Enfin les Gambier!
18 mai 09
Les Gambier
Et bien on a réussi, le18 mai dernier, en milieu de PM, nous atteignons enfin les Gambier. Nous sommes fort heureux, nous en avions un peu notre voyage de nous faire taper la caisse.
Depuis le matin, nous sommes tout près mais malgré tout, le vent souffle dans la direction contraire où nous voulons aller, nous obligeant à tirer des bords des heures durant, en attendant une accalmie. Puis nous frappons un gros grain, tout le monde sur le pont!!! Douche forcée et réapprovisionnement majeur en eau de pluie pour la vaisselle et le nettoyage.
Nous réussissons à atteindre les Gambier quelques heures plus tard et tout propre en prime. Nous sommes heureux de revoir Jacques et Josée d'Alexandre IV et nous rencontrons des Français, François et Francine de 'Capt ponch', ainsi qu'un autre capitaine canadien de Vancouver dont j'oublie le nom. Ils viennent prendre un petit cocktail sur Cat Mousses. Le mouillage est paradisiaque. Le dernier endroit aussi tranquille où nous sommes allés remonte aux San Blas, donc cet oasis de paix est bienvenue et franchement bien mérité.
Situées à 1600 km au sud-est de Tahiti et à 300 km à l'ouest de l'île de Pâques, les îles Gambier forment un ensemble géographique et territorial bien distinct. D'origine volcanique, il est composé d'un lagon principal d'une circonférence d'environ 90 km, comportant cinq îles hautes et quelques 18 îlôts et motus, et d'un atoll (Temoe) à environ 45 km vers l'est.
L'île principale de Mangareva où nous nous trouvons et son village de Rikitea abritent aujourd'hui plus de 80% de la population des Gambier, estimée à un millier d'habitants. Annexés à la France en même temps que Tahiti en 1880, les Gambier font aujourd'hui partie de la Polynésie française où nous comptons bien nous prélasser pendant les trois prochains mois si nous obtenons les visas nécessaires. Après les Gambier ce sera les Marquises, Tuamotu et les îles de la Société comme Tahiti, Bora Bora, Moorea et autre. Assez spectaculaire comme endroit, nous allons en profiter.
L'archipel des Gambier étant situé juste en dessous du Tropique du Capricorne, le climat y est tropical mais l'alizé océanique fait que la chaleur n'y est jamais accablante et spécialement maintenant puisque nous sommes juste aux portes de l'hiver austral.
Entre 1834 et 1871, sous l'impulsion des Pères Laval et Caret, les Gambier devinrent une plaque tournante et un bastion du Catholicisme en Océanie. Les plus remarquables de leurs actions furent l'organisation d'une véritable 'théocratie' aux Gambier, et la construction de nombreuses églises, monuments religieux et bâtiments divers, en pierres de taille volcaniques ou coralliennes, notamment la Cathédrale Saint-Michel de Rikitea (1841) le plus grand et le plus ancien monument historique de Polynésie.
Bien que cette Cathédrale soit présentement sur le point d'entreprendre des travaux de rénovations majeurs, un monsieur, Frank Sauvage (le concierge de la Cathédrale âgé de 82 ans), a gentiment accepté de nous la faire visiter. A l'intérieur, l'autel tout de nacre est fort impressionnant.
Depuis toujours les Polynésiens ont utilisé la nacre comme matériau pour fabriquer des bijoux, orner leurs costumes cérémonials et façonner leurs outils : leurres de pêches, hameçons, râpes, grattoirs, cuillères et autres. Dès le début du XIXème siècle, la richesse du lagon des Gambier en huîtres nacrières attira de nombreux commerçants.
Cette flambée du commerce de la nacre et des perles a fait la richesse de quelques commerçants installés à Mangareva mais la popularité de la perle a depuis décru a un tel point que la commune des Gambier a dû diversifier ses richesses et faire en sorte que son revenu repose désormais sur trois piliers, soit non seulement la perliculture mais aussi l'agriculture et le tourisme.
