Ogopsucun... Mais, plus on monte vers le Nord, plus le modernisme s'installe. Ustupu, est vraiment la lisère entre deux mondes.

Au Sud, tout est fermé, au Nord, la vie s'ouvre.

Ustupu est LE village à partir duquel tout change. On le voit immédiatement à l'usage du téléphone. Devant les cabines la file d'attente ne désemplit pas. En tant qu'étranger nous avons pu débarquer dans le village sans payer de taxe, sans nous sentir "extra-terrestres". Les hommes parlent l'anglais et ils viennent vers nous pour nous demander d'où nous venons et pour échanger quelques mots. Les anciens ont travaillé au canal, les plus jeunes sont curieux des autres cultures et ont appris l'anglais pour converser avec l'étranger. La majorité des habitants parlent l'espagnol, seules les femmes âgées ne parlent que le kuna. Nous avons même trouvé quelques jeunes qui nous lançaient fièrement des : "Bonjour! Comment allez-vous?". Les enfants à la sortie de l'école nous sautent dessus pour avoir leur cliché de photo, tout en essayant sur nous leur espagnol ou leur anglais tout neuf !

Les femmes tiennent des commerces : épiceries, boulangerie (mmm! Le pain Kuna est délicieux!).

La vie à Ustupu !

La vie y est joyeuse, les gens y sont détendus. La différence est d'autant plus palpable que l'île se partage entre Ustupu qui compte 8000 habitants et Ogopsucun qui abrite 2000 habitants. Les deux villages sont reliés par des petits ponts, ce qui donne une impression de cité lacustre. Une Venise Kuna. Où les barques se faufilent entre les maisons.

Au coeur du village, une frontière invisible sépare les deux communautés qui ne se mélangent sous aucun prétexte ! Est-elle si invisible, cette frontière ?

En pénétrant dans Ogopsucun, il n'y a plus de cris d'enfants, les huttes serrées les unes contre les autres ne laissent plus la place aux cocotiers, aux bananiers et aux arbres à pain qui s'épanouissent à Ustupu. Ici, les photos sont bannies ainsi que les petits jardinets coquets et fleuris qui entourent les maisons d'Ustupu. L'ambiance est épaisse et inconfortable. Les regards sont fermés, cela ne sent pas le bon pain sorti du four... Tout est une question de personnalité... Personnalité du Sahila...

Alors retour sur Ustupu, où franchement, les Kunas nous ont appris à les aimer!

Je pense en particulier au professeur d'anglais de l'école, panaméen, il vit à Ustupu depuis 2 ans. Il aime rencontrer des étrangers pour leur parler de ses observations. Romulo, natif de l'île parle lui aussi l'anglais, il a carrément pris une journée de "liberté" pour nous accompagner à la rivière, pour rester à bord avec nous, pour répondre à nos questions... Pour "échanger" comme il le dit si bien. Je pense aussi à Isabel Bill, la boulangère, qui nous accueille sous sa terrasse, même si nous ne venons rien lui acheter. Je pense au secrétaire, qui est venir cueillir l'impôt, certes, mais qui en revanche a laissé notre ami faire le plein d'eau gratuitement (400 litres!) ... Et à Decio Martinez qui a pris sa matinée pour nous expliquer le fonctionnement politique des Kunas et du Panama, pendant que nous attendions le pain qui tardait à sortir du four. Que dire de la famille William qui nous accueille dans son antre, pour offrir de couper les cheveux de notre ami Patrick?

Et puis, je ne peux vous quitter sans vous parler de la galerie d'art d'Adeleon. Il appelle galerie d'art sa hutte. A l'intérieur peu de lumière comme dans toutes les maisons Kunas. Cet homme a étudié à Colon, il privilégie les techniques naïves, il peint à l'huile des tableaux, mais aussi des plumes de milans ou de buses. Je suis littéralement subjuguée par la lumière qu'il reproduit. Il y a dans sa démarche quelque chose qui me parle, un déclic ! Une âme ! Un truc qui sort directement des teintes qu'il utilise et qui vient me chatouiller le coeur...

A suivre donc...

Amitiés marines
Nat et Dom de l'étoile de Lune

2 commentaires:

Edwin Dìaz a dit...

exelente comentario sobre kuna yala....visite www.kunayalaonine.blogspot.com
la web oficial de kuna yala

Edwin Dìaz a dit...

VISTE ARIDUP LODGE, DESCUBRA MAS DEL MISTERIO DE LA CULTURA kUNA ...
MAS EN www.ariduplodge.blogspot.com