Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mercredi 25 février 2009

CAT MOUSSES - René et la famille chez les KUNAS aux SAN BLAS

Iles San Blas

21 fév (Niadup)

Nous avons atteint les San Blas en milieu de PM le 21 fév et avons choisi l'île de Niadup comme premier arrêt. Quelle expérience inoubliable nous y avons vécue. Ca c'était exactement le genre de dépaysement que nous recherchions lorsqu'est née l'idée de notre projet de voyage autour du monde.

Les îles des San Blas sont uniques au monde. Ce sont des bandes de terre occupées par des forêts vierges de palmiers, des eaux naviguables d'une beauté incroyable, mais d'abord et avant tout, ce sont des îles occupées par des tribus d'indigènes appelés les Indiens Kunas. Les Kunas, au nombre d'environ 55 000, vivent sur les îles des San Blas qu'ils appellent 'Kuna Yala'. Ils ont choisi d'y vivre pour trois raisons majeures. Ces îles n'avaient pas d'insectes ni animaux sauvages mais surtout, offraient une excellente protection contre les autre tribus. Les San Blas font officiellement partie de la république de Panama, toutefois le gouvernement panamien est tenu de respecter les lois, cultures et traditions des Kunas. Depuis 1925, il est interdit aux Kunas de se marier à des non-Kunas sous peine d'expulsion des San Blas. Ces mariages entre Kunas ont eu pour effet toutefois d'engendrer certains débalancements génétiques qui ont fait que certains des enfants naissent albinos. Nous en avons d'ailleurs vu lors de notre visite. On ne peut les manquer, ils ressortent du groupe de faéon marquée avec leur peau trés péle, cheveux trés blonds et yeux pâles trés sensibles à la lumière. En voyant Catherine, Nicolas et Antoine, les enfants du village ont pointé deux de leurs amis albinos en disant qu'ils pourraient très bien passer pour un frère et une soeur supplémentaires au sein de nos enfants.

Bien qu'il soit interdit pour un étranger de s'installer dans les San Blas, les Kunas sont extrêmement gentils, pacifiques et accueillants. Ils sont timides et réservés. On s'y sent très en sécurité et le crime et le vol ne semblent pas faire partie de leur vocabulaire. Ces tribus sont organisées selon un système de hiérarchie trés structuré. Chaque village possède trois 'Sailas' (chefs) qui font office d'autorité suprème au sein du village. Nous avons vu les huttes dans lesquelles ils tiennent un genre de conseil 'congreso', tous les soirs de la semaine avec tous les membres du village. Les 'Sailas' sont non seulement des leader politiques mais ils sont également l'autorité suprême en matière de spiritualité, poésie, médecine, connaissances et histoire. A plus haut niveau, trois autres chefs 'Caciques' dirigent la nation, chacun d'eux représentant une partie des terres.

Les Kunas sont une société matriarcale. Les femmes contrôlent l'argent et suivant un mariage, le mari doit venir vivre dans la famille de sa femme. Il n'y a pas d'âge fixe pour se marier. Ils se marient lorsqu'ils se jugent assez matures et c'est souvent la femme qui choisit son mari.

L'économie des Kunas est basée sur les coconuts qui poussent sur leurs îles. Gare à celui (touriste) qui tentera de s'approprier d'une noix de coco qu'elle soit tombée au sol on dans un arbre. Jusqu'à tout
récemment les noix ce cocos étaient la monnaie d'échange officielle. Chaque palmier appartient à un membre de la tribu. Ces noix de cocos sont vendues ou échangées contre des produits colombiens qui sont transportés par bateaux venus de la Colombie. Les femmes de leur côté, font également de l'argent en vendant leurs fameuses 'molas' véritables oeuvres d'art de broderie indienne. Ce sont des blouses fabriquées à partir de la juxtaposition d'un savant mélange d'étoffes aux couleurs vives. Les femmes se promènent en petits bateaux appelés 'ulu' pour aller vendre leurs molas. Il arrive que ces vendeuses s'avèrent être des travestis. En effet, il ne semble pas y avoir de stigmate envers l'homosexualité dans cette société et on dit qu'il n'est pas rare de voir des hommes Kunas aux longs cheveux, s'habiller en femmes et porter les 'wini beads' bracelets faits de perles de couleurs aux bras et aux jambes.

