A la cap au milieu de l'Océan Pacifique
10 mai 09
A la dérive au milieu de l'Océan Pacifique
08 mai 09
Bon, il ne serait pas juste de laisser nos lecteurs languir d'inquiétude alors voici des nouvelles fraîches. La première tempête a frappé tel que prévu en fin de soirée et a atteint son point culminant tôt le lendemain matin.
Les vents oscillaient entre 40-45 nouds avec des pointes à 47 nouds. Une tempête qui s'étendait apparemment sur 700 miles. On avançait assez tranquillement et très difficilement dans des vagues de plus de 20-25 pieds (en s'éloignant de notre objectif pour mieux passer à travers la tempête). Les enfants sont venus barrer avec moi à chacun leur tour pour venir s'imprégner de la tempête et s'éventer un peu car ça devient chaud à la longue dans le carré à l'intérieur.
C'est beau à voir, c'est majestueux de voir ces vagues monstres, les embruns, le vent qui hurle! C'est impressionnant. Et c'est évidemment beaucoup moins épeurant de jour que de nuit. Ce qui est le plus ironique dans tout ça c'est que le ciel est bleu et il fait beau soleil et pourtant, le vent rugit.
Dans le but de ménager la pression sur le gréement, trampolines, voiles nous avons décidé, un peu plus tard en journée de tout affaler les voiles et de nous mettre à la cap technique. Nous nous laissons aller au gré des vagues et CAT MOUSSES tient merveilleusement la direction.
Nous aurons bien sûr à refaire la route perdue mais c'est tellement plus confortable ainsi. On va attendre que ça passe et on traversera le pont de la prochaine dépression quand on y arrivera (dans 2 jours avec des vents cette fois de plus de 50 noeuds sur les gribs). Comme le vieux dicton le dit si bien: Une dépression à la fois!!! Pour les non-initiés, la cap technique c'est de se laisser dériver sur la mer sans moteur ni voile avec la barre à roue tournée vers le vent. Le fardage du bateau tire le bateau vers le sud mais le gouvernail vers le nord dans notre cas spécifique ce qui veut dire que le bateau se laisse dériver sur cette mer quelque peu déchainée.
En soirée, une fois la tempête calmée, nous reprenons notre route. René est pas mal vané alors je prends le fort vers 22h00 et j'assure la veille pour une bonne partie de la nuit. J'en profite pour sortir mes livres de recette Mince à Vie et je nous prépare une salade de chou, une salade de patates et deux pains aux bananes. Ce faisant je surveille les vents qui tournent et aussitôt que le vent nous le permet, je mets le cap franc ouest, j'allume un moteur, je déroule le génois et je pousse le plus vite que je peux vers l'ouest. Pour une fois que le vent nous permet d'aller dans la bonne direction, je pousse la machine! Sauf que rendu à 04h00 AM, le vent grimpe à 24-25 nouds alors je réveille le capitaine.
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09 mai 09
Il n'y a pas 1h30 que je dors sur un coussin dans le carré que René me tire de mes rêveries vers 05h30 AM. La tempête reprend de plus belle, il faut enrouler le génois et prendre trois ris dans la grand voile. On a presque pas bougé depuis hier. Nous avons réussi à faire environ 40 MN vers l'ouest mais les vents sont de retour du nord-ouest où nous désirons nous rendre. La force des vents est entre 23 et 28 noeuds avec des vagues de 15 à 20 pieds. Le ciel est très couvert, puis c'est la parade des averses et orages qui commencent.
A un certain moment alors je m'affaire à barrer pour reprendre le cap que le pilote automatique vient de perdre, j'ai la chance inouïe d'assister à un rare spectacle. A 2 longueurs de bateau en avant de CAT MOUSSES est passé un waterspout (entonnoir d'eau semblable à une mini-tornade aspirant l'eau vers le ciel formant une colonne visible jusque dans les nuages).
