Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mercredi 11 juillet 2007

PETITES CYCLADES et le DÉDOCANÈSE, par Monique de TARANGA

Grâce à Monique du voilier Taranga, elle nous fait parvenir ces magnifiques articles tout au long de leur voyage.

Les Petites Cyclades et le Dédocanèse

A partir de Ios (île sans trop d’attrait sauf pour ses plages) nous nous sommes rendus dans les Petites Cyclades (Iraklia, Skhinousa, Karos), série de petites îles entre le triangle formé par Naxos, Ios et Amorgos.

Là, il est encore possible de trouver des mouillages forains où l’on est seul dans de petites baies aux eaux cristallines avec comme fond sonore le bruit des clochettes des chèvres qui broutent paisiblement à flanc de collines. Très peu d’habitants, à peu près pas de touristes, peu de bateaux, que des îles arides avec peu de végétation mais tellement paisibles où il fait bon s’y arrêter quelques jours pour s’y baigner et se prélasser au gré des flots. Avec de bonnes munitions, on peut facilement y passer une semaine de rêve si on aime la tranquillité, la lecture et la baignade.

Une fois bien reposés, on repart vers Amorgos, un trajet d’à peine 10 miles nautiques, afin de visiter le très impressionnant monastère de la Hozoviotissa qui n’a que 5 mètres d’épaisseur et se trouve à 300 mètres de hauteur, prêt à se décrocher pour tomber dans le vide.

Pour compenser le manque de profondeur, le monastère compte 8 étages. Il faut de bons souliers de marche, avoir les épaules recouvertes, porter une jupe longue pour les dames et des pantalons longs pour les hommes (les pantalons ne sont pas acceptés pour les dames).

Au retour, il faut absolument s’arrêter à Hora, village cycladique typique avec ses maisons blanches et bleues, ses jolies boutiques où on y trouve de très beaux objets faits à la main par les habitants de l’île et de petites tavernas accueillantes où l’on peut siroter un bon café froid en observant la vie qui s’y déroule paisiblement.

Je conseille de partir tôt le matin pour le monastère et arrêter à Hora au retour avant la chaleur de l’après-midi. L’île est très accidentée, il est donc intéressant de louer une petite moto ou prendre l’autobus de l’île pour aller vers le nord jusqu’à Langada, très beau village dans les montagnes.

De là, les amateurs de randonnées pédestres pourront s’en donner à cœur joie. C’est sur cette île que Luc Besson a tourné des scènes du film le ‘Grand Bleu’. On projette le film à tous les soirs au Bar du même nom pour ceux et celles qui ne l’auraient pas encore vu ou qui voudraient le revoir sur les lieux même de tournage.

Nous avons passé 4 jours magnifiques à Amorgos, ancré dans la grande baie près du village de Katapola, en toute sécurité avec un très beau décor, juste en face du bar le Grand Bleu et tout à fait gratuitement. Il est aussi possible de s’amarrer au quai municipal pour quelques euros par jour mais c’est plus bruyant et on ne peut pas se baigner tandis qu’à l’ancre on peut plonger dans une belle eau cristalline à volonté.

Suite à nos belles excursions sur Amorgos, on part en direction de Patmos, un trajet d’à peine 35 miles nautiques. Comme on a le nez dans le vent avec une houle assez importante, on décide de s’arrêter dans la très jolie baie de Nikouria au nord est de Patmos avec fond de sable et toujours une belle eau cristalline. On se baigne et on se couche tôt.

Le lendemain on repart vers Livitha, un trajet de 24 miles nautiques. On ira à Patmos plus tard. Au départ on a une mer agitée et le vent dans le nez mais quelques heures plus tard la mer se calme et le vent vire quelque peu, ce qui nous permet de faire le reste du trajet à voile.

En arrivant, on découvre une petite île où habitent 2 familles et leurs chèvres depuis plus de 300 ans, de générations en générations. Ils ont installé une dizaine de corps morts (moorings) dans le fond de la baie et nous font payer 7 euros. C’est très raisonnable compte tenu de la beauté sauvage des lieux. Une chance qu’on est arrivé tôt car en fin d’après-midi, tous les corps morts étaient occupés.

