Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 25 octobre 2009

ÉTOILE DE LUNE - Nathalie et Dominique - des nouvelles

Message 81 – écrit en octobre 2009
Nombres de milles parcourus : 12 227 milles
Nombre de personnes inscrites à la lettre : 795
Position de L'Etoile de Lune : Aruba




Sauver Sully! The pilot whale
Un globicéphale s'échoue sur une plage de Curaçao




"Faire la guerre pour la paix, c'est comme de baiser pour garder sa virginité..." Roger Lamontagne


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Info site Internet :
Ce mois-ci retrouvez notre nouvelle rubrique "Astuces". Toutes les astuces du mois sont regroupées en un seul document.


Suppléments pour ce message :
Notre vidéo du mois : Les bénévoles au chevet de Sully
Diaporama du mois : Aruba One happy island
Astuce du mois : Quelles voiles pour le grand voyage ? Comment prolonger leur vie?
Photo du mois : Happy avec tout le monde...


Résumé
De retour sur notre Etoile, le capitaine se met au travail. Il bichonne notre monture afin qu'elle nous mène loin. Pendant ce temps je rentre en France, afin de serrer tous ceux que j'aime, très fort dans mes bras, avant le grand saut Pacifique. En revenant sur Curaçao, j'apprends qu'une baleine s'est échouée sur une plage. Le Sea Quarium qui a volé à son secours demande des volontaires pour la pouponner. C'est un moment unique dans une vie que d'être au chevet d'un mammifère marin. Mais, si j'aime jouer les nounous, les autorités de Curaçao n'y sont pas sensibles. Elles nous mettent tout simplement à la porte ne prolongeant pas notre visa de séjour.
Adieu Curaçao!
Sans regrets, sauf pour Sully, je l'aurais bien veillé encore.


Remerciements
Nos remerciements chaleureux vont vers George Kieffer, en charge du programme de sauvetage de Sully, il a partagé sans compter ses connaissances sur les cétacés de la Caraïbe.


Bonjour,


Le 16 juillet, un baleineau s'échoue sur une plage au Sud de Willemstad.
Dans son malheur, il a de la chance, car il choisit l'une des plage les plus prisées de l'île. Les vacanciers, pris d'un élan de sympathie se jettent à l'eau afin de le repousser vers le large. Ils y arrivent une première fois, mais les vagues le repoussent sur le récif qui le blesse. Impuissants, les Zorros du baleineau téléphonent au Sea Quarium, proche d'un demi-mille.


L'équipe arrive rapidement sur place. Elle est chapeautée par George Kieffer, il est le directeur des programmes de l'Académie des dauphins du Sea Quarium de Curaçao et le fondateur du Southern Caribbean Cetacean Network (SCCN). Cette association a pour objectifs de promouvoir la connaissance, la recherche et la protection des baleines et des dauphins ainsi que leur habitat dans la Caraïbe du Sud.


Le baleineau ne pouvait tomber en de meilleures mains!


Cependant, dès le premier diagnostique, ses chances de survies s'avèrent infimes. Le globicéphale est épuisé et se meurt de faim. Pour une raison inconnue, il a été éloigné de sa mère. Or, cette espèce chasse exclusivement en groupe, seul il n'a aucune chance. De mémoire d'homme, jamais un globicéphale qui s'est échoué, a survécu. Pourtant, l'équipe qui est sur place ne se sent pas le coeur de le laisser mourir. Ils sont torturés par les voix qui crient qu'il faut laisser faire la mère nature, mais tant pis, ils tentent le sauvetage...


Les experts vétérinaires du Sea Quarium utilisent les moyens du bord, ils empruntent des "frites" aux vacanciers. Non pas les frites bien grasses, mais ces engins de plage de couleurs fluo sur lesquelles on se pose pour flotter. Avec plusieurs de ces cylindres en mousse, ils fabriquent un hamac dans lequel ils installent l'animal. Là, ils lui font les premiers prélèvements de sang. L'animal est pesé et mesuré. Les vétérinaires l'auscultent en tout point. Il apparaît immédiatement qu'il souffre d'une infection oculaire. Il est si maigre que ses peaux retombent et font des plis si crevassés qu'il est impossible à l'équipe de déterminer son sexe.


Afin d'installer le globicéphale de manière sécuritaire, l'hôtel, propriétaire de la plage, prête des pontons flottants et alloue un espace suffisamment profond et large pour qu'il ne se blesse plus. Il est conduit dans son bassin. Le baleineau est si anémié qu'il reste dans les bras de George, qui lui donne ses premiers poissons.


