Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mercredi 15 avril 2009

CAT MOUSSES - René et la famille- Rapport des GALAPAGOS

Message rédigé le 9 avril qui m'est parvenu ce matin :

Pas toujours des vacances!
09 avril 09
Les Galapagos (Équateur)

Pendant que je suis à la plage de Tortuga avec les enfants et Lucey Blue, René n'a d'autre choix que de rester en arrière pour effectuer certains travaux. Il lui faut démonter la pompe à eau de mer du moteur tribord qui fait encore des siennes malgré la réparation faite à Panama.

En démontant le tout, il se rend rapidement compte que les 2 roulements à billes principaux de l'arbre de la pompe sont brisés. Rien à faire selon lui, alors il décide de s'en remettre à installer la pompe de rechange qu'un Allemand lui avait donné à Panama. Ceci étant dit, après l'installation de la pompe, rien ne va plus, ça ne marche pas. Il décide de se tourner vers son ami Jacques, très connaissant en la matière, qu'il appelle à l'aide sur la VHF. Deux minutes plus tard, l'annexe est à l'eau et Jacques est à bord du CAT MOUSSES pour prêter main forte.

Jacques se creuse les méninges et trouve rapidement le problème. Le support de la pompe a été réinstallé par notre ami allemand à l'envers et la poulie n'est pas installée de la façon que la pompe nous avait été donnée, la sortie est à l'entrée et vice-versa. Grâce à la technique d'analyse des problèmes Kepner-Trego de Jacques, ils trouvent le problème. Ils montent, démontent et remontent la pompe je ne sais plus combien de fois mais finalement, le tour est joué. Pour ne pas prendre de chance, Jacques offre à René de l'aider pour essayer de réparer l'ancienne pompe car on ne se sait jamais quand l'autre fera défaut.

Un matin, Jacques et René partent à l'aventure avec l'arbre principal de la pompe et les anciens roulements à billes. Chemin faisant dans le water-taxi, ils rencontrent un mécanicien local qui leur indique où ils pourront trouver ce qu'ils cherchent. Croyez-le ou non, 30 minutes plus tard, un atelier de mécanique leur a fourni les 2 roulements à billes nécessaires (6001 et 6201) et un technicien leur installe le tout pour la modique somme de $3 US. Toute une aubaine. René se sent très généreux, il lui donne $4!! Nous avons maintenant une pompe d'eau de mer de rechange, grâce à notre ami Jacques d'Alexandre IV! Toujours le coeur sur la main ce cher Jacques.

Durant cette même sortie, Jacques et René en profitent pour faire le plein d'eau douce. La procédure est assez simple, il faut se présenter avec un taxi chez le dépositaire Agua Galapagos qui possède un désalinateur d'eau et, acheter au coût de $2 US le 20 litres, des bouteilles. René prend 10 bouteilles et Jacques fait de même. Allez hop dans la boîte du taxi en direction du port principal.

Une fois arrivés, ils doivent transférer les 20 bouteilles de 20 litres dans un water-taxi, se rendre au bateau, les transférer sur leur bateau respectif avec une houle très présente, je vous le confirme, c'est du sport. Après les avoir mis sur le bateau, il faut maintenant les vider dans les réservoirs du bateau.

Jacques nous appelle sur la VHF pour nous dire qu'il a une technique révolutionnaire pour accélérer le transfert de l'eau. Au lieu de notre entonnoir, on coupe le fond d'une bouteille d'eau de 5 litres et en les versant on fait tourner le réservoir de 20 litres dans le sens des aiguilles d'une montre, en environ 7 secondes, les 20 litres sont vidés c'est merveilleux. Mais attention, il faut que ce soit dans le sens des aiguilles d'une montre de ce côté-ci de l'hémisphère car dans l'autre sens, c'est beaucoup plus long. René aurait bien aimé avoir cette technique lors de son premier voyage de 10 bouteilles. Ho well! En tout, René aura finalement transporté 23 bouteilles de 20 litres pour bien remplir nos réservoirs pour notre grande traversée. Merci encore Jacques, René s'est encore couché moins niaiseux ce soir-là!

Puisque notre traversée Panama - Galapagos s'est déroulée avec très peu de vent, nous avons dû nous assister à moteur souvent,ce qui veut dire qu'en arrivant au Galapagos, nous devions refaire le plein de diésel. Nos réservoirs contiennent un total de 750 litres de diésel et nous en avons consommé plus de 350 litres durant cette dernière traversée. Nous devons partir les réservoirs pleins puisque nous ne trouverons pas beaucoup d'endroits dans les prochains mois pour faire le plein. Rien de plus simple, vous direz, que de faire le plein de diésel hein! Et bien pas si simple que ça aux Galapagos.