A notre arrivée à Niadup, nous approchons prudemment de l'île, cherchant un endroit où jeter l'ancre. Les enfants Kunas sont les premiers curieux à accourir, puis on entend quelqu'un sonner une cloche. Un véritable attroupement s'approche pour venir assister à notre arrivée. Nous finissons par oser briser la glace pour amorcer un premier contact en leur demandant si nous pouvons venir nous ancrer ici. Ils nous font signe que oui et nous indiquent dans quel secteur nous placer en nous mettant en garde de ne pas nous approcher du tuyau sous-marin qui les approvisionne en eau depuis la rivière d'une île voisine. Aussitôt ancrés, un homme apparaît dans son petit bateau 'ulu' et nous demande s'il peut monter à bord. Il parle un peu d'espagnol et d'anglais alors nous arrivons à nous comprendre. Il est le secrétaire du 'sahila' et il vient nous collecter un frais de 5$. Il a un petit calepin de reçus avec lui mais demande à René de remplir toute l'info lui-même. C'est que notre monsieur ne sait pas lire, ni écrire, il se contente de signer à la fin est nous demande un dollar supplémentaire, celui-là est pour lui dit-il. Il reste un moment avec nous et lorsque je lui offre un verre d'eau, il me demande du jus. Je lui apporte un verre de jus qu'il cale en moins de deux secondes. Je lui en offre un deuxième qu'il cale tout aussi vite. Je lui en offre un troisième mais il décline. Nous en profitons pour nous informer des moeurs et coutumes de l'endroit. Avant de partir il nous demande des bonbons ou biscuits pour ses enfants et des revues. Nous lui faisons cadeau de deux revues, de toute façon, français ou anglais, il ne sait pas lire. L'une des revues est le Times Magazine sur lequel on voit le nouveau président des Etats-Unis en page couverture. J'en informe notre monsieur qui me répond ah oui, il est mort celui-là. Non, non il n'est pas mort lui disons-nous, c'est Barack Obama, le nouveau président des USA.

Après qu'il ait quitté, nous mettons notre annexe à l'eau pour gagner le rivage où nous attendent encore les enfants du village et même certains adultes. On y apporte des biscuits pour les enfants. Au début ils attendent sagement leur tour mais l'excitation s'élève rapidement, j'ai hâte d'arriver au fond du sac, je me sens envahie.

Nous avons également apporté un ballon de soccer. Les enfants nous attirent vers leur terrain de foot. Ils sont justement en train d'y jouer une partie. Ils sont pieds nus mais portent tous un bas dans le pied droit pour pouvoir mieux botter le ballon. Thomas n'est pas avec nous. Il est resté au bateau car aujourd'hui encore il est brûlant de fiévre et cloué au lit. Il fait entre 102 et 104 degrés F et je ne réussis à lui faire baisser sa température que pour de brèves périodes en lui donnant du tylenol. Serait-ce la fievre de Dengue? On ne sait pas. Ce sont les mêmes symptômes mais comment le prouver. Notre super 'Doctor Deegle' nous suit de très près et nous prodiguent de multiples conseils. Nous sommes entre bonnes mains.

