TIME: 2012/05/13 02:03
LATITUDE: 13-52.70S
LONGITUDE: 173-22.88W
COMMENT: Navigation direction Wallis
position à 14 heures locale le 13 mai ( 2h UTC ou 4h en France) Distance restant à parcourir : 170 milles nautiques Distance parcourue depuis le départ : 1340 Cap suivi : 260° vitesse du bateau : 4.5 noeuds Allure : vent arrière bâbord amure
Conditions :
Houle courte 2 mètres, (houle du vent, sans houle croisée) Vent 10 à 15 noeuds SE
Bonjour,
Aujourd'hui, n'existe pas! Dès mon lever, je suis déjà demain!
Nous ne naviguons encore que par 173° de longitude ouest et pas encore sur la belle ligne tracée au 180° E/O, et nous avons déjà changé de date et de fuseau horaire. Ici, cette ligne a pris quelques fantaisies. Au point extrême ouest des Samoa américaines, nous quittons le fuseau horaire des Etats-Unis. Les Samoa américaines sont à -11 heures du temps universel (le fameux T0 de Greenwich). Les Samoa indépendantes, par soucis de se rapprocher de leurs grands voisins Néozed et Australiens ont décidé en 2011 qu'elles feraient partie des "pays de l'autre côté de la ligne". Ainsi, ils sont à +13h TU. Ce qui signifie que les deux archipels samoans ont la même heure, mais pas la même date. Quand il est midi dimanche aux Samoa américaines, il est midi lundi aux Samoa indépendantes.
Les Fidji et Wallis sont également passés de l'autre côté de la ligne. Wallis ne se trouvant qu'à 4 degrés du 180°, soit au 176° ouest, et dépendant en tout de la Nouvelle-Calédonie, s'est rangée, par souci de facilité, aux horaires de son voisin français le plus proche.
A présent à bord de notre Etoile, nous sommes donc à +12h TU. Donc à 8 heures du matin ce dimanche matin, il est 20 h samedi à Greenwich (TU) et 22 heures samedi en France et 16 heures samedi au Québec.
Ainsi, tandis que nous étions bon derniers de notre Belle Planète à voir le coucher du soleil jusqu'aux Samoa américaines, à présent, nous sommes les premiers à nous réveiller! Mais pour arriver à être les premiers, ils nous a fallu céder un jour! Pour nous, le 11 mai n'a pas existé...
Un peu d'histoire?
Tout cela c'est encore de la faute à Magellan!
Le pauvre! Je lui colle tout sur le dos, n'a-t-il pas eu assez de soucis en laissant sa tendre peau se faire mastiquer par une tribu des Molluques?
Ce cher Magellan partit de Cadix le 20 septembre 1519. Financé par la couronne d'Espagne, il s'était donné pour objectif d'ouvrir une route aux épices qui passerait par l'Amérique latine. Faut-il rappeler l'importance des épices? A l'époque le poivre, la cannelle, le girofle, le gingembre valaient six fois le poids de l'or!
Avant lui, Christophe Colomb avait complètement "loupé" le grand continent, quant à Balboa, il avait entraperçu, un océan au-delà de l'Isthme de l'actuel Panama. Magellan, qui n'était qu'un "petit mal né", ayant servi 7 ans dans les forces portugaises à travers l'océan Indien et jusqu'aux Molluques, restait persuadé qu'il existait au-delà de cet horizon, des possibilités plus vastes encore que ce que le "Fortuné" Manuel, roi de sa patrie d'origine n'exploitait. Manuel ne vit pas l'intérêt de financer son expédition, il l'autorisa à vendre ses services à d'autres couronnes, c'est l'Espagne qui le recueillit. (Comme l'histoire se répète! Colomb lui aussi dût changer de couronne pour trouver finances à ses pérégrinations)
Je vous passe les détails d'un parcours laborieux au travers du détroit qui porte aujourd'hui son nom, qu'il découvrit et dont il sortit victorieux le 28 novembre 1520. Je vous épargne le scorbut, les mutineries, les famines, les trahisons, les condamnations à mort, les avaries, et autres naufrages... Rien ne manque à cette formidable aventure, pas même la conversion du Roi de Cébu au catholicisme, avant le massacre, du capitaine ne personne, par une tribu de Mactan.
Il reste sur les 265 hommes d'équipage partis d'Espagne, 18 hommes. L'un d'eux va mener l'équipage sur un bateau qui prend l'eau, il se nomme Juan Sebastian El Cano (aujourd'hui, il donne son nom au "trois-mâts-école" navire de guerre espagnol). Il parvient à contourner le Cap de Bonne-Espérance. En 1522, devant le Cap-Vert, l'équipage mourant de faim et de soif se livre aux autorités portugaises. Tous avaient juré de garder le secret absolu sur l'exploit qu'ils venaient de réaliser : premier tour du monde d'est en ouest réalisé par un même bateau et un même équipage. Mais leur carnet de bord, et la date indiquée au jour de leur entrée en geôles portugaises du Cap-Vert les trahit :
"Comment? Nous ne sommes pas un Mercredi? Aujourd'hui c'est jeudi?"
Par quelle étrangeté aurions-nous perdu un jour, alors que le journal a été tenu scrupuleusement?
Ce jour de décalage, ils ne pouvaient l'avoir perdu qu'en tournant d'est en ouest autour de notre planète! C'est ainsi que les 18 hommes se retrouvent quelques semaines plus tard, un cierge à la main défilant sous les acclamations des habitants de Séville. Les cloches de la cathédrale sonnent, sonnent, sonnent : LA TERRE EST RONDE! Pytgagore l'avait affirmé quelque 2122 années plus tôt, sans pouvoir le prouver.
Avec cette découverte, l'homme allait devoir diviser notre planète en fuseaux horaires, il en découle le T0 à Greenwich et la ligne de changement de date, au 180° ou l'Est et l'ouest se chevauchent avant de passer la main.
Voilà...
A demain, pour le dernier point au large avant de pénétrer dans le lagon de Wallis (arrivée prévue 8 heures le 15 mai heure locale, pour entrer avec l'étale de la marée)
Gros bisous Nat et Dom
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