Notre ami Jean-Luc est arrivé juste à temps pour prendre le dernier corps morts. Vers 19 :00, nous sommes tous monté au sommet de la colline pour aller souper (je devrais dire dîner) à la petite taverna de la maison familiale qui se trouve dans la cour arrière de leur maison.

Le proprio vient aux tables pour nous servir et sa dame est à la cuisine pour nous mijoter des plats typiques de la région. Ils parlent anglais donc on peut s’informer des us et coutumes de l’île. Ils nous servent de la chèvre grillée tout à fait délicieuse. Des français nous offrent une bouteille de vin blanc car on leur avait aidé à prendre le corp mort; ils étaient très contents de l’accueil qu’on leur a fait. Plus tard, on a découvert qu’ils ont une maison sur Patmos et viennent souvent à Livitha. Ils sont amis avec les proprios du resto.

On a également retrouvé des jeunes français avec leurs deux enfants; on les avait rencontrés à Ios et revus à Amorgos. On suit à peu près le même trajet. Somme toute, on a passé une belle soirée typiquement cycladique sur Livitha. Le lendemain on est parti pour Patmos car il faisait très chaud dans la petite baie de Livitha.

Nous sommes maintenant dans le Dédocanèse et le style des maisons est assez différent des Cyclades. Il y a plus de couleurs pastelles et moins d’escaliers. Nous sommes très proches de la Turquie en Asie Mineure, donc entre l’Orient et l’Occident.

Le Dédocanèse n’a rejoint la Grèce qu’en 1948 et la Turquie conteste encore les frontières. Il faut faire bien attention lorsqu’on navigue dans cette région de ne pas passer de la Turquie à la Grèce et vice versa car en théorie, on doit laisser notre ‘transit log’ lorsqu’on quitte le pays (i.e. la Grèce) et en acheter un nouveau lorsqu’on entre dans l’autre pays (i.e. la Turquie) et ainsi de suite.

En pratique, plusieurs navigateurs gardent les 2 ‘transit log’ et se promènent tout l’été entre les 2 pays sans trop se préoccuper des lois. Par contre, il ne faut pas se faire prendre car les pénalités peuvent être très sévères; chacun surveille jalousement ses frontières.

Comme le ‘transit log’ coûte aux alentours de 35 euros, c’est une bonne entrée d’argent pour eux, ils n’aiment donc pas que les gens traversent leurs frontières sans acheter un nouveau ‘transit log’. On a décidé de suivre les règles, on va donc visiter tout ce que l’on veut voir en Grèce et ensuite on y ira en Turquie et on y restera jusqu’au printemps prochain.

Le ‘transit log’ en Grèce est valide pour 6 mois et en Turquie pour 1 an. Par contre, les personnes doivent sortir du pays après 90 jours. Il faut bien surveiller pour ne pas dépasser les 90 jours car les pénalités sont très élevées.

Dans notre cas, nous sommes entrés en Grèce le 21 Avril, il faudra donc en sortir d’ici le 19 juillet. Si l’on veut rester en Grèce plus de 90 jours, il est possible de demander une extension; il faut par contre le faire avant l’expiration des 90 jours.

Par contre, ce n’est pas possible en Turquie, il faut absolument sortir avant que les 90 jours soient expirés. En général, les gens prennent un traversier pour se rendre à une île grecque, font étamper leur passeport et reviennent le même jour.

On arrive donc à Skala, la ville principale de Patmos, un dimanche après-midi sous une chaleur torride. On se met à quai pour faire quelques courses et aller sur Internet. Ensuite on va se mettre à l’ancre dans la très jolie baie de Grikou. En arrivant, on s’aperçoit qu’il y a des corps morts de libre. On en prend un, ce qui nous permet de rester là plusieurs jours en toute tranquillité et aller visiter l’île sans se soucier du bateau.

