Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 16 janvier 2009

ÉTOILE DE LUNE - Dominique et Nathalie aux AVES



17 Janvier 2009
Aves de Barlovento,
Le lagon
Venezuela
LATITUDE: 11-56.82N
LONGITUDE: 067-25.07W

Recensement des habitants des Aves.
Photo jointe : baignade avec Victor
Autre photo dans mail à suivre : l'assaut des frégates sur les fous.

Bonjour,

Nous avions promis de vous raconter les potins des Aves et de vous présenter Victor.

Du côté, des fous, la période de construction des nids est presque finie, la plupart des oiseaux couvent. Nous avons environ 40 jours devant nous avant de découvrir les premières peluches blanches qui vont naître. Ainsi, ce matin, nous avons quitté le mouillage encerclé de mangrove qu'ils privilégient, pour retrouver "notre" lagon. J'ose y mettre un déterminant possessif, car nous y sommes depuis plus de deux mois. Pendant les fêtes de fin d'année, quelques voiliers sont venus nous tenir compagnie.
A présent, nous ne sommes plus que deux voiliers d'irréductibles.

En ce début d'année, comme c'est de tradition dans bien des pays, nous avons établi un recensement de population. Si cet archipel a été nommé los aves (les oiseaux) c'est qu'il y a une bonne raison. Outre les fous, l'archipel abrite diverses variétés d'oiseaux. Parmi les grands spécimens de type échassiers nous avons croisé le grand héron, très timide, il faut impérativement un zoom pour le capturer de l'objectif, souvent solitaire, il patauge à marée basse dans le récif en quête de petits poissons.
Il est drôle à voir. Il reste de longues minutes le corps en équerre, son long cou allongé parallèlement à la surface en attendant que sa proie file entre ses hautes pattes.

Lui, sa spécialité, c'est la patience!

Dans la famille des hérons, nous trouvons aussi les belles et soyeuses aigrettes neigeuses, avec une grâce inouïe, elles martèlent les plans d'eau peu profonds afin d'y débusquer leur proie. Nous avons également repéré des hérons goliaths, des hérons Bihoreaux ceux-ci possèdent une superbe crête noire qu'ils agitent dès qu'ils sont surpris, ils donnent l'impression de se cacher derrière un éventail. Enfin, les hérons verts ou Karali (en créole) sont des faux amis, ces derniers préviennent leurs copains
lorsque nous approchons de la mangrove de sorte que tous les oiseaux ont fui avant que nous puissions les approcher.
Leur spécialité est donc la délation.

Il en faut pour tout le monde.

Dans les grands gabarits, nous trouverons les frégates. Et voici nos frégates enrôlées pour une version moderne de la cigale et la fourmi ! Comme pique-assiette, il n'y a pas mieux ! Elles planent en groupe à l'orée de la mangrove. Elles attendent tranquillement portées par les alizés que les fous reviennent de la pêche. Ces derniers ont un emploi du temps réglé comme du papier à musique. Le matin, ils font les boutiques... Du moins, ils récoltent les matériaux pour la construction du nid, et l'après-midi,
ils partent au large pour pêcher. Ils reviennent au coucher du soleil. Les frégates, qui ont paressé toute la journée, en profitent pour prendre leur ascension vers le ciel. De là-haut, c'est si facile de repérer les fous qui seront un peu plus fatigués que les autres. Quand elles en voient un, elles lui foncent dessus. Le fou se débat et lance un cri rauque qui vous arrache le coeur. Mais les frégates, agiles, le déstabilisent en vol, lui tirant le bout d'une aile et l'envoyant au tapis. Le fou
se retrouve à l'eau, les frégates le harcèlent en lui enfonçant le bec dans le crâne. Tant et si bien que souvent il est obligé de déglutir ce qu'il a durement pêché.
Leurs spécialités, vous l'aurez deviné, sont donc la paresse voire le vol manifeste.
Parfois ce cirque m'agace tant que je pars, en kayak ou en annexe, à l'assaut de ces affreuses sans coeur ! J'ai pu ainsi, distraire certaines assaillantes et permettre à quelques fous de déguerpir à l'abri de la mangrove.
Mais je crains que ma spécialité à moi soit la même que celle de Don Quichotte !

Dans les oiseaux marins ou de bord de mer de petite taille, on trouvera aussi des bécasseaux, des échasses d'Amérique, des pluviers semi-palmés, des tourne-pierres et autres petits chevaliers ainsi que quelques sternes. Dans la mangrove, des passereaux minuscules se régalent des parasites qui eux-mêmes se régalent des peaux blanches. Quelques hirondelles passent et viennent se reposer quelques jours. Dans les rapaces, nous avons la crécerelle d'Amérique

Je ne peux finir ce recensement sans vous parler de nos copains. Ces oiseaux, placides, sereins et contemplatifs perchés dans leur arbre opèrent leur propre recensement. Celui des petits poissons ! Débonnaires et gauches à terre, ils planent gracieusement en vol. Les adultes veillent sur les plus jeunes nés l'été dernier. Si les parents n'aiment pas qu'on les approche, les jeunes par contre ne détestent pas notre compagnie. L'un d'eux, plus affable que les autres s'est laissé approché, sur la plage,
pendant nos baignades ou pendant nos balades en kayak. Nous avons fini par devenir si proches que nous l'avons surnommé Victor. Un après-midi, il nous a fait l'honneur de patauger avec nous autour du bateau. Il s'est laissé filmé, photographié et j'ai même pu faire quelques brasses à ses côtés.

Nous ne manquerons pas de vous confier l'album photo de nos observations, dès que nous aurons Internet. Mais comme nous ne sommes pas encore décidés à quitter notre antre, nous vous envoyons un avant-goût qui vous permettra de patienter...

La prochaine fois, nous vous dévoilerons l'identité du monstre des Aves...

Nos pensées volent vers vous
toute notre amitié marine
Nat et Dom de l'étoile de lune

Aucun commentaire: