Message du 25 juin :
Récit 142 - Sur nos derniers milles aux Fidjis
Bon je reprends ma plume, j'ai un peu de matériel à raconter. Notre arrêt à Savusavu s'est avéré un peu plus long que prévu et pour cause. encore des soucis de frigo. Ainsi, nous y avons passé près de 10 jours et bien des sous et finalement, nous avons décidé que c'était assez; ainsi, malgré que le frigo ne fonctionne présentement que sur le respirateur artificiel, nous partons quand même. Nous en avons assez de perdre notre temps et notre argent dans le vide. Nous sommes quand même contents d'être arrêtés à Savusavu qui est un arrêt fort prisé par les navigateurs, chose que j'ignorais personnellement. La petite baie dans lequel nous étions mouillés sur corps-mort s'est vite remplie par une quantité très impressionnante de voiliers, tous plus gros les uns que les autres. C'est que Savusavu est un des arrêts de World ARC, cette flottille qui fait le tour du monde en 18 mois. Nous avons été heureux de pouvoir échanger avec ces navigateurs. Thomas et Catherine ont fait connaissance avec deux enfants de leur âge, Ferdinand et Marguerite du bateau Noeluna, deux petits Français présentement domiciliés à Singapour dû au métier de financier de leur papa. Ces enfants parlent français mais aussi parfaitement anglais et espagnol ayant également vécu à Miami. De beaux échanges culturels, ils ont eu beaucoup de plaisir ensemble. Une traversée de cette envergure avec le groupe ARC (Atlantic Rallye for Cruisers) coûte 9 000 Euros soit environ 12 000$, c'est beaucoup de sous mais il parait que ça en vaut la peine. C'est d'ailleurs avec ARC que nous avions fait notre traversée entre les Canaries et Ste-Lucie dans les Caraïbes.
Savusavu c'est un petit village où on trouve de tout mais à plus petite échelle qu'à Lautoka. Un endroit très amical, nous avons d'ailleurs remarqué que plusieurs Australiens et Américains y ont élu domicile en s'y bâtissant une maison. Josée et moi allions marcher tous les matins et nous y avons vu de forts belles maisons. Les gens y sont très aimables et accueillants et la vie sociale et communautaire est très active.
Un autre des points positifs de cet arrêt a aussi été l'achat d'un petit voilier pour les enfants, soit un optimiste, une petite boîte à savon. Nous avons trouvé dans l'arrière cour de la marina, une pile de ces petits optimistes dont certains étaient à vendre. A force de pourparlers avec le propriétaire de la marina, nous avons fini par dégoter tous les morceaux pour se monter notre propre optimiste. Depuis le temps que nous en cherchions un usagé, nous avons fini par le trouver. Jacques notre débrouillard 50, avait sur Alexandre IV, le petit kit parfait pour équiper un optimiste alors René et lui ont passé au moins trois après-midi, parfois sous la pluie battante, à rafistoler et équiper notre petit optimiste que les enfants ont baptisé Mini Mousses. Ils ont d'ailleurs mis beaucoup de temps à nettoyer leur optimiste, ils ont peinturé eux-mêmes leur dérive et ont apposé chacun une main enduite de peinture bleue sur le devant de leur Mini Mousses. Tous ces efforts ont été récompensés par une petite activité de voile organisée par le proprio de la marina, à laquelle ils ont pu prendre part samedi. En effet, ils ont pu naviguer leur Mini Mousses jusqu'à la petite baie/plage de Cousteau à trois milles de notre marina avec des petits Fidjiens, une très belle expérience. Ils ont joué dans l'eau ensemble, mangé des hot dogs et se sont amusés comme des petits fous. Nicolas et Thomas ont eu le bonheur de revenir, à tour de rôle, à bord d'un Laser avec un garçon local du nom de Ratu, âgé de 13 ans, fort habile. Le Laser, c'est ce qui vient après l'optimiste chez les jeunes qui apprennent à faire de la voile. Les garçons ont eu la 'ride', de leur vie à bord de ce laser. Bref, une belle journée pour les adultes comme pour les enfants, Josée et Jacques étaient de la partie et ensemble, nous avons aidé, avec nos annexes à contrôler ce groupe de joyeux lurons et à les ramener au bercail contre le vent en fin de PM.