Nous avons eu la chance de visiter une école où les jeunes apprennent à travailler le nacre, Josée a d'ailleurs acheté une belle pièce de nacre. Il fallait voir les yeux de la jeune Polynésienne lorsque Jacques et Josée lui ont demandé de graver sa signature sur son ouvre d'art. Si tout va bien, nous devrions réussir à visiter une ferme perlière, lundi le 25 mai.
La perle de culture est obtenue en greffant sur l'huître perlière un morceau de chair prélevé sur une huître fraîche, de pair avec un minuscule nucléus de nacre. Si la greffe est acceptée, une perle couleur gris vert, teintée de jaune ou de rose est produite en un peu moins de deux années d'immersion dans les eaux du lagon. Un ancien légionnaire français rencontré sur l'île doit nous organiser une visite via un ami.
Dans notre cas, c'est à la récole que nous devrions assister. Reste à voir si ça fonctionnera car depuis deux jours nous avons bougé deux fois de mouillage, à la recherche de la précieuse langouste de l'endroit. Espérons que notre contact ne pensera pas que nous avons quitté l'atoll définitivement. C'est que nous n'avons pas pu lui parler avant de partir en cavale. Plus à suivre.. (Deux jours plus tard . Finalement nous n'avons pas pu visiter.
Les locaux nous avaient prévenus, les propriétaires de fermes perlières sont très réticents à y amener des touristes. Ho well!)
Lors de notre séjour sur l'île, nous avons aussi escaladé la montagne de Mokoto. Nous avons mis deux heures à atteindre le sommet mais les sentiers dans la forêt étaient magiques et rendus en haut nous avions une vue superbe sur l'atoll. On distinguait très bien la ceinture blanche que dessine le corail au loin et on voyait la multitude de fermes perlières.
Nos hommes ainsi que Billy the Fisher ont également eu la chance inouïe d'aller pêcher toute une journée durant avec Roland, un pêcheur local de l'endroit qui se cherche régulièrement des compagnons de pêche car il ne sort jamais seul. On comprend pourquoi quand on voit les bétails qu'il pêche. Ils sont revenus le sourire aux lèvres avec six bonites et un énorme thazard. Pas d'espadon malheureusement! Roland nous a fait cadeau de deux bonites (une pour nous et une pour Alexandre IV) que nous avons cuisiné au cari et lait de coco.
Nous avons eu la chance aussi de refaire le plein de diésel, à un prix d'ami (évidemment) via la goélette qui est arrivée il y a de cela deux jours. Nous sommes allés nous accoster sur sa bavette arrière et avons fait le plein avant qu'elle ne reparte quelques heures plus tard. Cette goélette apportait également quelques vivres, nous avons donc pu nous réapprovisionner en légumes frais grâce à une petite avance de fonds de Jacques. Pour ce qui est des fruits, les gens d'ici sont d'une telle gentillesse qu'ils nous offrent gratuitement de délicieux pamplemousses gros comme des ballons, régimes de bananes, papayes et autres, directement de leur cour.
Notre séjour ici devrait s'achever d'ici quelques jours, il y aura toujours des travaux et réparations à faire mais si on attend d'avoir terminé, nous ne partirons pas de sitôt et de toute façon, les pièces de rechange ne courent pas les rues ici. Ce soir Thomas et son papa viennent de partir à la chasse à la langouste.
Ils sont partis vers 21h45 pour pêcher de nuit à la marée basse, voyons ce qu'ils rapporteront. A part ça la vie est belle! Ces temps-ci, soit que je suis nostalgique ou soit que je suis trop reposée, je n'arrête pas de rêver.
Je rêve souvent à mon ancienne vie militaire, l'autre nuit j'ai même changé d'uniforme pour passer de l'armée de terre à l'airforce. C'est mon SMI qui aurait été fier, comme de raison mon fidèle SMI fait partie intégrante de ces rêves ainsi que plusieurs autres confrères de travail.
