Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

jeudi 1 novembre 2007

SDF - Jean-Marie et Godelieve à BALI

Copie du message reçu :


Après avoir passé deux mois dans l'Indonésie "profonde", nous sommes arrivés à Bali. On croirait avoir changé complètement de monde. Tout est différent, les paysages, l'architecture, la culture, la religion.

Toute la flotte du rallye Sailindonesia (120 bateaux) s'est retrouvée au nord de Bali, à Lovina, petite station balnéaire. Première impression en mettant pied à terre: ce ne sont que petits hôtels, restaurants, boutiques de souvenir et, horreur, plein de touristes (on n'en avait pas vu pendant deux mois). Après avoir sillonné l'île (qui n'est pas très grande: 120km sur 60) pendant plusieurs jours, on comprend pourquoi il y a tant de touristes, c'est une des plus belles îles que nous avons vu en huit ans de navigation.

L'île est très montagneuse et les paysages magnifiques: lacs au pied de volcans, rizières en terrasse où des buffles retournent la terre et les hommes en chapeau pointu repiquent les jeunes pousses, côtes sud donnant sur l'océan Indien très tourmentées et avec de gros rouleaux faisant la joie des surfeurs,...

Comme partout, nous avons eu droit à des cérémonies d'accueil accompagnées de danses. Rien à voir avec les danses un peu frustes (on s'en rend compte maintenant) que nous avions vues dans les autres îles. Ici, c'est le summum de la sophistication: costumes luxuriants, danseurs et danseuses très maquillés, chorégraphie élaborée: des mouvements très complexes mais tout en douceur, le mouvement des doigts et des mains qui prend des années de pratique, la tête qui se déplace de droite à gauche en un mouvement de translation sans inclinaison et sans rotation, les roulements des yeux,...

Bref, on a l'impression que ces danseurs sont en caoutchouc. Pour la cérémonie d'accueil, nous avons eu droit à une centaine de danseurs répartis en plusieurs groupes, sur la plage avec la mer en arrière plan. Chaque jour il y avait ainsi des danses sur la plage.

Bali est l'île des dieux. La population est majoritairement hindouiste (92%); il y a sur l'île plus de temples que de maisons! Devant chaque maison, il y a un temple familial souvent plus grand et plus décoré que la maison elle-même, avec de multiples autels tarabiscotés à Brahma, Çiva, Vichnu et autre divinités.

Il y a également de nombreux temples régionaux, corporatifs et publiques qui sont souvent immenses. On en a visité plusieurs mais il y en a deux que nous avons trouvés particulièrement magnifiques: l'un au bord d'un lac, l'autre construit sur des rochers battus par les gros rouleaux de l'océan indien.

Nous étions là pendant les célébrations de la pleine lune qui, ce mois-là, sont particulièrement imposantes. Pendant trois jours, les gens viennent en procession faire des offrandes aux dieux, une orgie de nourriture. La plupart des offrandes sont des montages faits avec des fruits mais on a vu aussi quelques pièces montées de plus de deux mètres, entre autres, l'une faite avec des biscuits et friandises multicolores, l'autre avec toutes les parties imaginables du cochon (après une journée au soleil cela sentait la graisse rance!).

C'est un spectacle magnifique que de voir les Balisiennes richement vêtues venir au temple en portant sur la tête ces pièces montées. Pendant les cérémonies, il y a aussi des danses que personne ne regarde (ils ont tellement l'habitude de les voir) mais c'est un honneur pour des jeunes filles de pouvoir ainsi danser pour les dieux. Il y a aussi de multiples offrandes beaucoup plus modestes - bouquets de fleurs, grains de riz, quelques fruits - disposés sur les autels, devant les maisons ou les commerces.

Nous avons vu des champs entiers d'hortensias, d'oeillets d'Indes et autres fleurs cultivés pour ces offrandes. La vie de Balisiens reste organisée autour de leur religion, des cérémonies aux temples et du culte qu'ils rendent aux dieux.

Même s'ils ne représentent, à Bali, que moins de 5% de la population, les Musulmans se font entendre bruyament, avec une sono à tout casser, 5 ou 6 fois par jour, à partir de 4h30!

Revers de la médaille, la présence de touristes entraîne une prolifértion des boutiques de souvenirs et autres babioles "artisanales". Les échopes pululent autour des hôtels, à l'entrée des temples. Les vendeurs et les vendeuses sont agressifs et nous poursuivent sur le trottoir. On a même vu des enfants de 5 ans pratiquer ainsi de la vente sous pression!

Nous avons quitté Bali pour d'autres îles : Karimun Jawa, petite île charmante, tranquille où nous avons pu faire provision de noix de cajou, principale culture de l'île, si on excepte les bonsaïs que l'on retrouve partout. Tous les soirs de jolies barques de pêche multicolores, d'une 12zaine de mètres de long, hérissées de perches et de lanternes prennent la mer; on les voit la nuit, ligne de lucioles sur l'horizon. Au retour, à l'aube, elles ramènent des tonnes de poissons: de pauvres petites bêtes de 4 à 5 cm qui n'auront jamais le temps de grandir pour nourrir les gros poissons. (Est-ce la raison pour laquelle, depuis que nous sommes en Indonésie, nous n'avons pas pris un seul poisson? Les seules choses que l'on ramène ce sont des sacs de plastique...). Ces petits poissons sont salés et mis à sécher au soleil pour être expédiés sur les marchés de Java.

La seconde île, dernière étape officielle en Indonésie, était Bellitung, île déjà plus importante et plus prospère (ressources minières, bois). Ici aussi pêche intensive de petits poissons. Le séchage se fait en front de mer, sur des claies qui couvrent plusieurs hectares! Les bateaux de pêche sont ici tout à fait différents des précédents: ils ressemblent à de grosses araignées. Il faut dire que les bateaux de pêches ou de transport sont, d'île en île, tous différents; on pourrait faire un album avec tous ces modèles de bateaux, de la pirogue creusée dans un tronc et avec un balancier de bambou au gros cargo de bois, à étrave élancée, à voile et à vapeur. Tout cela est bien joli, mais la nuit aucun de ces objets flottants ne porte de feux et tous sont invisibles au radar. Inch Allah!!

En trois mois nous n'avons vu qu'une petite partie de l'Indonésie, l'Indonésie rurale et la moins développée (exception faite de Bali qui mise sur le tourisme). Les deux grandes îles, Java et Sumatra connaissent un développement industriel important grâce surtout au pétrole et aux ressources minières. Peu, s'il en est, de ces revenus reviennent dans les îles les plus pauvres; l'état des infrastructures et des services en fait état. Il est vrai que l'une des règles ici, suivie par tous ceux qui le peuvent, est de prélever une dîme sur tout ce qui passe à leur portée. Du simple fonctionnaire qui demande une "taxe" comme droit d'ancrage "c'est le réglement" se fait-on dire, et le règlement change de place en place, aux hauts fonctionnaires qui trouvent le moyen de se payer de luxueuses villas... À trop vivre sur la bête, elle devient exsangue.

En conclusion, nous sommes tout à fait enchantés de notre "croisière" en Indonésie. N'eut été ce rallye et son organisation, il nous aurait été impossible de voir tout ce que nous avons vu. Ce fût une expérience unique et nous ne pouvons que recommander à ceux qui compte naviguer dans ces parages de participer à cet évènement annuel.

Finie l'Indonésie, maintenant c'est la remontée du détroit de Malacca par la côte ouest de la Malaisie puis la Thailande.

Amitiés à tous;

Jean-Marie et Godelieve à bord du "SDF"

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