Tout d'abord, on doit obtenir un permis du capitaine du port pour pouvoir acheter du diésel, mais pour nous au prix international, c'est-à-dire $2.11/gallon au lieu de $1.02/ gallon pour les résidents de l'île. Après l'obtention du permis, on se dirige avec nos réservoirs de 5 gallons à la station d'essence. René part avec Jacques avec un total de 24 bidons de 5 gallons pour faire le plein. Avant de commencer, René doit visiter les bureaux de l'administration de la station d'essence pour déterminer le prix qu'il devra payer.

Après 15 minutes de vérification, la préposée lui dit qu'il devra payer $2.11 le gallon, wow une cent de plus cher qu'à Panama. Pas de problème, avons-nous vraiment le choix, on doit faire le plein. Tout en faisant le plein, nous vérifions l'exactitude de la pompe et nous sommes certains de se faire bourrer d'environ 0,5 gallons pour chaque bidon de 5 gallons. Quand on calcule les 4 bateaux que nous avons fait (Cat Mousses, Alexandre IV, Lucey Blue et Wasabi), on a comme le feeling d'avoir payé 38 gallons en trop, évidemment le tout aura généré bien des discussions au bar par après. Après les bidons remplis, nous recommençons le même chemin qu'avec les bidons d'eau vers le bateau, mais cette fois avec le diesel. A la fin, on aura fait 4 voyages pour les 4 bateaux et aurons rempli un total de 76 bidons de 5 gallons. De quoi garder occupés les 4 capitaines pour une bonne journée!!

Une autre des tâches qui nous attendait était le nettoyage de la coque. En effet, le bateau commençait à avoir une sérieuse barbe d'algues vertes gluantes où les mini crabes avaient élu leur domicile.

Le matin du départ, René part pour une visite au café internet avec Jacques en ville et me délègue la tâche de nettoyer la coque. Pas une mince affaire je vous le jure. Au moins, nous sommes super chanceux d'avoir eu la brillante idée de nous équiper d'un compresseur avant de partir. Avec ça on peut respirer sous l'eau et travailler à notre guise. C'est qu'il y a de la vague et de la houle dans la baie de Santa Cruz où nous sommes.

Même lorsque je travaille à la surface de l'eau je suis inondée de vagues en plein visage sans arrêt. Merci à mon masque et respirateur, sans quoi je serais noyée depuis belle lurette. Ainsi je débute mes travaux, il y a des gros poissons étranges qui observent mon manège, je détermine vite qu'il s'agit de mangeurs d'algues qui attendent je leur prépare à dîner. Ils ne me dérangent pas et n'essayent pas de me mordiller alors on fait bon ménage. Je gratte pendant trois bonnes heures avec une petite spatule à moitié grugée et une brosse toute échevelée.

J'ai l'impression de raser le bateau avec ma petite spatule de plastic. Au bout de trois heures, René est de retour et c'est le moment de partir. Je n'ai qu'un quart du bateau de fait. Je suis exténuée, tellement que je ne veux plus partir. Je me suis tellement battue contre les vagues que mes batteries sont complètement à plat, je n'ai plus de jus. Il me convainc quand même car si on est chanceux, on pourra s'arrêter à Santa Maria (Floreana) et j'aurai une dernière nuit de sommeil avant de partir.

Le lendemain matin, avant de quitter Santa Maria, nous décidons de continuer le travail de grattage avant de reprendre la mer. Les mêmes poissons m'accompagnent mais cette fois beaucoup plus gros. Je frotte, je gratte; les coquillages incrustés dans le bateau que je tente de déloger de sur la coque du bateau me lacèrent les doigts. Il y a moins de vagues c'est au moins cela mais le travail n'est pas moins dur. Je surveille du coin de l'oil de temps à autres pour voir si d'autres amis ne se présentent pas la face. Puis René vient m'aider et commence l'autre côté de la coque.

Tout-à-coup j'entends un cri, requins, requins! Et oui ils sont là, ce sont des requins Galapagos, une espèce endémique qu'on ne trouve qu'aux Galapagos. Si je me rappelle bien, ils sont herbivores et mangent des algues tout comme les requins 'White Tips' alors je me mets à l'observer. Impressionnant. Il est à 2-3 pieds de moi tout au plus et me regarde. Il tourne autour de moi. Il est superbe, un vrai requin, depuis le temps que je voulais en voir un de près. Il est bien beau mais il a l'air de me trouver pas mal belle aussi. Il rôde autour de moi. il parait que ce n'est pas normal qu'il tourne (spécifiquement) autour de toi. Puis on me crie de revenir sur le bateau. Je veux bien mais je suis attachée au bateau grâce au super système de cordes de Thomas qui me garde en place près du 'spot' que je gratte sur le bateau.