Les hommes sont de retour de la pêche, il est 01h30 AM. Thomas a sauvé la face des hommes car sans lui ils seraient revenus bredouilles. Ils l'ont laissé seul quelques instants pour aller explorer les récifs un peu plus loin et soudain Thomas s'est mis à crier : J'en ai une, j'en ai une! Il a vu cette langouste, la seule qu'il ait vue d'ailleurs et aussitôt il l'a harponnée. Nous avons aussi fait un peu d'apnée en PM et je dois dire que les coraux sont vraiment magnifiques. Il y a toute une panoplie de beaux poissons exotiques de toutes les couleurs. Il y a longtemps que nous n'avions pas fait d'aussi belle plongée.
26 mai 09
Nous avons finalement quitté les Gambier cet PM vers 13h00 pour mettre le cap directement sur les Marquises. Nous ferons les Tuamotus plus tard, c'est ce que nous dictent les vents. Après notre départ, on s'est fait brasser pendant 5ou 6 bonnes heures le temps de sortir du lagon. Eurk. Nous avons tous un peu le cour au bord des lèvres. Ca nous apprendra à nous arrêter aussi longtemps.
Le calme plat pendant une semaine, le corps oublie vite le mouvement de la mer. La cuisinière n'avait pas le goût, mais pas du tout, de préparer le souper. Mais je réussis tout de même à concocter un couscous tomaté aux saucisses de mon propre cru. Malgré notre maigre appétit, nous en avons tous repris deux fois, c'était trop bon.
A part ça tout allait bien sauf que. 6 heures après notre départ, les 600 précieux litres d'eau qui devaient nous tenir jusqu'à Tahiti ont disparu. En effet, en ouvrant les robinets, pas une goutte ne sort. Serait-ce la pompe qui fait des siennes? Non car même avec la pompe manuelle on n'obtient plus la moindre goutte! C'est mauvais signe.
Le capt brave les vagues et la noirceur et va inspecter les réservoirs dans les compartiments à l'avant du bateau. Ce qu'il craignait depuis toujours est arrivé, une 'hose' a cédé et ce n'est pas un mais les deux réservoirs qui se sont vidés à notre insu. Plus une goutte d'eau! Que faire? On entreprend une traversée de 8 à 10 jours sans eau et d'après ce qu'on en a lu, nous ne savons même pas si nous arriverons à trouver de l'eau aux Marquises.
On vire de bord et on retourne aux Gambier?? Non, on ne recule pas, on continue! En tout cas si on faisait attention à l'eau comme à la prunelle de nos yeux avant, là je ne veux même pas voir ce que ce sera. Le désalinateur d'eau ne fonctionnant pas bien, il ne produit qu'un maigre litre d'eau à l'heure.
A ce rythme, on brûle plus de diésel à faire fonctionner la génératrice produisant le pouvoir du 'water maker' qu'on produit d'eau. Pas très pratique! Anyways, on a quelques bouteilles d'eau achetées de 1.5 litres et encore un peu d'eau dans nos deux bidons pour se laver et faire la vaisselle. Pour le reste on verra. Espérons qu'il pleuve de temps à autres.
Le pire dans tout ça ce n'est pas l'eau. C'est que le réservoir d'eau de tribord, sous la force des 600 litres qui s'étaient déversés dans la cale et avec les contre-coups des vagues est sorti de ses gonds. Le capt se voit déjà tout sortir de ce compartiment, relaminer le plancher et le boîtier du réservoir avec du fibre de verre que nous devrons faire (nous n'avons rien de tous ces matériaux à bord), puis faire de l'époxy et tout le tralala. Quelle joie! Le capt a eu peu la binette à terre. Et les pompes à eau des moteurs qui ne coopèrent pas. Ca ne finit jamais. Réparer quand on n'a pas les pièces c'est tout un défi. Il doit faire preuve d'ingéniosité mais vient un moment où il est à bout de ressources. Mais demain le soleil se lèvera et tout ira mieux.
En attendant, je viens de finir d'étaler. partout, partout, partout dans le carré, tout, tout, tout ce que contenait notre énorme coffre à pêche que nous avons retrouvé, flottant dans nos 600 litres d'eau, la tête à l'envers. Beau dégât! Espérons que ça sèche vite.
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