Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

jeudi 30 septembre 2010

CAT MOUSSES - René et la famille aux VANUATU


30 sept 2010
Vanuatu

Récit 154 - La vie à sa plus simple expression

Non mais à quoi je pensais moi de terminer mon dernier récit en me ventant que le frigo allait bien? J'ai couru après le trouble, le frigo a officiellement rendu l'âme! Fini le Coke Diet et la bière, tant qu'à être dans des îles sauvages autant vivre comme les locaux. Heureusement, nous n'avions plus aucune viande de toute façon. Il ne nous restait plus que quelques délicatesses de la Nouvelle-Zélande, soit de la crème fraîche, quelques briques de fromage, du fromage feta et Haloumi. Les dates de péremption approchant, le temps est venu de les consommer de toute manière alors ça ne tombe pas trop mal. Nous vivons au jour le jour dernièrement, en harmonie avec la population locale et leur culture, nous vivons vraiment des expériences fort enrichissantes et nous nous plaisons énormément dans ces petits coins perdus du monde.

Nous venons de quitter Ureparapara, soit une baie sauvage lovée au fond du cratère d'un volcan qui s'est rempli d'eau après que l'une de ses parois se soit effondrée lors de sa dernière explosion (il y a des milliers d'années). C'est très spécial comme décor et nous y avons passé près d'une semaine. Nous devions aussi aller sur le groupe d'île de Torrès plus au nord mais finalement nous avons choisi, après un petit conseil familial, de rester un peu plus longtemps à Ureparapa et de laisser tomber Torrès. Cette année, notre optique est de s'investir un peu plus dans les endroits que nous visitons, nous couvrons moins de terrain mais plutôt que courir pour tout voir, nous approfondissons davantage nos relations avec la population locale. Nous tirons beaucoup de ces échanges culturels, on se sent vraiment sur une autre planète, c'est la vie à sa plus simple expression.

Peu après notre arrivée sur cette île, le bateau français (Lady Anabelle) est venu se mouiller dans la baie. Avec eux, nous avons convenu de sortir une liste de tout ce que nous avions à offrir au village avant de débarquer rencontrer le chef. En PM nous sommes allés rencontrer le chef et avec lui, nous avons convenu d'organiser un marché d'échange pour le lendemain après-midi. C'était son idée et nous aimons beaucoup le concept. Cette façon de procéder permet de partager équitablement ce que nous avons à offrir plutôt que ce soit les rares propriétaires de pirogues qui empochent tout. Ainsi, le lendemain, après les classes, nous sommes débarqués, avec Lady Anabelle, sur cette petite île au milieu de nulle part avec nos trésors à partager: sucre, farine, levure, mélange à gâteau, riz, huile , sel, miel, confiture, conserves de thon, corn beef, champignons, cordage, bouée, gazoline, cahier d'école, savon à linge, savon pour le corps, pansements, onguents antibiotiques, désinfectants, tylenol, rasoirs, couteaux, vêtements, souliers, bouteilles et contenants vides, 'spear' (pointe de flèche pour la pêche sous-marine), vernis à ongle, boucles d'oreilles, papier de toilette, déodorant. Quelle belle expérience ce fut pour nous tous. Il fallait voir les yeux du vieux monsieur venu nous échanger une boîte de thon contre cinq petites tomates cerises vertes qu'il tenait précieusement au creux de sa main. Les mamans prenaient une barre de savon pour laver leurs bébés. Tout le monde en trouvait pour son compte dans ces échanges. Nous les navigateurs sommes sortis gagnants avec bananes, citrons, pamplemousses, papayes, tomates, échalotes, 'island cabbage' rappelant les épinards de chez nous, aubergines, taro, yam, patates sucrées, citrouilles, noix et oufs. Franchement c'était beau à voir et nous ne sommes pas prêts d'oublier cet échange. On sent qu'on leur fait plaisir. Bien sûr ils vivent bien sur leur île; ils vivent de la pêche, ils ont des cochons et des poules, ils cultivent fruits et légumes mais en même temps ils n'ont aucun luxe. Ils n'ont pas de sel, pas d'épices, pas de sucre, pas de riz. Ces petits luxes sont bienvenus pour eux, ne serait-ce qu'un peu d'onguent et des pansements pour soigner leurs plaies. Le bébé de 6 mois (Shy) de la fille du chef (Jenny) s'était réveillée de son dodo en hurlant ce matin-là. Ils ont accouru auprès d'elle pour découvrir qu'un rat était en train de lui mordre le doigt. Pauvre petite! Mes pansements tombaient bien et j'étais bien heureuse de voir qu'ils les utilisent bien, sinon les bobos ne viennent jamais à bout de guérir. On le sait pour quelque chose car même sur les bateaux les mouches viennent nous harceler quand nos plaies ne sont pas couvertes.