Très impressionnant! Dieu merci nous avons seulement été spectateurs dans tout ceci. Il devait certainement y avoir un ange-gardien qui veillait sur nous sinon la liste des bris aurait été légèrement plus longue!!!
En PM, notre patience s'effrite, nous n'en pouvons plus de nous faire taper dans les vagues. Sur notre rapport de position du 5 mai en fin d'après-midi, il nous restait 460 Mn à faire avant d'arriver à Pitcairn. En date d'aujourd'hui, il nous reste encore 358 Mn à faire!!!!! Faire 102 Mn en 4 jours, c'est du jamais vu pour nous!!! Nous avons dû faire tout près de 500 Mn à virailler afin de fuir le gros temps mais sans succès. Quand on regarde notre trajectoire sur le GPS, on croirait voir une toile d'araignée. Au bout du compte on ne fait que s'éloigner de notre destination finale et on finit quand même par essuyer tous les systèmes qui passent. Rien ne sert de fuir, on ne peut pas deviner la trajectoire exacte des systèmes qui ne cessent de nous jouer des tours. Le capitaine nous dit : 'Je dois avouer qu'en tant que capitaine, cette étape de notre voyage m'a beaucoup appris!!'
Ainsi, après de longues discussions en famille, nous décidons de nous mettre à la cap technique à nouveau en attendant que les conditions s'améliorent. Nous dérivons à 1.5 nouds direction générale du 135 degrés. CAT MOUSSES n'aime pas le près et depuis hier, nous avons cassé 5 ancrages de trampolines. Le pare-soleil sur notre génois commence à tomber en lambeaux, notre réflecteur radar a perdu deux de ses pales, bref nous sommes en sécurité mais notre tank cumule les bris et ça fait mal au coeur. Ainsi, afin de limiter les bris et de cesser de tirer des bords pour rien ont décide d'attendre que le mauvais temps passe.
Selon les gribs, nous devrions pouvoir recommencer notre route dimanche ou lundi. Pour en rajouter, notre connexion radio fait des siennes. C'est que René avait débranché l'antenne radio lors du dernier orage électrique et il a perdu une vis à cause d'une vague qui a tapé plus fort que les autres. Résultat, la radio éprouve des difficultés à 'Tuner' et on ne peut que difficilement recevoir et envoyer des courriels et on ne nous entend pratiquement plus lors des communications radios au grand désespoir du capitaine.
En principe nous devions arriver à Pitcairn le 9 mai, après 10 jours de navigation mais au moment où on se parle on ne sait même plus si on s'y rendra. Chose certaine, ça ne sera pas avant le 15 mai. Malgré tout le moral est bon et les enfants ont éclaté de rire lorsque nous leur avons parlé de ce petit délai!!
Quel soulagement que de se mettre à la cap. Tout va bien à bord du CAT MOUSSES et ce soir, nous avons bien l'intention de se payer une longue nuit de sommeil laissant le Radar en charge de la veille. Quel bonheur!
10 mai
La maman du Cat Mousses a été bien gâtée ce matin. En plus de tous vos courriels de Bonne Fête, j'ai eu droit à un bon déjeûner de crêpes aux bananes Mince à Vie que j'ai préparées avec ma Catherine. Nous avons remis les voiles en fin de matinée car les vents sont présentement favorables mais ça ne durera pas. Sur les dernières communications radio ce matin, on nous sommait de changer de cap et de fuir à nouveau car un nouveau front frappera ce soir vers 19h00. Pas question de fuir, basé sur notre expérience des derniers jours, on utilisera notre bonne vieille technique de mise à la cap. Il y a deux ou trois dépressions encore en vue.
Sur ce, je vous laisse en souhaitant de la part de tout l'équipage du Cat Mousses une Bonne Fête des Mères à nos plus fidèles lectrices! De mon côté je vais continuer à me la couler douce. Je suis dispensée de mes tâches aujourd'hui, congé de vaisselle et pas de repas à préparer. Wow! J'en profite et je me rattrape sur mes courriels et récits.
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