Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 28 mars 2008

ÉTOILE DE LUNE - Nathalie et Dominique chez les Kunas

OH combien je suis d'accord avec les propos de Nathalie et Dominique - et si on essayait....



Bonjour les capitaines,

Excellent que de bien vouloir répercuter nos petites observations de marins, pour essayer de prendre soin de notre si belle planète.Comme toujours nos capitaines du réseau sont "au top"!

Je ne sais pas si ce que je vous écris là rentre dans le programme de "une semaine pour la terre".

Voici la situation :

Depuis que nous sommes en pays Kuna, nous voyons les Kunas jeter leurs poubelles dans la mer.
Voici deux postions gps entre lesquelles nous avons observé les faits : 08°44N - 77°32W ET 9°N - 78 W

Ils remplissent des sacs plastiques qu'ils referment une fois pleins, ils ne trient rien, et hop, tout est envoyé dans l'eau comme si la mer était une décharge capable de digérer toutes ces ordures.

Ce comportement n'est pas marginal. Il faut compter un sac par jour et par famille. Dans un village comme Ustupu qui compte 8000 habitants, on peut estimer les dégâts quotidiens que cela fait. Cette pratique existe dans chaque village depuis Perme jusqu'ici, à Achutupu. Les rivages sous le vent des villages sont une réelles catastrophes écologiques. En avril, les tortues vont venir pondre comme depuis des millénaires sur des plages du continent qui aujourd'hui ressemblent à des cloaques.

Je signale au passage qu'il n'y a pas d'industrie dans la région, le continent est vierge de toute construction, c'est une volonté des Kunas, la région leur appartient, aucun étranger ne peut s'y établir. Ils protègent donc leur environnement des méfaits des étrangers. Comment leur expliquer qu'ils doivent également prendre soin de leur région à leur échelle?

Selon le mode de fonctionnement du peuple Kuna, il y aurait un moyen.

Voici brièvement comment fonctionnent les Kunas:

Trois caciques sont élus par le peuple kuna, ils vivent à Panama City. Ils sont les représentants politiques des kunas auprès de Panama.

Les sahilas sont les chefs spirituels des villages. Chaque village suit les recommandations du sahila, qui lui aussi a été élu. Il fait acte de présence chaque jour au congresso, à l'écoute des villageois, mais aussi pour informer les villageois de nouvelles règles.

Tous les 6 mois, les sahilas se rendent à Panama City, pour une grande réunion sous l'égide des caciques. Les caciques à la suite de ces réunions, rapportent au gouvernement panaméen les requêtes les plus importantes pour les kunas.
En général, le Panama accède à ces requêtes.

Les kunas ont ainsi obtenu des aérodromes dans quasiment chaque grosse agglomération (à cinq milles d'intervalle nous avons compté 4 aérodromes, desservis quotidiennement) Ils ont obtenu des écoles bâties en dur, et des professeurs payés par l'état panaméen. Chaque village, même les plus reculés comme Perme et Caretto, dispose d'antenne satellite et de téléphones publics alimentés en panneaux solaires. Un programme portant le nom de "connectate" est à l'essai, pour que chaque village dispose d'internet en 2009.

Tous ces exemples pour montrer que les Kunas demandent et reçoivent. Pourquoi ne pas imaginer qu'à l'inverse, une autorité environnementale de la planète fasse une requête au gouvernement panaméen et au peuple kuna???

D'une part, il faut faire passer le message aux kunas, d'autre part, il faut que le gouvernement panaméen installe des structures de traitement des déchets.

Concernant le rôle des Kunas :
Pourquoi, ne pas expliquer aux caciques qui expliqueront à leur tour aux sahilas que le comportement des kunas doit changer?

Le sahila parle chaque jour aux villageois, il leur explique que leur dieu est un tout : la mère, le père et la nature. La mer fait donc partie de ce que culturellement ils devraient respecter. Le problème est qu'ils ont toujours jeté leurs déchets à la mer. Tant qu'ils ne jetaient que des matières organiques, la mer parvenait à dégrader les rejets des villages. Actuellement, ils font comme toujours, sauf qu'aujourd'hui, les matières plastiques ont fait leur apparition partout et qu'ils les traitent comme des matières organiques. Il faut leur expliquer la différence. Les informer du mal à venir. Les rendre conscients.

Sachant tout cela, il me semble qu'il n'est pas plus difficile de mettre en place un système d'éducation concernant leurs déchets que de leur permettre de communiquer et de voyager. Il suffit d'insérer dans le programme d'éducation des enfants, des plages d'information concernant ce sujet. Sur certaines îles de Colombie, les autorités dédient un mur au centre du village pour l'éducation de la population, pourquoi ne pas faire de même. Dessins à l'appui pour ceux qui ne savent pas lire. Et puis surtout, demander aux sahilas qui ont une forte autorité sur les villageois de prévenir que cette pratique est dommageable pour leur avenir et qu'ils ne doivent plus jeter les plastiques à la mer.

Concernant le rôle du gouvernement pananméen :

Pourquoi ne pas imaginer qu'à l'issue d'une réunion entre les caciques et le gouvernement panaméen un plan de traitement des déchets dans les villages kuna soit mis en oeuvre? En terme de coût ce n'est certainement pas aussi onéreux qu'une multitude d'aérodromes, et en terme de rendement, les Kunas en protégeant la mer qui les nourrit, préserveront leur avenir et celui de la planète.

Le 3 mai 2009, un nouveau président du Panama sera élu. Les kunas sont très politisés, et défendent chacun leur parti préféré. Il y en a 10 en lice. Pourquoi un plan de traitement des ordures en Comarca de Kuna Yala (pays Kuna) ne serait pas à l'ordre du jour quelque soit le président élu ???

Il est certain que les Kunas ne sont sans doute pas le seul peuple qui agisse ainsi sur la planète, mais vu leur comportement, et leur manière de respecter le sahila, il est peut être l'un des peuples avec lequel il soit le plus facile d'agir pour changer un mode de fonctionnement qui leur sera dommageable. Et pourquoi ne pas imaginer qu'ils deviendraient un exemple pour la planète? Ils deviendraient la fierté écologique de cette planète.

Voilà chers capitaines, vous me trouverez idéaliste ou simpliste (?)
Le tableau actuel n'est pas réjouissant, mais il peut le devenir, avec de bonnes âmes placées au bon endroit qui puissent parler à tout ce monde-là....

Hier j'ai failli aller voir le Sahila d'ustupu, mais il faut un interprète pour lui parler. Je n'en avais pas.

Alors, je me suis dit que peut être dans le cadre de la semaine de la planète, on aurait une chance de communiquer avec les Caciques????

Construire un meilleur demain dans ses rêves, c'est poser ses premiers jalons.

Avec toute notre amitié marine
Nat et Dom de l'étoile de lune

1 commentaire:

Giva a dit...

Bonjour Nathalie
C'est bien ce que tu veux faire. Quand nous y sommes passé en 1992 ils le faisait déja. Je crois que pour avoir une chance d'être écouté par les Kuna il faudra que tout vienne de la bouche d'un homme, pas seulement d'un interprete masculin, parce qu'en 1993 ils n'écoutaient même pas si une femme leur parlait. Ghislaine peut en témoigner. Ils ont surement évolué mais les racine sont profondes et je ne crois pas que les ancienne coutumes soit completement oublié.
Ce n'est pas du sexiste mais un mode de vivre pour eux.
Bonne chance
Valois Nadeau
NH7TJ