Nos échanges les plus notables ont été un cordage contre deux poulets ( oui oui, plumés et nettoyés de leur entrailles, têtes, pattes et tout). Nous les avons cuits sur la 'can' dans le BBQ. Le chef qui venait nous visiter tous les jours sur le bateau était bien intrigué de notre technique de cuisson quand il nous a vus asseoir nos poulets sur des 'cans' dans le BBQ. Nous avons échangé notre 'spear' pour une sculpture de pierre locale. Thomas a échangé son cerf-volant contre un 'sling shot'. Les enfants se sont bien amusés avec les locaux de cet endroit. Un matin, quatre jeunes garçons, après la messe, nous ont accompagnés pour une excursion. Nous avons grimpé la montagne pour avoir une vue du cratère (la baie) à partir du haut de la montagne. Ce fut une belle balade mais les enfants ont ri de leur maman qui ne rajeunit pas. A un moment, à force d'essayer de suivre mes boucs des montagnes, je me suis mise à voir des étoiles et à hyperventiler. Les quatre jeunes garçons qui nous accompagnaient trouvaient la madame bien bizarre de s'étendre sur le dos dans la boue et les fourmis rouges au milieu de la jungle! Ils sont bizarres ces touristes! Elle perd la forme la maman on dirait. (Ca doit être de famille maman hein? Toi et moi ces temps-ci on semble s'être passées le mot pour s'évanouir dans les montagnes.)

Nous avons fait deux pêches de nuits avec les locaux en cet endroit. La première pêche nous n'avons ramené que du poisson mais la deuxième fut plus miraculeuse avec bien des poissons mais aussi un bébé pieuvre, des crabes, une cigale et certainement une douzaine de langoustes. Ca faisait un beau butin à partager. C'est rendu que je 'canne' de la langouste dans des pots Mason. Je ne pensais pas faire ça un jour, 'canner' de la langouste! Wow!

Bref, nous avons passé un beau moment sur cette île avec ces gens. Mélodie, la femme du chef, nous a offert un plat traditionnel de 'laplap', soit une couche de purée de fruit de l'arbre à pain, recouverte de noix de coco râpée. C'est très riche et légèrement sucré. On l'a essayé en dessert le lendemain avec un peu de sirop d'érable. Le dernier jour, le chef nous a conviés à un repas chez lui le soir. Ils avaient préparé un mélange de crabe et de patates sucrées dans une sauce au lait de coco. Ils avaient cuit leur traditionnel fruit à pain sur le feu. Ils semblent se nourrir beaucoup de ça. Chaque soir ils en mettent deux ou trois sur le feu, une fois la peau carbonisée, ils pèlent et c'est prêt à manger. Ils avaient aussi préparé une salade de fruits de bananes et papayes. A leur demande j'avais préparé un plat de riz et un plat de pâtes. En bonus j'avais cuit des biscuits à la noix de coco qui ont fait un malheur. La vraie noix de coco râpée n'a rien à voir avec notre noix de coco râpée, déshydratée et artificielle. Ils avaient visiblement beaucoup de mal à essayer de se contrôler pour ne pas engloutir tous les biscuits du plat, parents comme enfants. Ce soir-là, il y avait notre bateau mais aussi un autre bateau français (Champeje) de Nouméa. Elle, étant infirmière, a passé son après-midi à prodiguer des soins médicaux. Comme ils quittent pour l'Australie prochainement et qu'ils ne veulent pas se faire confisquer leur viande à l'arrivée, nous avons dû nous sacrifier et accepter leurs dons de viande. Nous qui n'avons plus de viande fraîche depuis quelques temps déjà, ne nous sommes pas faits prier je vous assure.

Nous avons bien ri des explications qu'ils nous ont prodiguées lorsqu'ils nous ont fait cadeau de la viande. Elle est congelée et sous vide. Nous savons que la viande sous vide se conserve plus longtemps mais Philippe nous a vraiment fait rire en nous racontant que, pour l'avoir essayé, il peut nous assurer que l'on peut très bien garder de la viande crue sous vide pendant 2 à 3 semaines et ce SANS RÉFRIGÉRATION. Il nous a dit : 'Oui bien sûr la viande viendra avec une Sale Gueule, mais elle sera très bonne au goût'! On la rie encore et on est bien tenté de laisser un gigot trois semaines sur le comptoir pour voir de nos yeux la sale gueule qu'aura la bête. On s'est demandé ce que notre Doc Deegle dirait de ça et on rie juste à y penser. Doum, on va te garder un rôti sur le comptoir pour si jamais tu décides de venir nous visiter. Ca aura peut-être une Sale Geule mais on sait que t'es pas un doux!


Nous sommes présentement en mer, nous avons quitté l'île de Vanua Lava pour rallier l'île de Santa Maria, plus précisément Gaua que nous atteindrons ce midi. Nous y ferons nos classes cet PM. Hier nous sommes repassés à Waterfall Bay pour y passer la nuit. Nous en avons profité pour faire un autre lavage à la main dans les cascades d'eau, nous en avions bien besoin après l'excursion dans la montagne. A part ça c'est la routine, nous continuons les classes et la pêche. Hier nous avons attrapé un beau thon de 10 livres que nous avons partagé avec les locaux et un autre bateau. René et moi sommes allés pêcher la nuit passée et avons rapporté trois langoustes que j'ai cuit dans le presto au retour de la pêche (je vous rappelle que je n'ai plus de frigo), nous les mangerons ce midi. Nous y retournons ce soir. Le village à l'ouest de Gaua ayant été évacué depuis quelques mois à cause du volcan, on se dit que la pêche devrait être bonne. On verra, plus à suivre dans mon prochain récit.

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