Je vois Thomas farfouiller avec les cordes pour essayer de me détacher et je suis finalement décrochée. Je nage jusqu'à la jupe arrière du bateau. René m'explique qu'il y a trois requins et que dans son cas, il a senti quelque chose lui mordiller une orteille.. Et ça adonne que la seule chose qu'il y avait autour lorsqu'il s'est retourné, était un requin. Hmm! N'était-ce pas ce genre de requins qui ont attaqué des 'surfers' il y a une semaine de cela? Autant ne pas prendre de chances.

On attend qu'ils partent, puis on met les enfants sur la 'watch' (vigie) à partir du pont et on retourne à l'eau. Au bout d'une quinzaine de minutes les requins sont de retour et recommencent à rôder autour de nous. C'est assez, nous n'insistons pas, on fera le reste à partir de l'annexe. Ce sera moins bien fait mais plus sécuritaire. On se raconte sûrement des peurs, les locaux nous dirons probablement que ces requins sont inoffensifs mais avec mes règles et nos doigts plein de coupures, on aime autant rester prudent.

Selon les locaux les requins Galapagos sont inoffensifs mais nous avons su aujourd'hui qu'ils sont inoffensifs .. à moins de flairer du sang. Oups! Après tout ce ne sont pas des bôbards. Il y a bel et bien eu des attaques récemment et un gars a perdu deux doigts en tentant d'écarter un requin qui lui labourait le mollet. En tout et partout, nous aurons vu trois sortes de requins dans les Galapagos. Les requins marteau, les requins Galapagos et les requins 'White Tips'.

Parlant de requin. Au cours de notre deuxième journée de navigation vers l'île de Pâques, alors que nous nous croyons seuls au monde, nous recevons la visite impromptue d'une petite barque avec trois pêcheurs à son bord alors qu'on s'apprête à dîner. Ils nous arrivent de nulle part. Sur le coup, nous sommes un peu déséquilibrés. Ca fait un peu peur. Catherine a bien raison de nous dire qu'elle a peur. On a beau lui dire en riant :
' Ben non ne t'inquiète pas!'. on a quand même un petit pincement en dedans. Et si c'était .. Mais non, finalement ce ne sont que trois pêcheurs qui ne cachent rien d'autres qu'une vingtaine de requins blancs empilés au fond de leur barque. Ils ont pêché toute la nuit à l'aide de filets. Un bateau les rejoindra d'ici quelques heures pour venir chercher leur cargaison mais ensuite ils auront à parcourir 5 jours de navigation entre ici et leur lieu de départ en Équateur.

Nous leur offrons une bière qu'ils acceptent volontiers mais ils nous demandent des cigarettes. Nous leur passons un sac contenant, bières, cigarettes et allumettes. Ils repartent heureux et nous laissent encore sous le choc. On ne s'attendait pas à ça. Apparemment qu'en Équateur la chasse aux requins est toujours permise. C'est pour exportation nous disent-ils. En tout cas, je pouvais déjà sentir des drôles d'odeurs à partir du catamaran. Vous imaginez ces bêtes empilées au fond d'une barque pleine de sang, sous le soleil plombant, sans aucun moyen de réfrigération, et ce depuis 17h00 hier soir. Ca commençait à dégager.

Somme toute, on a été soulagés de voir ces requins au fond de la barque car j'avais justement hâte de savoir ce que contenait la barque. On peut parfois rencontrer des pirates de la mer qui prétendent être deux ou trois jusqu'à ce que les autres émergent de sous une couverte. Ha les histoires de peur! Reste qu'il faut rester vigilent.

Finalement, d'après un communiqué envoyé par mon beau-frère Luc, il semble que nous ayons quitté Les Galapagos juste à temps. En effet, le volcan La Cumbre a commencé à expulser de la lave, des gaz soufrés et de la fumée dans l'île inhabitée de San Fernandina samedi, après quatre années de sommeil. L'éruption ne met pas en danger les habitants de l'île voisine d'Isabela mais la lave qui se déverse dans la mer pourrait affecter la vie marine, les iguanes, les loups et d'autres éléments de la faune terrestre. Fernandina est l'île de l'archipel la plus souvent touchée par des éruptions, la dernière éruption datait de 2005. Jacques et Josée d'Alexandre IV vont tenter de voir la coulée de lave en passant de nuit non loin de là lorsqu'ils reprendront la mer, histoire à suivre.

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