Je viens de recevoir le message daté du 15 avril, rédigé par Dany lors de son quart de navigation entre les Galapagos et l'Ile de Pâques et je partage ses impressions avaec vous...
La traversée vers l'Ile de Pâques
15 avril 09
En route vers l'Ile de Pâques
Il est minuit quinze, je viens de prendre mon quart, la tête veut me fendre et je m'endors tellement. Pas que je veuille me plaindre mais parfois ça nous tente moins.
Non mais sérieux il fait un 20 à 25 noeuds de vent et même sous voilure réduite, nous maintenons une vitesse de 7 à 8 noeuds, ce qui est très rapide pour notre gros bolide de guerre. On gruge les milles nautiques rapidement et devrions arriver à destination dans huit jours environ. Nous sommes sur une allure de près et nous le serons jusqu'à notre arrivée. Nous sommes chanceux d'avoir autant de vent mais cette allure devient agressante à la longue, on se fait taper le Canadien et les vagues passent par-dessus le bateau. Pas question d'ouvrir quelque fenêtre que ce soit et même fermées, l'eau réussi à s'infiltrer sournoisement par les hublots par la force des vagues.
On comprend mieux pourquoi si peu de gens affrontent cette partie de la mer, surtout sans savoir si nous pourrons nous arrêter à destination où s'il faudra poursuivre notre route à cause de vents trop violents dans l'ancrage. En tout cas, chose certaine, il n'y a pas âme qui vive par ici et les dangers de collision avec un autre navire sont pour ainsi dire, quasi inexistants.
Pour une raison que j'ignore, René et moi ne pensons qu'à dormir depuis notre départ des Galapagos. On dirait qu'on a les batteries à plat mais on remonte la pente tranquillement pas vite. Nous sommes chanceux de ne pas être incommodés du mal de mer, c'est vraiment surprenant que personne n'en soit affecté. Les enfants arrivent quand même à faire leur école tous les matins sans se plaindre et nous en sommes très heureux.
Nos amis de Lucey Blue qui font route vers les Marquises ne l'ont pas facile et voudraient bien avoir notre vent. Les pauvres on pratiquement épuisé toutes leurs réserves de diésel et attendent toujours le vent. A ce rythme, ils doivent encore compter une vingtaine de jours pour arriver à destination, le problème c'est que Buc a un avion à prendre dans 19 jours. histoire à suivre.
Nos amis d'Alexandre IV, de leur côté, font route vers les Gambiers. Le problème c'est que Josée, malgré ses antibiotiques, semblent être de nouveau atteinte d'un épisode de gastro dont elle ne se relève que très lentement et difficilement. Après trois jours de navigation, elle évalue sa condition à 4 sur 10 (tout au plus) la pauvre. Pour en rajouter, l'autre matin Jacques nous a annoncé que leur pilote automatique faisait des siennes. La barbe!! Naviguer en solitaire sans pilote automatique. on ne souhaiterait pas ça à son pire ennemi. Heureusement, il a ressuscité son pilote qui semble coopérer depuis.
Sur Cat Mousses, nous avons également eu à gérer certains petits ennuis mais rien d'insurmontable à date. L'autre nuit, je me suis rendue compte que de l'eau semblait s'infiltrer par la trappe d'urgence dans le plancher du carré. Ho ho! Pas encore! En ouvrant la trappe, l'eau a tôt fait de m'éclabousser tout le visage. pas bon signe. je réveille le capitaine. C'est qu'une des poignées a cédé.
Bon, la bonne nouvelle c'est que nous avons des poignées de rechange mais on ne fera pas la réparation en pleine nuit par une pareille mer, ça devra attendre à demain, le capt attache donc la poignée cassée à l'aide d'une sangle pour éviter que ça ne force et que la deuxième poignée ne cède. Le lendemain on met les voiles à contre et grâce à cette mise à la cap, on immobilise le bateau (et les vagues en partie) afin d'effectuer la réparation dans des conditions plus clémentes. Nous arrivons à ouvrir la trappe sans que les vagues n'emplissent le bateau d'eau et en deux temps trois mouvements, la réparation est complétée, ouf une facile!
A part ça notre pompe à eau du moteur babord fait encore des siennes. Elle ne pompe pas son eau pour une raison que nous ignorons encore. La capt pensait l'avoir réparée cet PM mais ce soir il a dû partir le moteur pour reprendre notre cap alors que le pilote automatique avait lâché et malheur, le moteur ne crachait toujours pas son eau. Il faudra retravailler sur ce problème.
Il y a la pompe à eau salée de la cuisine qui fait des siennes aussi. Il doit y avoir une fuite d'air ou quelque chose du genre car elle ne tire son eau qu'au compte goutte. Une des causes que nous envisageons serait l'incrustation de coquillages ou parasites du genre dans les tuyaux du passe coque et si c'est le cas, on n'a pas l'intention de plonger dans ces conditions de mer. Pourtant nous pensions les avoir vérifier lors de notre nettoyage de la coque.
Oups. j'entends un bruit. encore un poisson volant. Ces temps-ci nous en trouvons toujours une collection sur le pont au petit matin. Je suis mieux d'y voir de près car celui-ci s'agite dangereusement dans le 'cockpit' à quelques centimètres de la porte et menace d'entrer dans le carré. mais bon. de par la danse du 'bacon' qu'il vient de me faire, je pense qu'il vient de rendre son dernier respire.
Parlant de pêche, nous avons attrapé un nouveau spécimen en fin de PM aujourd'hui. Il s'agissait d'une bonite de 16 livres. Plus spécifiquement, ce poisson est appelé bonite à ventre rayé, listao ou thon skipjack. Nous avons célébré cette prise par un bon souper sushi comme on en rêvait depuis fort longtemps. Selon le livre, ce poisson est reconnu pour son abdomen souvent parasité. Le livre disait vrai, on pouvait voir de façon distincte les parasites. Nous nous sommes donc limités à la partie du dos pour les sushis.
Nous avons rejeté toute la partie de l'abdomen et verrons à bien cuire le poisson avant de le consommer demain. A part ça nous avons aussi pêché deux belles dorades coryphènes depuis notre départ. Ca faisait du bien car nous commencions à douter de nos talents de pêcheurs. Ainsi, le voeu de Nicolas s'est exaucé et il a réussi à pêcher un poisson le jour de sa fête. Le dernier remontait à 28 jours passés, on commençait à perdre la main.
Ce soir, alors que je bordais les enfants pour la nuit, René réduisait le génois pour nous ralentir quand un bruit sec se fit entendre. la corde de l'enrouleur du génois a cédé. Oups, pas une bonne chose non plus! Heureusement, nous avons trouvé une ligne de rechange dans le coffre à cordages et nous avons réussi à enlever la corde cassée et en enfiler une nouvelle, en équilibre sur les trampolines dont deux des ancrages ont cédé à date.
Il fallait bien sûr nos vestes de sauvetage et nos harnais de sécurité pour s'attacher au bateau et ne pas se faire éjecter par le trampoline sous l'effet d'une vague. L'opération fut réussie, non sans être un peu trempés.
Oups.encore une vague de fou qui vient d'inonder le cockpit. Je ferais mieux d'aller y jeter un oeil.
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