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Baie de Hanamenu au Nord Ouest de Hiva Oa
Bonjour chers amis,
Voici pour vous, des impressions marquées au fer rouge dans nos mémoires:
Nous partons ce matin, au lever du jour. Tahuata dans la lumière naissante se pare de ses plus beaux atours. Ses sommets, découpés comme de la dentelle, égrainent l'azur. Les montagnes grimpent si haut que le ciel s'en rapproche. L'île sort un doigt coquin de ses crêtes et chatouille le firmament.
Ah! Tahuata! Oserais-je dire qu'elle est ma préférée? Elle est belle de "dehors et de dedans!" Il règne dans ses villages une belle âme tranquille et sa physionomie n'offre que grâces et volupté.
Ce genre de chose ne se fait pas! Voyons! Pourtant si j'avais à classer les îles des Marquises Sud, ce serait sans réfléchir Tahuata qui récolterait la palme, puis Hiva Oa, pour ses sites archéologiques et enfin Fatuiva dont on ne peut oublier la baie des Vierges, mais qui, malgré son décor saisissant, n'est pas représentative de l'âme marquisienne.
Nous nous préparons donc à pousser notre étrave plus loin. Mais avant d'aller voir le trio du nord, il nous reste un endroit que nous ne connaissons pas encore : Hanamenu. Située dans la partie Nord Ouest de Hiva Oa, cette baie est difficile d'accès. Par la terre, un chemin de crêtes rejoint l'antre, très peu de marcheurs empruntent encore ces sentiers casse-cou! Par la mer, il faut braver, l'inlassable canal du Bordelais.
Ce matin, et pour la première fois depuis que nous sommes dans la région, le canal est doux comme un agneau. Un tapis de velours. C'est à peine si quelque écume roule sur un clapot mal ordonné, mais paisible. Sous les échancrures du décor sauvage de Hiva Oa, nous admirons la ténécacité de la nature. Sur des pentes improbables des arbres-équilibristes s'accrochent au-dessus du vide. Certains bosquets, au ras de l'eau, à l'ombre de falaises noires rassemblent par les formes àde véritables conciles desorcières. Sous les falaises, l'imagination va bon train, la nature y a sculpté un vrai livre d'images, dans lequel babillent des troupeaux de dauphins. Ils sont partout autour du bateau, si présents qu'il est difficile d'accorder l'attention habituelle à nos chers amis.
A la pointe nord, le clapot se lève, le vent aussi. Notre Etoile s'accroche et combat le courant. Nous doublons la cap et voici que se révèlent devant notre étrave deux baies jumelles : Tanaeka et Hanamenu. Derrière la pointe Matatana un décor de roches se révèle, sombre, si sombre et pourtant pas sinistre. L'eau couleur noir-argent intensifie les dessins sépulcraux. Une tour immense divise les deux baies. On se croirait dans un majestueux tombeau de pharaon à ciel ouvert. La plage de sable blanc de Tanaeka glisse un trait de lumière, tandis que celle de Hanamenu, antracite, reste dans le ton. Le soleil absorbé par la roche ne fait que quelques incursions sporadiques.
Etrange décor! Vraiment étrange...
Le regard doit poursuivre au-delà des plages pour découvrir un entrelacs de canyons. Des parois aux reflets rouges, presque incandescent, s'entrecroisent et partent fureter vers l'intérieur de l'île. J'ai la sensation de faire partie d'un Western.
Notre Etoile se recroqueville et glisse entre les versants qui enchâssent la baie. Les rafales s'intensifient, le plan d'eau argenté se cabre en crêtes d'écume. Hanamenu nous jette hors de chez elle! Aujourd'hui, elle restera "tapu" pour nous. Impossible d'y loger, la mer et le vent se liguent contre nous.
D'un petit tour discret, nous rebroussons chemin. Nous ne sommes pas déçus. Nous avons fait une très belle excursion. L'important pour nous était de voir cet endroit. Avec cette navigation, nous bouclons le tour complet de Hiva Oa. Elle n'a plus de secrets pour nous.
Demain, est un autre jour. Nous prendrons la mer avant l'aurore, pour parcourir 65 milles, vers Ua Huka. Espérons que la houle y soit plus gentille avec nous, pour y trouver un "logement".
A plus pour d'autres nouvelles du bord
Nat et Dom
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