Les scientifiques engagés dans le sauvetage, restent perplexes face à cet échouage. Ils savent que les globicéphales ont tendance à s'échouer en groupe sur les plages. Jamais, ils n'ont pu en décoder les raisons. Impossible de comprendre ce comportement suicidaire. Ils s'expliquent encore moins, comment cet animal a pu s'éloigner de son groupe?
Pourquoi est-il seul?
Que lui est-il arrivé?
Personne ne le sait. Le baleineau n'était pas particulièrement blessé. Il se sera perdu lors d'une tempête et le sonar étant de portée réduite, il n'aura plus entendu les siens l'appeler? Ou alors certains experts pensent que les sonars des cargos à moyenne fréquence peuvent provoquer une surdité temporaire des baleines qui perdent alors le contact avec les leurs. Quelle que soit la cause, le résultat est là. Le baleineau est entre les mains de George et sa survie dépend entièrement de lui.


George Kieffer est, depuis de nombreuses années, en contact permanent avec les dauphins et les baleines. Son expérience et sa connaissance sont ses plus fidèles alliées pour tenter de sauver le globicéphale. Il décide pour s'aider, de prendre contact avec plusieurs scientifiques, spécialisés dans l'étude des baleines et des dauphins. Ainsi, en rentrant au Sea Quarium, George appelle le centre de San Diego. Des instructions sont données pour la survie du rescapé. Il lui faudra 18 kilos de poisson par jour. George doit prendre garde à limiter les contacts avec l'humain. Il sera le seul autorisé à le nourrir. L'animal ne devra pas se familiariser avec ses sauveteurs, ça lui laissera une chance, dès qu'il sera guéri, de retourner dans son milieu naturel. Dans cette éventualité, dès qu'il aura repris des forces, le baleineau devra s'habituer à suivre une embarcation afin de gagner le large pour retrouver ses congénères. Dans cette optique, les gardes-côtes sont contactés. Ceux-ci, mettent à profit leurs tours de garde quotidiens en hélicoptère et en bateaux rapides pour repérer les groupes de globicéphales qui passeraient au large.


Le plan de bataille est clair. Premièrement, le baleineau doit reprendre des forces. En second il doit apprendre à suivre George au large. Troisièmement, il faut lui retrouver une famille et le libérer.


Dans les premiers temps nous sommes loin d'imaginer une issue heureuse. Le baleineau est trop faible et flotte à peine dans son bassin. Le docteur David Mann qui dirige le Laboratoire de Biologie Marine sensorielle à la faculté des sciences marines de l'Université de Floride du Sud arrive sur place. Il voit dans ce sauvetage, l'aubaine d'étudier le globicéphale. Celui-ci est l'un des cétacés les plus méconnus scientifiquement. C'est une première mondiale, jamais encore cette espèce n'a pu être approchée et manipulée si facilement. L'étudier c'est l'aider. Faire avancer la science sur cette espèce permettra de la protéger.


Et si le baleineau était là pour ça? S'il était là, pour offrir du mieux à son espèce? Il est permis de rêver... D'autant plus que le globicéphale reprend peu à peu du poil de la bête. C'est inespéré. Ses peaux se retendent et dévoilent enfin qui il est : un beau garçon de trois ans de dix mètres de long. Dans son couffin, le bébé miraculé reçoit un nom. La baleine pilote s'appellera Captain Sully en l'honneur de Chesley B. Sullenberger, un pilote de ligne qui a sauvé 150 passagers et son équipage lors du vol 1549 en amerrissant sur la rivière Hudson.


Le docteur David Mann profite des diverses manipulations du globicéphale lors des soins que George lui administre pour faire quelques enregistrements. Ceux-ci permettront de comprendre le langage des globicéphales. Par des techniques neurophysiologiques il étudie les mécanismes de l'audition et la production sonore. Ces études devraient, entre autre, mener un jour à la prévention des échouages de familles entières de cétacés. Pour le docteur David Mann, l'occasion de prendre les enregistrements d'une baleine échouée est unique. Les audiogrammes prélevés montrent les réactions du cerveau lors de l'émission de sons dans l'eau. Si l'on parvenait à déterminer la fréquence des sons à laquelle les cétacés étaient les plus sensibles, peut-être pourrait-on limiter l'émission humaine de sons dans les océans (notamment celle des navires) pour limiter la perturbation causée dans l'habitat des cétacés. Sully se prête volontiers aux diverses expériences.