Jamais personne n’est venu nous collecter pour le corp mort. Patmos est l’île où l’apôtre St-Jean a eu ses visions d’Apocalypse et où il y aurait écrit son Évangile et son Apocalypse. On part donc avec des Allemands qui ont un bateau près de nous pour aller visiter le fameux monastère qui lui est dédié.

Un taxi nous amène jusqu’au pied du monastère. Là également il faut des pantalons longs pour les hommes et une jupe longue pour les dames. Si on n’a pas ce qu’il faut, on nous prête des vêtements à l’entrée que l’on doit remettre à la sortie. Il n’y a pas grand-chose à visiter au monastère sauf le fait de se retrouver sur les mêmes lieux que St-Jean.

Par contre, le musée vaut la peine d’être visité. Au sortir du monastère, on se promène dans les petites rues paisibles du village qui est resté vraiment authentique; pas d’hôtels que de petites tavernas qui nous invitent à la détente en sirotant un bon café froid, un verre de retsina ou une bonne bière froide. On redescend à pied par l’ancien chemin byzantin qui mène jusqu’à Skala.

Au passage, on s’arrête à la grotte où St-Jean aurait eu ses visions d’Apocalypse. C’est un site magnifique sis dans une forêt de pins entouré de bougainvilliers et d’hibiscus. Difficile de croire que St-Jean eu tant de tourments dans ce site si paisible.

La descente vers Skala prend environ 30 minutes. Il faut avoir de bons souliers de marche car c’est un chemin de pierres à pente abrupte à certains endroits. On avait songé à louer une moto pour visiter le reste de l’île mais comme il faisait tellement chaud, on a préféré rester à bord du bateau pour se baigner et se reposer.

Faut dire qu’on était en plein milieu d’une canicule qui a causé plusieurs morts à Athènes où on a enregistré des températures record de 45C. Sur le bateau, la température n’a jamais baissé en bas de 31C pendant 5 jours; une chance qu’on avait une grande piscine tout autour de nous.

Une fois la température redevenue normale, nous nous sommes dirigés vers Lipso à 10 miles nautiques de Patmos. A notre arrivée, nous y avons trouvé un village triste et désolant. Nous avons donc décidé de passer outre et de continuer sur Leros, un autre 8 miles nautiques. Comme on annonçait des vents du Nord assez fort, nous avons opté pour la baie de Xerokambos au sud de l’île qui est très bien protégé des vents du Nord.

Malheureusement, ce petit village de pêcheurs n’est pas desservi par les autobus de l’île. Des Italiens nous ont amené à Lakki où nous avons loué une petite moto pour faire le tour de l’île. Il y a trois jolies villages sur l’île, Lakki, Pandelli et Alindas avec de jolies baies pour s’ancrer mais pas toujours bien protégées des vents du nord. A Lakki, il y a un port où l’on peut se mettre à quai. La ville a un certain cachet, on se croirait parfois dans un film de Mussolini. Le tour de l’île nous offre des paysages de bord de mer à couper le souffle. C’est une île tranquille, un peu en dehors du circuit touristique; il y a peu de trafic donc c’est idéal pour la moto. Nous passons finalement 5 belles journées dans notre petite baie de Xerokambos à se baigner, lire et flâner.

Finalement les vents se sont calmés et l’on décide de partir tôt le matin pour Kos, un trajet de 20 miles nautiques. On se met au quai municipal qui coûte 15 Euros par jour. Il y a une marina à 1km plus loin. Ca nous aurait coûté environ 30 euros par jour. Comme c’est à l’extérieur de la ville, on a préféré rester dans la vielle ville, au pied de la muraille du château des Chevaliers.

La ville est jolie mais très bruyante. C’est plein de jeunes venus d’Europe du Nord pour le début des vacances. Ça fait la fête toute la nuit jusqu’au levée du soleil. Ce n’est pas facile de dormir en plus qu’il fait chaud et que la muraille nous cache le vent. Si on avait su, on serait allé à la marina.

Le lendemain matin, on prend le bus pour se rendre jusqu’à Kéfalos au sud complètement de l’île. On traverse donc l’île du Nord au Sud. Il y a de jolis villages en bord de mer avec de belles villas comme par exemple à Marmari, Mastihari et Kamari. Près du Club Med à Kamari, on a vu un restaurant appartenant à des Canadiens sur le bord de la plage. Ils ont une vue fantastique sur la baie de Kamari.

Pour les amateurs de site archéologique, il y a le site de l’Asclépéion qui est un vaste sanctuaire dédié au dieu Asclépios, dieu de la médecine. Ce site fût érigé au 4ième siècle av. J.-C. C’était une vaste école de médecine et un très important centre thérapeutique du monde antique. C’est un site intéressant à visiter tôt le matin ou en fin de journée pour éviter la chaleur.

La ville de Kos fût la ville de Hippocrate. On y retrouve le fameux platane sous lequel il aimait dispenser son enseignement et où il aurait prononcé son fameux serment. Non loin se trouvent les ruines de la cité antique et le Château des Chevaliers de l’Ordre de St-Jean qui sont devenus par la suite les Chevaliers de Rhodes et les Chevaliers de Malte.

On trouve donc de tout dans la ville de Kos. Il y a beaucoup d’arbres qui jettent de l’ombre et nous permettent de se rafraîchir, il y a aussi de belles plages tout près de la ville mais elles sont très occupées en Juillet et Août. Les ruines antiques s’intègrent bien au développement moderne de la ville. Par contre, la ville est beaucoup trop touristique; il faut absolument éviter d’y aller en Juillet et Août car c’est l’endroit de prédilection de tous les jeunes d’Europe du Nord qui viennent pour y faire la fête sans trop se soucier de ceux et celles qu’ils empêchent de dormir.

Il n’y a malheureusement pas de baies autour de l’ìle pour ancrer en toute sécurité. Il n’y a que de petits ports de pêche laissant peu ou pas de place aux bateaux de plaisance. Il faut donc rester au quai municipal dans la veille ville, ce qui est très bien en dehors de la saison touristique ou aller à la marina qui est un peu en dehors de la ville (environ 25 minutes de marche) mais beaucoup plus tranquille avec de bonnes accommodations (eau, douche, électricité).

Après 2 jours au milieu de la vie trépidante de Kos, on est bien content de partir pour la petite île de Simi, à 38km au Sud-Est de Kos et 5km des côtes Turques. C’est une île beaucoup plus pittoresque et surtout plus tranquille. Il est possible de s’ancrer à la Méditerranéenne au quai municipal de la ville mais comme il faisait très chaud, on a décidé de s’ancrer dans la très jolie baie de Pathi qui est tout juste à coté, de l’autre coté de la montagne. Comme c’est une baie très profonde, il faut se rendre tout au fond et s’ancrer tout près de la plage.

On y retrouve l’atmosphère de détente et la ‘ferniente’ méditerranéenne. L’eau est chaude à 27C et très cristalline. Ça nous change de la vie tumultueuse de la ville. Que c’est donc agréable d’être à l’ancre plutôt qu’à quai avec tous les gens qui viennent nous épier et la chaleur étouffante du béton.

On fait le tour de l’île en moto, en fait il n’y a qu’une route qui nous amène jusqu’en haut de la montagne et nous ramène de l’autre coté en passant par quelques monastères et autres édifices religieux pas toujours faciles d’accès (Simi est l’île des monastères). La moitié de la route n’est pas asphaltée donc un peu dangereux parfois en moto car c’est assez accidenté.

Par contre ça vaut le coup car l’île est très jolie, il y a beaucoup d’arbres ce qui nous rafraîchit et donne de très beaux paysages. En haut de l’île on a une belle vue sur Rhodes et la Turquie par temps clair. Tout au sud de l’île, il y a la jolie baie de Panormitis qui abrite un grand monastère réputé pour avoir un icône miraculeux de Saint-Michel, patron de l’île; il accueille plusieurs milliers de pèlerins à chaque année. On ne peut y accéder que par bateau.

Ici s’achève notre voyage en Grèce pour cette année, on doit remettre notre ‘transit log’ aux autorités portuaires car demain nous partons pour la Turquie, plus précisément à Marmaris qui est à 30km d’ici.

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