Après 10 jours à Savusavu à faire du 'trouble shooting' et à tout essayer pour réparer le frigo, nous en avions assez, nous avons repris la mer vers Galo Galo. Advienne que pourra avec le frigo, car la dernière chose que l'on veut c'est de compromettre notre navigation vers les îles Marshalls. Cet PM de voile aura été haute en émotions. Nous avons d'abord eu une mer déchaînée pendant les premières heures le temps de contourner la baie puis ça s'est calmé un peu. On a attrapé une belle dorade mais en essayant de la remonter. Moi, sur la ligne et René sur le patin, elle nous a échappé, ainsi que notre précieuse puisette. René en est ressorti indemne avec quelques égratignures résultant de son combat avec la dorade, sûrement des coups de nageoire dorsale. Plus tard nous avons eu une autre touche, d'un monstre de la mer cette fois, mais elle aussi s'est décrochée, et ce avant même qu'on puisse essayer de la remonter.
Ensuite nous avons atteint la passe de Galo Galo. Ce n'est pas large, on étudie l'entrée, ça devrait bien se faire mais on a le soleil dans les yeux, on ne voit rien. Résultat. on cogne le fond.on a collé un peu trop sur notre tribord et nous avons touché un corail. Une inspection rapide à notre arrivée nous a permis de voir que le dessous de la quille est égratigné (pas trop trop grave) mais on a aussi accroché le safran qui est un peu écaillé (un peu plus grave mais pas dramatique non plus). On réparera ça en Australie, il faut bien commencer à se faire une liste de réparations, sinon on risquerait de s'ennuyer. S'il est vrai de dire que nous ne sommes pas de vrais navigateurs tant que nous n'avons pas touché le fond, je pense qu'on commence à avoir pas mal d'expérience avec les tsunamis et ce petit incident. Le lendemain matin nous sommes partis en annexe avec Alexandre IV explorer cette rivière d'eau salée et l'avons remontée jusqu'au lac d'eau salé. Joli.
Puis nous reprenons la mer pour rallier la baie de Viani, dans le détroit de Somo Somo. Nous avons passé le reste de la PM à nous adonner à diverses activités: optimiste, kayak, planche, frottage de coque, lecture et autre. Puis les hommes sont allés à terre rencontrer les locaux, question de s'informer sur la possibilité de nous faire un feu sur la grève, car aujourd'hui c'est la St-Jean Baptiste. Pas de problème, ils (Jack, sa femme Sophie, leurs amis et enfants, au nombre de 7 ou 8) nous ont accueilli à bras ouverts. J'avais apporté de la banique et des guimauves et les enfants se sont vite empressés de trouver des bâtons pour se prêter au jeu de griller leur banique et leur guimauve au feu. Puis ils ont joué plusieurs jeux ensemble dont celui de se fabriquer un espèce de charriot avec une branche de palmier tirée par tous les autres enfants. Antoine, tel Benhur, a eu droit à toute une 'ride'. Que de rires. Ce fut une très belle soirée de la St-Jean, ou du moins certainement très spéciale.
Au petit matin nous avons largué les amarres pour partir se mouiller sur le récif non loin (Great White Wall) où nous avons eu une très belle plongée en apnée. Nous avons vu de magnifiques coraux aux teintes de mauve, de rose et de vert lime. Nous avons vu tout plein de beaux poissons, Thomas a vu un requin et nous avons même vu la belle Doris, la grande amie de Némo, toute de bleu vêtue. Toutefois, nous avons eu un peu de mal à relever l'ancre une fois venu le moment du départ car la chaîne de Jacques s'était coincée sous un corail. Au fruit de nombreux efforts et de quelques plongées, Jacques et René ont réussi à déprendre la chaîne sans la couper. Fiou! Heureusement qu'ils avaient une bouteille pour plonger sinon.
Bon alors ça fait le tour du jardin sauf que. seule ombre au tableau. ce matin notre frigidaire a officiellement rendu l'âme. Nous sommes en période de deuil mais aussi en processus décisionnel. Que faire? Continuer sans frigo et poursuivre notre route en dehors des sentiers battus vers les Marshalls ou ralentir et couper sur notre plan de navigation à venir pour avoir droit à un frigo opérationnel et un horaire plus relaxe. Il faut voir revoir nos priorités. Je sens qu'on va appliquer notre cours d'état-major de Kingston et faire un peu d'OPP pour ceux qui connaissent. Ils nous avaient dit aussi que ça nous servirait pour le reste de nos jours. Ha il faut bien en rire!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire