Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

lundi 4 juillet 2011

SAFINA - Jean-Pierre et Colette au JAPON


Message transmis le 3 juillet à Anbô, Yakushima, Japon.



Bonjour chers parents et amis,



Le dernier message que nous vous avons transmis a été écrit de Puerto Princesa aux Philippines. Cette petite ville de la province de Palawan se situe à la latitude 10 degrés nord. Nous vous écrivons maintenant de la latitude 28 degrés nord. En gros nous avons parcouru 2 000 milles nautiques ou 3 700 km depuis notre dernier contact en janvier dernier. Nous sommes maintenant au Pays du soleil levant, dans le port de Koniya sur l'île de Amami-O-Shima. Cette petite île fait partie du groupe Nansei Shoto (Ryukyu) au sud du Japon.


De Palawan à Luzon





De Luzon à Amami-O-Shima




Je vous écris dans l'attente de notre quatrième tempête tropicale en deux mois. Celle-ci devrait se faire sentir dans quelques jours. Nous attendons des vents de plus de 50 N (100 km/h). Je dois vous avouer que nous en avons plus que marre de ces phénomènes. Elles sont très anormalement nombreuses cette année, en début de saison. Doit-on blâmer le réchauffement planétaire pour tous ces changements climatiques intempestifs ? Elles sont malheureusement la cause de notre retard sur notre itinéraire. Nous sommes constamment arrêtés pour préparer le bateau et pour nous mettre à l'abri. Selon notre calendrier, nous devrions déjà être à Nagasaki.

Nous avons bien pensé perdre Safina lors du passage du typhon Songda (catégorie 4) à Miyako Jima à la fin mai. Nous l'avons observé dans le port se démener, rouler, tanguer, gîter, faire des embardées dans des vents de plus de 100 nœuds (185 km/h) comme un insecte qui essayait, dans un effort ultime, de se libérer de la toile d'araignée que nous avions tissé autour pour l'amarrer solidement. La vision était horrible et requérait un cœur solide. () Notre vaillant bateau s'en est tiré avec quelques dommages et avaries : safran écorché par un cordage, girouette électronique brisée, housse de BBQ envolée, perte d'une gaffe et couteau.

Parlant de cœur solide, c'est aussi à Miyako, quatre jours avant l'arrivée du typhon que j'ai dû subir une angioplastie. Lors de la traversée entre Puerto Galera, Philippines et Ishigaki, Japon je souffrais, dans des situations difficiles et corsées en navigation, de douleurs à la poitrine. Ces douleurs avaient disparu à Ishigaki mais avaient repris à Miyako. Le cardiologue que j'ai consulté m'a fait subir un angiogramme qui a révélé qu'une de mes artères coronaires était bloquée à 99 %. Une angioplastie consiste à gonfler l'artère à l'obstruction à l'aide d'un ballonnet et d'y introduire une endoprothèse (stent), sorte de tube en métal de forme hélicoïdale. Je me sens mieux maintenant. C'est maintenant avec un cœur léger et bien oxygéné que je peux accepter la légèreté de mon portefeuille, car cette intervention m'a coûté la charmante somme de 10 000 $...

Nous avons sillonné l'archipel des Philippines du sud au nord. La traversée de la mer de Sulu, deux jours de navigation, nous a amené à l'extrémité sud de l'île de Negros dans une petite baie qui s'appelle Bonbonon. Ensuite par petite étape d'une journée nous nous sommes arrêtés sur l'île de Bohol et avons longé la côte de l'île de Cebu jusqu'à Port Carmen au chantier Pinoy Boat. Port Carmen, un petit village au Nord de la capitale de l'île de Cebu, la ville de Cebu, se voulait une petite escale mais nous y sommes finalement restés deux mois et demi à cause principalement d'un problème de moteur. L'échangeur de chaleur du Yanmar fuyait et nous avons dû le faire usiner. L'atelier spécialisé de Cebu nous a fait un excellent travail au coût de 500 $, une aubaine si l'on ne considère que l'achat d'une pièce neuve aurait coûté 2 500 $. À ce coût, il fallait ajouter les frais de transport de l'Australie 500 $ et le pot-de-vin de 500 $ que nous aurions dû payer pour faire dédouaner la pièce. La corruption est omniprésente aux Philippines et on n'y échappe pas.



Le chantier Pinoy Boat à Port Carmen




Nous en avons profité pour faire faire quelques travaux et réparations : appliquer une pièce sur le bimini, recouper la chute de la grand-voile, recouvrir nos vieux coussins de flottaison, fabriquer des couvre défenses et refaire le teck sur la plage arrière. Nous avons aussi fait fabriquer une porte d'écoutille principale grillagée en inox, sécurité oblige ici aux Philippines. Colette dort beaucoup mieux maintenant dans les mouillages.

C'était aussi avec grand plaisir que nous avons renoué avec des amis de Sebana Cove, Cliff et Ruth, deux Canadiens de Vancouver avec qui nous avons passés de bons moments. Ils étaient là depuis plus d'une année à effectuer d'importants travaux.

Pendant notre séjour à Port Carmen, nous avons été bouleversés d'apprendre au sujet de la catastrophe qui venait tout juste de frapper le Japon. Pour nous cette tragédie avait une double signification ; devait-on annuler notre voyage et à tout le moins le remettre en question ? Nous avions tellement investi dans ce projet, matériellement et moralement. Pour nous, les deux facettes de cette question signifiaient que jamais nous pourrions visiter le Japon en bateau. Nous ne sommes plus très jeunes et il nous reste tellement de chemin à parcourir pour compléter nos objectifs et la circumnavigation. Nous avions planifié de nous rendre jusqu'à Osaka. C'était la ville la plus septentrionale de notre voyage. Nous avons donc suivi la situation pendant quelque temps. De plus, des amis résidents et navigateurs au Japon nous informaient régulièrement de l'évolution de la situation. On nous assurait que physiquement la région que nous planifions de visiter était saine, mais que le coût de la vie avait légèrement augmenté. Mais de toute façon, on s'attendait à payer beaucoup plus cher dans ce pays, d'ailleurs après les Philippines tout est plus cher. Il ne nous en prenait pas plus pour prendre une décision et aller de l'avant.

La République unitaire des Philippines avec ses 92 millions de populations couvre une superficie de 300 000 km2. On y parle deux langues principales le tagalog et l'anglais, mais aussi une multitude de dialectes. À titre d'exemple, le visayas qui ressemble beaucoup à l'espagnol. Le peso philippin est la monnaie d'échange : 40 pesos = 1 $.

Les Philippines sont une république présidentielle multipartiste où le président est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et les deux chambres du parlement. Le système gouvernemental des Philippines est inspiré du système américain.
Dates historiques (Internet) :
16 mars 1521 Magellan découvre les Philippines :
À la tête d'une expédition de trois navires (il en a perdu deux en route) battants pavillon espagnol, le navigateur portugais Fernand de Magellan, arrive en vue des Philippines. Parti le 20 septembre 1519, Magellan a réussi à atteindre l'Asie par la route de l'ouest. Il débarquera aux Philippines et y évangélise la population locale. Le 27 avril, il sera tué par des indigènes de l'île de Mactan.
12 juin 1898 la première indépendance des Philippines :
Tandis que les États-Unis entrent en guerre contre l'Espagne, les Philippines, archipel d'Asie du Sud-Est, proclament leur indépendance. Les Philippines étaient sous domination espagnole depuis 1565. Mais, les États-Unis ne reconnaîtront pas cette indépendance et réprimeront durement les révoltes indépendantistes menées par Emilio Aguinaldo. L'autonomie sera accordée en 1934 et l'indépendance ne deviendra effective qu'en 1946.
4 juillet 1946 Indépendance des Philippines :
Après le retrait des troupes japonaises fin 1944, l'archipel des Philippines proclame son indépendance. Le pays avait déjà acquis sa souveraineté lorsque la guerre hispano-américaine de 1898 mit fin à la colonisation espagnole. Mais les États-Unis qui avaient refusé de reconnaître cette indépendance ont occupé le pays pendant 47 ans. Libérées de toute présence étrangère, les Philippines doivent maintenant se reconstruire après quatre années de guerre contre le Japon.
Voilà pour la partie historique !

Port Carmen où se trouvait le chantier Pinoy Boat n'était qu'à 90 minutes de Cebu la capitale de l'île et la deuxième plus grande ville du pays avec 850 000 habitants. Régulièrement nous nous y rendions par bus pour faire des emplettes, car l'approvisionnement à port Carmen et Danoa était très sommaire. Nous trouvions de tout dans cette ville très moderne dotée à notre grand plaisir d'énormes centres commerciaux. Nous avons bien aimé Cebu. Les restaurants et la nourriture étaient excellents et surtout à bas prix.

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