Un jeune homme de 21 ans se propose pour nous faire faire un petit tour à pied du village. Il nous montre comment sont faites les maisons, à partir de matériaux strictement naturels, bois, paille et lianes (aucun clou). Ces maisons sont apparemment très solides et étanches et leur durée de vie peut atteindre les quinze ans. Impressionnant. Il n'y a pas d'électricité dans ce village. Tout est extrèmement traditionnel. Les femmes plus âgées sont toutes vêtues de la mola. Les femmes ont les joues maquillées de rouge et portent parfois une ligne noire sur le nez. La ville se prépare pour leur fête annuelle visant à célébrer la révolution de février 1925. Ils sont à décorer leur village de rubans. Des hommes s'approchent et nous invitent à la fête via notre guide interprète (jeune homme de 21 ans dont j'oublie le nom). On nous demande une contribution de 2$. Nous leur répondons que nous serons sur une autre île le soir de la fête mais leur promettons de revenir demain matin pour les payer, en compagnie de Thomas cette fois.

Au cours de notre tour du village, on nous montre d'abord les enfants du village jouant au football. Puis on marche, les petites filles ont adopté Catherine et ne lui lâchent plus la main. Les plus jeunes ont adopté René qui prend plusieurs photos d'eux. Ils adorent se faire photographier et rigolent lorsque René leur montre la photo sur l'écran de la caméra. Certains adultes s'approchent, ils sont surpris de voir ce que peuvent faire ces petites machines et trouvent que çà va vite. On nous montre les trois églises (anglicane, catholique et mormon), l'école, la clinique médicale, la hutte des conseils 'congreso' journaliers et le magasin général (ouf, on est loin du Loblaws!). Nos moussaillons sont décontenancés de voir un si petit magasin. Ils se demandent bien ce qu'ils mangent dans ce village. Ils vivent du poisson qu'ils pêchent çà c'est certain. D'ailleurs, on nous informe que du 1 mars au 31 mai, il y a à chaque année un moratoire sur le pêche. Interdiction formelle de pêcher. C'est bon à savoir. Finalement, on nous fait visiter un petit musée où l'on voit les instruments utilisés dans la fabrication des hamacs et molas. On nous y explique également comment se fabrique le 'Chicha' genre de boisson alcoolisée faite de canne à sucre fermentée (pendant un mois). Ils en préparent justement pour la fête à venir.

Nous revenons au bateau encore tout émerveillés de notre visite. Quelle expérience! Nous sommes heureux de notre choix de destination. Nous voulions sortir des sentiers battus et nous y sommes arrivés car ici, paraît-il, il ne vient que 3 ou 4 bateaux par mois. De retour au bateau nous retrouvons Thomas, encore fiévreux. Au moins il se lèvera ce soir-là pour venir prendre quelques bouchées. Il n'a pas mangé depuis les cinq derniers repas. En tout cas, nous sommes heureux de voir qu'il va un peu mieux ce soir. Ce soir, alors que tout le monde se couche tôt, je me lance dans une petite séance d'entretien, de nettoyage et de séchage du bateau pour reprendre le contrôle sur l'avarie créée par notre dernière traversée (déluge).

22 fév (Holandes Cays)

Comme je n'étais pas de veille cette nuit, j'ai dormi ma nuit sans interruption et je ne me suis donc pas réveillée pour administrer du tylenol à Thomas. Ouf! Il n'en mène pas large ce matin. Il fait 104 degrés F. Il a rêvé (ou déliré) toute la nuit passée le pauvre. Il commence à m'inquiéter. Je prends le taureau par les cornes, il faut le réhydrater. J'entreprends de lui concocter un de mes traitements chocs comme moi seule sait les faire. Pas un grand succès. Il vomit les deux fois que nous tentons de lui faire ingurgiter ma super potion visant à le réhydrater un peu. Son systéme n'a définitivement pas aimé le traitement choc que je tentais de lui imposer. Moi et mes traitements chocs à faut croire que çà ne marche pas tout le temps. En tout cas, nous réussissons quand même à lui faire remonter la pente un peu. Il vient très briévement avec nous sur l'île. Nous devons aller payer nos dettes. Puis nous partons pour les îles 'Holandes Cays' après avoir fait quelques heures d'école. Nous y arrivons en milieu de PM.

