Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 7 juin 2013

BIDULE - Gaston et LIsanne à HAWAI

Ça y est! Nous sommes arrivés! Un gros merci pour votre suivit tout au long
de la traversée! Je nes sais pas si nous aurions tenu aussi longtemps en mer
sans nos contacts radio matinal! Nous vous envoyons aussi un compte rendu de
notre traversée! Vu la différence d'heure, nous ne serons pas très présent
pour les prochains jours mais nous vous informerons de notre départ pour
l'Alaska.

Un gros 88!!!

Bidule : Traversée Panama-Hawaï, résumé
Date : Jeudi, le 6 juin 2013, 13h00 heure de Honolulu Postition à l'arrivée
à Hilo : 19°43,810'N 155°03,718'W Nombre de jour en mer : 61 Miles parcourus
: 5410 mn Moyenne de miles par jour : 88 mn 

Elle va nous avoir fait travailler jusqu'à la fin celle-là! C'était pourtant
bien commencé, du moins pour les deux premiers jours, un vent nous a poussés
loin de la côte du Panama. Mais ensuite, très peu ou pas de vent pour les 50
prochains jours.  C'est dur sur le moral de ne pas voir le bateau avancer et
d'entendre les voiles fouetter par manque de vent tandis que l'état de la
mer suggérerait un vent de force 4. On a l'impression que toutes les
coutures vont finir par céder. Même au portant, nous avons eu beaucoup
d'exercice de changement de voilure; monte le spi, descend le spi, tangonne
le génois, enlève le tangon, monte la GV, baisse la GV, passe la voile au
largue, retourne au vent arrière avec le tangon,  plus de vent, tangonne le
spi, enlève le tangon, …

Par ailleurs, le paysage avec ses nuages de coton,
une mer d'un bleu indescriptible, le soleil rayonnant et le ciel dégagé
donnait envie de chanter le thème du Club Med. Pendant les 12 derniers
jours, notre moyenne de vitesse a beaucoup augmentée. Une fois la zone de
convergence intertropicale passée, nous avons eu droit à une moyenne de 15 à
20 nœuds de vent en plus des rafales. Est-ce que nous pouvons dire qu'elle
était vraiment passée? Nous avons subi grains par-dessus grains jusqu'à la
fin. Étant vent-de-travers et grand-largue, le bateau devenait  trop ardent
dans les rafales et trop mou quand le vent se calmait. Beaucoup d'ajustement
de cap.  Disparue la météo de vacances. Nous nous sommes réfugiés à
l'intérieur pour éviter les paquets de mer et la pluie.  Ce qui a été le
plus frustrant était de ne pas pouvoir se fier sur l'information météo.
Plus ils annonçaient du vent au sud de la zone de convergence, moins il y en
avait. Comment savoir où aller pour avoir du vent?

 De plus, le " pilot chart
" pour le Pacifique Nord indique qu'à cette période de l'année, les chances
de pétole sont de 1% où nous nous trouvions. Non mais, faut-tu être chanceux
pour tomber dans le 1% à 99% du temps? Au nord, on ne voyait pas toutes les
dépressions sur nos cartes météos non plus. Un gros merci à ceux qui nous
ont fourni de l'information pendant la traversée; Le trio de réseau du
Capitaine; Nicole, Pierre et André, Claude (VE2AXY), les sœurs à Gaston et
leur conjoint; Danielle et André ainsi que Nicole et Marcel.

En général, le moral à bord est quand même resté bon quoique qu'il y ait eu
quelques moments de crise. Un soir, par pur découragement, nous avons tout
affalé les voiles et sommes allés nous coucher. Le sommeil a été tellement
profond que nous avons passé tout droit pour le Réseau du capitaine. Vous
vous demandez peut-être : Pis les cargos et les bateaux de pêche? Quel cargo
et bateaux de pêche? Sauf pour une nuit ou nous nous sommes retrouvés
entouré d'une quinzaine de gros bateaux de pêche japonais, nous avons à
peine remarqué l'existence d'autres bâtiments sur l'eau. 

Si nous restons
éveillés, c'est surtout pour ajuster les voiles. Par ailleurs, faute de
bateaux, nous avons eu la visite d'un beau gros requin, d'un troupeau d'une
douzaine de baleines pilotes, d'un énorme banc de dauphins ainsi que de
dorades (Mahi-Mahi) de couleur arc-en-ciel qui nageaient le long de la
coque. Pendant un autre 24 heures, nous avons mis le cap sur les Marquises.
Après 40 jours sans vent, nous en avions ras le bol! Ensuite le vent est
revenu, un peu, et nous avons décidé que tant qu'à s'être déjà battu pendant
tout ce temps, aussi bien continuer. L'erreur que nous faisons souvent est
d'avoir un échéancier.  Prendre 60 jours pour aller à Hawaï en tant que la
destination finale n'est pas un problème. Par contre,   notre projet étant
de nous rendre à temps à Hawaï pour  prendre la fenêtre météo vers l'Alaska
avant juillet, car c'est la saison des typhons, nous donnait un échéancier
autrement rigoureux. 

Cela nous ajoutait le stress d'avoir à avancer même
pris dans une zone sans vent et d'user du carburant pourtant bien rationné.
D'ailleurs notre visite d'Hawaï va devoir être très courte.
La bonne nouvelle est que nous n'avons subi ni blessure, ni maladie, ni bris
majeur. Notre radar fonctionne de façon intermittente. Nous sommes en
contact avec un fournisseur Furuno à Honolulu pour obtenir des pièces. Il
n'était pas d'une grande utilité pour cette traversée mais va devenir
nécessaire près des côtes de l'Alaska vu le risque élevé de brouillard.  A
un certain moment, nous devions éponger la cale aux heures. Nous avons
découvert trois voies d'eau. Une connue est le joint de l'arbre d'hélice.
L'installation n'est pas idéale. Nous allons essayer d'y remédier sous peu.
En attendant, Gaston s'est fait des courbatures pour le changer. Une chance
que nous en avions un autre en attente sur l'arbre.  Nous avons découvert
que nous avons un évent sur le circuit de la pompe de calle qui se retrouve
sous la ligne de flottaison et qui fuyait si nous gîtions à bâbord (Ça
n'arrive pas souvent faut croire). 

Pour éviter qu'il coule nous l'avons
tout simplement bouché car la sortie finale est munie d'un col de cygne.
Finalement, un collet de serrage sur le tuyau de la pompe qui vide l'évier
de cuisine c'est brisé et a été remplacé.  La cale est sèche depuis ce
temps. Les bernacles que nous avons affectueusement surnommé les
ta-bernacles qui se sont collé sur notre coque vu notre manque de vitesse
fulgurante, nous ont non seulement ralenti pendant tout le voyage mais elles
se sont amusées à boucher nos passe-coques. L'eau pour rincer la toilette
était particulièrement difficile à pomper.

Malgré une couche de peinture
antisalissure assez récente, nous semblons avoir une réserve faunique sous
la coque. Gaston a bien essayé de leur déclarer la guerre à l'aide de la
gaffe sur laquelle il a fixé un grattoir mais c'est elles qui ont gagné.
Nous n'avons pas manqué d'électricité. Notre éolienne se converti en
hydro-générateur et nous avons mis celui-ci à l'eau.  Au portant,  il est
plus efficace que l'éolienne avec seulement 3 nœuds de vitesse. Combiné avec
les panneaux solaires, nous avons suffisamment d'énergie même pour faire de
l'eau.  Notre petit désalinisateur fourni assez d'eau pour nos besoins
quotidiens en mode économie. C'est-à-dire que la vaisselle, les douches et
le lavage sont faits à l'eau salée. 

Par ailleurs, vu que celui-ci a déjà
arrêté de fonctionner en traversée entre le Sénégal et le Brésil, nous
avions des bouteilles d'eau minérale cachées un peu partout. Toutes les
provisions de nourriture ajoutées au bateau avant le départ avaient fait
baisser la ligne de flottaison.  Nous ne mangeons plus de frais depuis
longtemps mais il nous reste encore de quoi manger.   Au pire, on  aurait
toujours pu ouvrir le radeau de survie pour aller chercher les biscuits de
mer de secours.  Les poissons ne mordaient pas à part une dorade au début. À
la vitesse que nous allions, ils avaient  le temps de bien observer le
leurre et rire de nous!  Gaston, le super chasseur, a réussi à nous
harponner trois des dorades qui nageaient le long de la coque.  Pour le
diesel, ce n'est pas compliqué, on en a plus.  Nous nous étions servi un peu
du moteur au début pour aller chercher du vent.

Ensuite, nous avons fait une
première tentative pour traverser la zone de convergence près du 130?W mais
la zone c'est allongée vers le nord à mesure que l'on progressait et un
courant défavorable ainsi que les " ta-bernacles " nous permettaient une
vitesse d'a peine 3,5 nœuds ; alors nous avons laissé tomber. Finalement,
nous avons fait un dernier essai qui a été concluant quelques degrés plus
loin faisant rouler le moteur jusqu'à ce qu'il étouffe. Le dernier 20 litres
qu'il nous restait dans un jerrycan,  nous l'avons gardé pour l'entrée au
port.

J'ai répondu ci-dessus à la plupart des questions qui nous avait été posées
par courriel mais celle que j'ai préférée était adressée à Gaston;  comment
il a fait pour me convaincre de faire plus de 5000 miles nautiques pour me
rendre à Hawaï. J'ai un petit secret, c'est mon idée d'aller en Alaska. Je
serais bien mal placée pour me plaindre que c'est trop long. J'aime la mer
et je me sens bien ici.

 De toute façon je n'ai pas beaucoup de mérite car je
ne souffre pas des maux dont plusieurs des femmes de navigateur m'ont dit
être affligées; le mal de mer, la peur et l'ennui.  Le mal de mer pour moi
n'est qu'un problème passager. Il m'arrive souvent d'en souffrir légèrement
au départ des côtes surtout si la mer est agitée.  Mais ça fini par passer
complètement. Je prends quelques pilules avant de partir et je prépare des
repas pour deux ou trois jours à l'avance pour n'avoir qu'à réchauffer. J'ai
des inquiétudes ou des anxiétés mais pas de peur. Faire de la voile n'est
pas plus dangereux que de prendre sa voiture pour aller travailler.  J'aime
bien avoir une bonne préparation avant de partir et ensuite faire confiance
en ce que nous avons fait.

De plus, j'ai un AS réparateur et navigateur à
bord qui règle tous les problèmes du bateau.  Je ne vois pas comment je
pourrais m'ennuyer.  L'autre jour, j'ai mesuré une tasse de lentilles pour
faire une soupe. Avant d'avoir eu le temps de mettre la tasse dans la
casserole, une petite vague cochonne est venue frapper le bateau et l'a
renversée. J'ai passé des heures de plaisir à jouer à 3552 ramasse! Plus
sérieusement,  vu que je n'ai pas le mal de mer, je peux me tenir sur la
tête si c'est ce qui me chante. Juste préparer la nourriture avec les
casseroles qui volent partout prend la plupart de mon temps.
Elle va être bonne la bière sur la terrasse!!!! Si on est capable de se
tenir debout! (avant ou après?)

Lizanne (VA2DUO) et Gaston (VA2VIF) Bidule
(http://bidule.micro.org)

PS Si vous avez entendu une rumeur comme quoi Gaston aurait mis mes bobettes
au mat dans le but d'exciter Éole pour qu'il se mette à souffler, c'est
vrai. J'ai des photos. C'est ce que ça donne de faire 2000 mn en 30 jours.

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