Position à 23 heures Temps universel
Soit 17 heures locale (zulu)
Position : 3:43.84 S 92:46.73W
Conditions : secoués (un peu tout croches!) mais supportable Vent : SE 13 à 18 noeuds Mer : 9 à 14 pieds au 15 secondes Temps :ensoleillé quelques cumulus
Navigation :
Nombre de milles en 24 heures : 150 milles (moyenne de 6,25 noeuds) Nombre de milles parcourus :190 milles Nombre de milles restant :2860 milles Cap suivi: 238° Allure : travers Vitesses : 7 à 8 noeuds Temps estimé d'arrivée : 19 jours
Bonjour,
Un premier jour de navigation ne serait pas parfait sans la visite de nos amis les dauphins. Nous avons eu droit à deux numéros de cirque à distance. Des bonds de 5 à 6 mètres de hauteur par deux troupes d'artistes différentes. L'une le matin, l'autre l'après-midi. Cela agrémente le paysage, qui ne varie pas vraiment, comme vous pouvez l'imaginer.
Que d'eau, que d'eau!
Bleue, ça, c'est bien! Un horizon bleu de 360°. Voilà la motivation première qui nous a poussés à lâcher le bord du continent européen : connaître la sensation de la plus belle des solitudes, celle vécue à deux sur ce qu'on pourrait prendre pour un désert.
Mais il n'en est rien.
Nous sommes à plus de mille kilomètres du continent sud-américain, à presque 400 kilomètres de l'archipel que nous avons quitté et à 6000 kilomètres des îles que nous convoitons, et pourtant, la vie est encore autour de nous. La nuit, nous assistons, dès le coucher de lune, à un ballet des plus étranges.
La noirceur révèle les nuées de micros organismes phosphorescents. Une réplique de la Voie lactée qui auréole notre Etoile de Lune. C'est insensé comme ça brille. La mousse blanche de notre sillage est magiquement illuminée. Ce sont des planctons qui profitent de la nuit noire pour remonter du fond des océans. Ils empruntent les courants ascensionnels qui drainent la région.
Ces minialiments attisent l'appétit des oiseaux pélagiques. Aussi loin que nous nous trouvions, nous les voyons virevolter autour de nos voiles. Le jour, il ne sont nulle part. Ils attendent dieu seul sait où l'heure du coucher de lune, pour cerner notre Etoile. Infatigables, ils nous suivent toute la nuit et capturent les petits poissons révélés par la nuée lumineuse de notre étrave. Ils picorent gracieusement la surface de l'eau, tout en battant des ailes pour ne pas s'y poser. Ils ont volé autour de nous sans faiblir les trois quarts de la nuit.
Quelle énergie!
Dans le noir, ces oiseaux agitent leurs ailes, comme le feraient des fantômes avec leurs grandes étoffes blanches.
Autre source d'étonnement, tandis que je vous écris, installée dans le cockpit (car en bas c'est la lessiveuse surchauffée) une frégate nous survole. Nous sommes très loin des côtes. Les frégates ne se reposent pas, comme ses congénères pélagiques, sur l'eau. Cet amerrissage leur serait fatal. En raison du peu de graisse qu'elles emmagasinent dans leur corps, leurs ailes sont perméables. Imbibée d'eau, la frégate coule sans rémission possible.
Je n'aime pas particulièrement ces grands oiseaux, ils sont trop cruels envers les océanites, les fous et autres oiseaux graciles. Mais voir une frégate si loin des terres suscite mon admiration.
A demain, pour un autre clin d'oeil du large...
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
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