Au rythme où il reprend des forces, les scientifiques à son chevet en perdent. Ils lui consacrent leur vie, 24h/24 et 7 jours sur 7. Ils sont littéralement épuisés. Afin de les aider dans leur tâche, des appels sont lancés auprès de la population et des marins de passage pour trouver des volontaires qui veilleront "the big kid". Une chaîne de solidarité inédite se met en place autour du baleineau. Sa présence suscite des vocations et les scientifiques présents à son chevet, éduquent les bénévoles qui sont engagés comme nounous.


Laissez-moi partager avec vous, tout ce que George nous a enseigné.


Son nom scientifique est Globicephala macrorhynchus. On l'appelle plus communément baleine pilote (pilot whale en anglais) ou faux-orque mais aussi globicéphale tropical, globicéphale du Pacifique ou globicéphale de Siebold. Le mot "globicéphale" fait référence à sa tête en forme de globe. Il est un mammifère marin grégaire, de l'ordre des Cétacés Odontocètes. Cela signifie que c'est une baleine à dents qui mange du poisson. Ce globicéphale tropical fait partie d'un groupe non migrateur qui séjourne dans la mer des Caraïbes. Mais l'on retrouve le globicéphale un peu partout dans la ceinture tropicale.


La vie d'un groupe de globicéphales est très hiérarchisée. Les femelles et leur petits vivent au centre du groupe qui suit un mâle dominant censé trouvé la nourriture et défendre la famille contre les prédateurs : essentiellement les orques et les requins. Le mâle dominant en raison du stress occasionné par ses responsabilités ne vit en moyenne que 40 ans, contre 60 ans pour les femelles. Femelles et mâles pourvoient à l'éducation des enfants. Ceux-ci restent de gros bébés jusqu'à 9 ou 14 ans, âge auquel ils peuvent assumer la reproduction de l'espèce. Ils ont un instinct de solidarité très développé, car jamais, ils n'abandonnent l'un des leurs. Si l'un d'eux est malade ou blessé, ils s'arrangeront pour l'entourer et faire en sorte qu'il se rétablisse au sein du groupe. Nous l'avons vu plus haut, ils sont si proches les uns des autres, qu'ils vont, jusqu'à mourir ensemble. Nous avons tous en mémoire, ces centaines de globicéphales échoués sur les plages d'Australie.


Le globicéphale chasse les seiches et les calmars. Il s’attaque à des bancs entiers afin de pouvoir en attraper un maximum. Le reste de son menu est composé de poissons comme la morue ou le maquereau. La taille adulte de Sully sera de 6 à 7 mètres,voire 8 mètres. C'est le plus gros des dauphins et la plus petite des baleines. Son poids de jeune homme atteint aujourd'hui une tonne. Lorsque Sully sera adulte, il pèsera jusqu'à quatre tonnes et mangera 50 kg de nourriture par jour.


Afin qu'il reprenne sa masse musculaire et non du gras sans bouger, George "sa nounou" préférée, lui a appris à suivre un seul et unique bateau : le sien! Une barque munie 500 chevaux. Chaque matin à 6h30, George part avec Sully au large. Sully, saute, se frotte à la barque, "court" sur l'eau... Ses sorties se passent si bien, que George tente, un matin, de semer Sully au large afin de le rendre à sa vie sauvage. A fond les manettes, les 500 chevaux le pousse à 45 noeuds... Sully réagit au quart de seconde et suit la barque. Ce jour-là, George m'avoue qu'il n'a pas eu le coeur de continuer sa course car il sentait Sully désespéré. Depuis, les sorties en mer se font en confiance. George a l'habitude de naviguer en compagnie de mammifères marins. Une fois par semaine, les dauphins du Sea Quarium sortent en pleine mer et suivent George, tout comme Sully le fait. C'est l'occasion pour les dauphins en captivité de rencontrer d'autres groupes en liberté.


George s'émerveille des progrès de son compagnon. Si au départ, il se cognait à la barque, à présent, Sully a compris les changements de régime du moteur. Il anticipe les virages et ne percute plus la barque.


Pour tout vous dire, George ne vit plus que pour Sully. Il lui consacre, en plus de son travail au Sea Quarium, neuf heures quotidiennes. Il faut les voir ensemble... C'est touchant, comme Sully vient chercher les câlins. George disait qu'il tentait le moins possible de le toucher, mais, Sully est très demandeur. C'est incroyable comme Sully a évolué en quelques semaines. Au début, il ne bougeait pas, il restait au centre du bassin ou pire, il allait s'enrouler dans les filets. Il fallait alors appeler George d'urgence afin qu'il le dégage pour qu'il ne se noie pas. Puis, au rythme de sa convalescence, Sully est devenu plus confiant. Il a compris qu'il pouvait à la demande recevoir des grattouilles. Il a reçu des jouets. Au départ il les ignorait totalement, puis avec le temps, il s'est amusé à jouer avec un gros ballon bleu. Il se frotte aussi à la planche de surf mise à sa disposition.


Lorsque George nous parle de Sully, ses yeux brillent, il le trouve "smart and sweet", futé et doux. Pour autant, George nous rappelle que c'est un animal sauvage. Il suffit qu'il ouvre la bouche et dévoile ses belles dents pour que nous en soyons convaincus. Mais, Sully s'adapte à cette vie avec une facilité déconcertante. Et en même temps, ses nounous s'y attachent tant.


Je sens des questions poindre dans vos esprits...
Vous vous demandez certainement quel est le rôle des bénévoles, alors qu'il a à son chevet un bataillon de scientifiques?


Notre rôle est simple, nous devons rester au chevet de Sully, en bordure de sa piscine. Veiller à ce qu'il ne se coince pas sous le filet, ce qui l'empêcherait de remonter pour respirer. Veiller à ce que personne ne plonge dans le bassin, car Sully, sans qu'il soit méchant, pourrait, par jeu, entraîner un nageur au fond de l'eau et l'empêcher de revenir à la surface pendant une dizaine de minutes. Nous devons également retirer les plastiques qui flotteraient dans son bassin, car il l'avalerait ce qui le tuerait.


Dans le cas où une situation ingérable surviendrait, un téléphone portable est laissé à notre disposition. Jour et nuit, les spécialistes sont joignables et arrivent au plus vite pour venir en aide à Sully. A cette occasion, George nous apprend que la meilleure réaction dans le cas où Sully ferait "une bêtise" est l'indifférence. Nous devons apprendre à ne pas bouger, ne pas manifester la moindre émotion. Car en réalité, Sully nous teste. A chacune de ses actions, il attend une réplique qui l'encourage. Cela dit, avec le temps, Sully s'accoutume à son espace. Il ne fait plus de bêtises, qui le mettent en danger et les séances de "babysitting" se finissent par des papouilles en règle! Sully a exactement compris comment il devait se positionner pour que les nounous armées d'un balais rallongé lui grattent le dos, le ventre ou les flancs à sa demande.


Les moments privilégiés de la garde sont ceux du repas.
George arrive avec le poisson tout frais. Il se penche au-dessus du bassin et Sully vient cueillir les poissons, à la surface ou carrément dans les mains de George. Il en profite pour se faire câliner encore et encore...


Est-il complètement hors de danger?


Non, car tant de choses peuvent encore arriver.
L'hôtel peut demander de récupérer l'espace alloué à Sully, car cela réduit grandement l'aire de jeu de ses touristes. Nous sommes en plein saison cyclonique qui peut amener des vents de sud-ouest et rabattre les pontons flottants contre le mur et l'étouffer. En août, un orage avait, pendant la nuit, fait souffler des vents contraires de 35 noeuds et l'avaient mit en péril.


Et la suite me direz-vous?
L'hélicoptère des gardes-côtes s'est transformé en patrouille de recherche de famille perdue. Des études ont montré que les groupes de globicéphales gravitent souvent autour d'une même région. Des parcours en étoile autour des îles ont été étudiés. La famille de Sully, n'est pas migratrice, elle vit en permanence dans la mer des Caraïbes. Mi-septembre, un groupe est passé vers la pointe ouest de l'île. Mais le temps que l'équipe soit prévenue et se mette en marche, il n'y avait plus aucun globicéphale à l'horizon. Espérons qu'une autre famille passe dans les parages rapidement.


Tout est prévu pour le départ de Sully. Dès qu'il sera rendu à la vie au large, il portera une balise satellite, qui permettra aux chercheurs de le suivre. D'abord pour savoir s'il se réintègre. Ensuite, pour étudier le déplacement du groupe.


S'il ne se réintègre pas?
Hé bien, le centre de San Diego est prêt à affréter un avion pour l'emmener vers le Sea Quarium américain. Il finira alors ses jours dans les bras d'une femelle d'une espèce cousine qui est à peine plus âgée que lui et qui serait heureuse de trouver un petit copain. Cette solution est la dernière extrémité, car vous imaginez le coût de l'opération!


Message d'espoir.
Quoiqu'il se passe pour Sully, je suis confiante. Il a eu tant de chance jusqu'ici. Il était improbable de le sauver et il a survécu. Il aurait pu s'échouer sur le continent, en face au Venezuela ou plus loin en Colombie, et il aurait servi de pâté pour chien ou tout simplement de nourriture pour les villages. Il se serait échoué ailleurs sur l'île, il serait déjà mort. Non, tout cela n'est pas arrivé, il a traversé avec ses nounous tant de périls que cette histoire ne peut se finir ainsi.
Ce n'est pas possible!


Nous ne manquerons pas de vous donner des nouvelles de Sully, car si nous avons dû cesser notre rôle de nounous pour cause de non-prolongation de visa de séjour sur Curaçao, nous avons là-bas des amis marins qui continuent de veiller sur lui.


Amitiés marines
Nat et Dom de L'Etoile de Lune


Astuce du mois
Quelles voiles pour le grand voyage ?


Avant de passer Panama pour nous élancer dans Pacifique, nous renouvelons la garde-robe de L'Etoile de Lune. C'est l'occasion de décoder pour les candidats au voyage le marché des voiles en 2009. Nous n'avons pas la prétention de donner ici les détails concernant le comportement d'un bateau sous voiles. Cet article vous aidera à prolonger leur vie et aider à choisir un maître-voilier dans la Caraïbe.


Sommaire
Quelles voiles pour le grand voyage ?
Conseils pour allonger la vie des voiles
Des protections antiragage et anti-UV à prévoir dès la conception
Réglages des voiles pour leur longévité
Drisses et frein de bôme
Tours d'inspection réguliers
Réduire avant de dormir
Autres pièces fragiles
Remplacement des voiles : où s'adresser quand on est dans la Caraïbe ?
Le génois
Le foc
La grand-voile


Quelles voiles pour le grand voyage ?
Les deux voiles le plus sollicitées sont le génois et la grand-voile.


Foc et Gennaker : ces deux autres voiles sont appréciées en grande croisière.
Dans les Caraïbes, entre les îles le près serré est l'allure la plus pratiquée. Dans le Pacifique ouest les navigations au bon plein ne sont pas rares, la mer Rouge se fait au près serré... Rien ne vaut, dans ces conditions, un bon foc sur étai largable.
La seconde est le gennaker, c'est la voile de portant et de petit temps la plus pratique à utiliser.


Spi et Trinquette : pour les avertis
Je vais faire grincer des dents, mais pour être sincère, je vous dirais que nous boudons notre spi! Il est beau, il est grand, il est tout ce que vous voulez, mais en équipage restreint, il sert plus souvent à chaluter du poisson qu'à améliorer les performances des bateaux de grandes croisières (sur 2000 ou 3000 milles gagner quelques heures, ce n'est peut-être pas prioritaire ?)


La Trinquette quant à elle, fut sortie quelques fois. Mais nous n'avons jamais connu de conditions suffisamment costaudes pour faire avancer le bateau avec elle. Espérons ne jamais les connaître! Voile lourde et très petite, avec 35 noeuds de vent soutenu au près serré, nous n'arrivions qu'à cogner dans les vagues sans les passer.


Conseils pour allonger la vie des voiles

Des protections antiragage et anti-UV à prévoir dès la conception :
- Garnir ses haubans de protections afin de limiter le frottement.
- Les renforts sont nécessaires sur les voiles. Le point d'amure des voiles d'avant rague souvent sur le haut du guindeau ou la verge de l'ancre, la voile doit être renforcée en ce point.
- Si vous faites passer le foc à l'intérieur des haubans, pensez à renforcer un large triangle autour du point d'écoute ou toute partie de la voile en contact avec les haubans.
- Lors de la commande d'une voile enroulée sur étai, demandez une TRES large bande anti-UV. Parfois, ces bandes ne sont pas assez larges et une partie de la voile reste dénudée lorsqu'elle est enroulée sur son étai. Le soleil et le vent mangent le tissu.
- Prévoyez des protections de voile. Pour la grand-voile, faites concevoir un taud spécifique en même temps que sa fabrication. Commandez un sac banane pour le foc, que vous ficèlerez aux filières entre deux navigations. Ces tauds prolongeront la vie de vos voiles, mettez-les dès que vous arrivez au mouillage.
-Veillez aussi, au tissu aux endroits où vous sanglez les tauds. Tout tissu qui bat à bord est un tissu qui tôt ou tard se déchire. Un taud qui forme une poche avant ou après une sangle sera, à force de battre, coupé comme s'il avait reçu un coup de couteau.


Réglage des voiles
- Pour maintenir une allure au plus près du vent, lors de la conception du foc, étudiez le passage des écoutes aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des haubans. La voile ainsi réglée vous donnera la possibilité de serrer le vent au plus près.
- Limitez les navigations où vous enroulez le génois. Celles-ci accélèrent les déformations du tissu. Les poches et creux nuisent aux réglages des voiles.
- Dans la mesure du possible, ne pas laisser battre les voiles. Réglez-les à la limite du faseyement et veillez à ce qu'elles le soient toujours par des réglages soignés lors des changements de vent.
- Lors de l'enroulement, agir au plus vite pour limiter cette période où elles claquent et s'usent contre les haubans.


Drisses et frein de bôme
- Evitez de faire battre les drisses. Toute drisse qui danse est susceptible de casser. Ainsi balancines, drisses, écoutes qui ne sont pas soigneusement tendues s'usent sur les réas, poulies et pièces métalliques et tombent tôt ou tard sur le pont.
- Prévoyez une série de drisses de rechange déjà installées dans le mât, elles remplaceront rapidement celles qui vous abandonneront en cours de navigation.
- En grande croisière, il est important de veiller à la qualité du frein de bôme. En traversée océanique au portant et en équipage restreint, il est difficile d'être constamment sur la brèche afin de prévenir tout empannage intempestif. Le frein de bôme vous y aide grandement. Il est souvent déconsidéré par les équipages, car lors des manoeuvres, il ralentit le passage de la grand-voile d'un bord sur l'autre, mais c'est son rôle !


Tours d'inspection réguliers
- En navigation, faites un tour quotidien d'inspection. Cela nous a permis de prévenir, par exemple, le dévissage du vit-de-mulet. Pendant la traversée de l'Atlantique, la grosse vis qui tient la bôme au mât se dévissait petit à petit. Nous avons pu agir à temps avant que la bôme ne se désolidarise du mât.

Réduire avant de dormir
- Navigation de grandes croisières, avant la nuit: réduire la voilure. Prenez un ris dans la grand-voile et dé-tangonnez votre génois. Et si vous naviguez sous spi ne le laissez pas pendant la nuit. C'est la nuit que tout arrive, grains et surventes. Ils sont moins visibles qu'en plein jour, à moins d'avoir les yeux rivés sur le radar. Prévoir une voilure réduite permet de laisser venir le mauvais temps et d'éviter de déchirer les voiles, tout en laissant dormir son coéquipier.


Autres pièces fragiles
- Consolidez les attaches de tangon. Dans les traversées océaniques, le mouvement perpétuel du bateau inflige aux jointures des forces draconiennes. Ainsi au bout d'une traversée sous génois tangonné entre Mauritanie et Martinique, la pièce de jonction entre le tangon et le mât était déchirée, aussi usée qu'une vulgaire feuille de papier alors que c'était une pièce en aluminium épais. Veillez à avoir ces pièces de rechange à bord.


Remplacement des voiles : où s'adresser quand on est dans la Caraïbe ?


Le génois
Le génois a dû être remplacé au bout de onze années de bons et loyaux services. Nous l'avons commandé chez Incidences en Martinique. Bon service, l'atelier est accessible en annexe depuis le mouillage du Marin. Il suffit de se poser à l'ancre devant le chantier, la livraison se fait facilement. Même service à Incidence Saint Martin. Incidence est, par contre, assez cher.


Caractéristiques du nouveau génois :
surface : 58 m²
Tissu : dacron 1er choix (bainbridge ou Dimension / Polyant)
grammage : 10,3 OZ - 430 g Dacron
Coupe horizontale, anti UV et rattrapage de creux, Prix TTC 4 206 euros en 2007


Remarque :
Au bout de deux ans d'utilisation, les fils de la bande anti-UV n'ont pas résisté aux conditions de vent et de soleil. Ils se délaminaient. Nous avons dû reprendre de nombreuses coutures. Lors de la conception, précisez que vous désirez un fil traité anti UV. La toile, par contre, n'a pas bougé, pas de déformation en cours.


Le foc
Celui-ci vient d'Incidence Martinique également


Caractéristiques du foc :
surface : 35 m²
Foc à un ris.
Tissu : dacron 1er choix (bainbridge ou Dimension / Polyant)
grammage : 903 OZ
Coupe horizontale, anti UV et rattrapage de creux, Prix TTC 2 202 euros en 2006


Notre foc a été fabriqué avec un ris, mais pour le moment et même dans des conditions de vent soutenu de 35 noeuds au près, nous n'avons pas eu à utiliser le ris. Nous arisons plutôt la grand-voile.


La grand-voile
Nous avons une grand-voile lattée, avec prise de ris en pied de mât. Celle-ci a tenu douze années avant de faire de la dentelle.


Pour la grand-voile, nous avons fait une étude de marché afin de trouver le meilleur rapport qualité-prix. Pour cela nous avons contacté trois sociétés. Lee sail en Chine, Incidences à Lorient et Doyle sur Curaçao.


Caractéristiques de la grand-voile du Passoa 43
- Grand-voile lattée avec 3 ris
- 5 lattes forcées en profil rond pultrudé verre polyester.
Surface : 42 m²
Tissus : Dacron 1er choix ( Bainbridge ou Dimension/Polyant)
Grammage : 9.3 Oz - 390 GR Incidences
9,5 Oz Leesails
9,62 Oz Doyle
Coupe : Coupe horizontale


Prix Incidences : 4 170 € HT non livré sur Curaçao - 800 euros de frais de livraison
Prix Lee sails Chine : 1800 dollars US non livré - 259 USD livrés par FEDEX
Prix de Doyle Curaçao : 3146 USD livrée et posée sur L'Etoile de Lune


Nous avons fini par choisir Doyle pour la proximité et la qualité des voiles.


INCIDENCE
Nous étions certains de nous faire livrer une grand-voile qui serait identique à la première, car ils en avaient les plans puisqu'ils avaient repris toutes les archives de Tonnerre. Mais le prix n'était pas compétitif.


LEESAIL
Cette société offrait un prix imbattable, mais des amis marins qui se sont fait livrer des voiles depuis la Chine, nous ont avertis que leur dacron n'avait pas tout à fait les mêmes caractéristiques que notre ancienne voile. Sous les Tropiques, avec l'air humide, les voiles moisissent et demandent d'être rincées à l'eau douce après chaque navigation!


Autre doute concernant la fabrication par Leesail. Nous craignons qu'ils soient incapables à distance de fabriquer l'exacte réplique de notre ancienne voile et qu'il faille une fois la livraison effectuée, retoucher la voile pour l'adapter aux spécificités du gréement dormant. Un bateau type Beneteau, ou toute autre grande marque a des voiles standards que Leesail connaît bien et sait fabriquer pour qu'elles « tombent juste » au moment de les gréer. Mais pour un voilier dont il n'existe que 6 exemplaires, nous avons craint que la coupe ne soit pas l'exacte réplique de l'ancienne, dans ce cas, il aurait fallu faire appel au maître-voilier de l'île pour qu'il adapte la nouvelle voile et qu'elle puisse correspondre exactement aux gréements ce qui aurait gonflé le prix final.


DOYLE
Il restait le choix de la proximité, avec Doyle sur place et sa renommée. En effet, faire découper nos voiles sur place et les faire monter par un maître-voilier évite les mauvaises surprises. Si la nouvelle grand-voile n'était pas exactement adaptée, le professionnel pouvait, sur place, faire les ajustements qu'il convient afin que nous repartions l'esprit tranquille.


Il est à noter que Rob Harm sur Curaçao, a tout a fait rempli son contrat. Il a livré les voiles en temps et en heure, il n'a jamais revu son devis et s'est tenu à la politique de prix annoncée dès le départ. Nous en sommes très satisfaits.


Photo du mois :
Happy avec tout le monde...


Les dissensions entre les gouvernements vénézuéliens et américains sont mondialement connues. Sur l'île d'Aruba, les insulaires se mettent à rêver et font parler les drapeaux. Tant qu'à faire, autant les mettre l'un à côté de l'autre et peut-être qu'à force de battre au vent à l'unisson, ils cesseront de rabâcher leurs querelles?

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