Nous nous ancrons dans un premier endroit mais déménageons ailleurs car le courant y est trop fort et les enfants n'auraient pas pu s'y baigner. Nous trouvons un endroit plus tranquille, à l'écart des escadrilles de plaisanciers. C'est que nous sommes dans des endroits très populaires auprès des plaisanciers ici.

Nous nous rendons sur une île appelée BBQ island avec l'annexe. C'est tout-à-fait magnifique comme endroit. A l'heure où nous y allons, les nombreux plaisanciers sont déjà retournés à leur bateau nous y sommes donc pratiquement seuls à part trois Allemands. Il semble que ce n'est pas ce soir qu'il y aura un BBQ communautaire ici. Nous sillonnons l'île et nous assoyons au bord de la mer sur un palmier tombé pour siroter un ti-cocktail de fin de PM.

Sur cette île, il y a un espèce de tapis de gazon trés court et de beaux petits palmiers un peu partout. C'est d'une propreté impeccable. Il y a au centre un petit trou d'eau mi-douce et mi-salée où les plaisanciers viennent faire leur lavage. Nous repartons au bateau satisfait d'avoir vu l'île et décidons que demain nous partirons en excursion de snorkeling avec le dinghy car nous ne voyons rien d'intéressant à proximité. Je couche avec Thomas ce soir, question de garder un oeil sur lui. Cette nuit sa température ne monte pas.

23 fév (Holandes Cays)

Au réveil ce matin, Thomas va beaucoup mieux. Il n'a plus de température mais il n'est pas encore assez fort pour reprendre l'école. La tête continue de lui faire terriblement mal et il a des douleurs dans le dos (son point faible lorsqu'il est malade). Je le remets sur les tylénols mais suis soulagée de voir un répit au niveau de la fièvre.

En fin de matinée nous paquetons les petits et partons en excursion de snorkeling avec l'annexe. Nous sortons, pour la première fois, le kit officiel de snorkeling (nos wet suit). Cette décision se révélera une idée extraordinaire. En effet, nous avons ainsi pu passer la majeure partie de notre journée à patauger et à nous promener sur l'eau sans greloter. Quel confort, moi qui pensait que c'était un luxe de s'acheter ces habits! Non c'est un 'must' pour être confortable dans l'eau sur les longues périodes. Nous avons passé une journée magnifique, seuls au monde. Nous avons vu de superbes coraux, de multiples poissons aux multiples couleurs et même des raies. Oui oui! De gigantesques raies! Antoine a finalement appris à respirer dans son tuba. Il prend l'eau un peu mais se débrouille bien. A un moment, nous avons cru apercevoir des requins. Nous pensions avoir affaire aux fameux requins 'white tips' de l'endroit. Nous nous sommes approchés pour découvrir qu'il s'agissait de poissons.

Le capitaine a sorti son harpon mais est revenu bredouille. Il nous a bien fait rire avec ses techniques de chasse. Il a encore du travail à faire pour raffiner sa technique. A certains endroits, il y avait si peu d'eau qu'il fallait débarquer de l'annexe pour la tirer car elle touchait le fond. Nous avons marché jusqu'à des épaves non loin du récif entourant les Cays.

Bref, nous avons eu une journée formidable mais le clou de la journée fut sans aucun doute notre pique-nique sur une petite île déserte. Nous avions apporté des saucisses et des guimauves et nous nous sommes arrêtés sur une île pour le dîner. Nous avons creusé un trou dans le sable et avons fait un feu au milieu de l'île. Quel bonheur! Seuls au monde en famille sur notre petite île déserte.

Thomas a réussi à faire sa journée. Il va définitivement mieux mais se sent encore faible et fatigué. Sa peau lui piquait aujourd'hui. Sûrement son rash qui réagit au sel et au soleil. Il est minuit passé. Assez pour aujourd'hui. Tout le monde dort à poing fermé. Mon tour maintenant. Je réalise que mon texte est long mais je tenais à raconter en détails notre aventure ainsi que le mode de vie des Kunas. Ce sont mes notes personnelles.

Aucun commentaire: