Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mercredi 16 juillet 2008

RAPPORT DE L'ÉTOILE DE LUNE ... À CONSERVER ! ! !

Nathalie et Dominique nous ont préparé un rapport détaillé, digne des plus grandes "bibles" de la navigation - À CONSERVER DANS VOS ARCHIVES POUR RÉFÉRENCES FUTURES...

Voici un rapport détaillé qui pourrait intéresser les navigateurs amateurs de contre courants.

Nous sommes en passe de finir notre retour vers l'Est. Si le voyage depuis les San Blas vers Carthagène se fait facilement via Sapzurro dans le sud du golfe Darien, car les vents sont faibles et souvent de Nord Ouest, le reste de la route est pénible à faire. Voici quelques notions météorologiques de la région décrites zone par zone. En effet, rares sont les bateaux qui parviennent à faire la route Est d'une seule traite. Il existe entre San Blas et les îles ABC plusieurs mouillages possibles. Je vous détaille chaque tronçon.

Sachez avant même de lire la suite, ce que Jimmy Cornel, le "gourou" des navigateurs précise dans son ouvrage "les routes de grande croisière" : "Cette route est difficile, voire impossible durant l'hiver, où il est difficile d'aller contre les vents dominants de NE ou D'est, il faut donc mieux effectuer ce trajet au changement de saison. On peut trouver de meilleures conditions au début de l'été, quand les alizés ont une composante sud, ce qui aidera quelque peu à tirer des bords. A toute autre époque de l'année, il n'y a malheureusement pas d'autre choix qu'une pénible remontée au près et cette difficulté incontestable doit être sérieusement prise en compte avant d'inclure cette route dans son programme de navigation. (...)On aura besoin de cartes détaillées ainsi que d'un bateau qui remonte bien au près et d'un équipage endurant."

Je rajouterais qu'en plus d'un bon bateau qui remonte très bien au près serré, il faut un moteur puissant pour appuyer les voiles dans des courants contraires qui ne sont pas à négliger. Prenez en compte aussi, que les fenêtres météorologiques si elles sont rares, sont parfois anorexiques. Elles n'offriront que rarement la possibilité de rallier un point à l'autre dans des conditions clémentes d'un bout à l'autre. Il y a aussi, les fenêtres météo annoncées, et qui se referment avant même de s'être ouvertes. Plus que de l'endurance, c'est une réelle épreuve de patience.

Pour un retour vers l'Est trois zones.
San Blas - Carthagène, entre le 78°W et le 75° W : pas de difficulté majeure.
Carthagène - ABC , entre le 75°W et le 69°W : le parcours le plus difficile.
ABC - Venezuela, à partir du 68°W, via le continent Sud Américain, les fenêtres météo sont, en été et jusque fin octobre plus nombreuses. Le parcours est toujours difficile, mais pas insurmontable. En hiver, il est déconseillé.

Nous traiterons ici les deux premières zones. Cet article n'est pas uniquement basé sur une expérience en particulier. Il reprend aussi toute la littérature nautique et les archives météorologiques sur la zone.

San Blas - Carthagène (via San Bernardo ou Fuerte et Rosario)

Sapzurro : 08°39 N 77°21W
San Bernardo : 09°47W 75° 51W
Navigation : 135 MILLES
Roasario : 10°10N 75°44W
Navigation : 35 milles
Carathagène : 10°10N 75°40W
Navigation : 25 MILLES

Pour tous ceux qui sont dans les San Blas et qui désirent revenir sur Carthagène. Pas de problème. Il suffit de prendre la route sud, de faire sa sortie du Panama à Obaldia, de faire escale à Sapzurro, d'y attendre des vents faibles de Nord à Nord Nord Ouest. L'attente ne sera pas longue, ce sont les vents les plus fréquents. De Sapzurro, une bonne nuit de navigation conduira les équipages vers l'archipel de San Bernardo ou de Fuerte. Dans cette partie du Golfe les vents sont faibles, la mer est
rarement un problème. Navigations faciles. Attention toute fois à ne pas se laisser surprendre par la saison des pluies. A sapzurro, il faut se méfier du mois de mai qui est le théâtre de tornades. Phénomène très sporadique et très court mais dont les effets peuvent être catastrophiques sur un bateau.

De plus à partir de fin avril, début mai débute dans tout le golfe la saison des orages. Le nombre de bateaux ayant pris la foudre dans la région n'est pas négligeable. Il faut savoir que les Colombiens nomment ces phénomènes "los culos de pollo", expression triviale qui signifie "cul de poulet". C'est un coup pris en traitre par la nature. Le temps est généralement lourd, sans trop de vent. Le ciel est chargé; en une fraction de seconde, le flux d'air passe du NNE au SSW.

Les bateaux pris à contre par le flux d'air contraire pivotent rapidement, le vent passe de 0 à 45, voire 50 noeuds, sans prévenir. Les dérapages sont fréquents surtout dans les zones de mouillage de mauvaise tenue de Carthagène. Le phénomène peut durer une heure, rarement plus longtemps. Ces "culos de pollo" commencent en mai, à cette période, les vents ne dépassent pas 30 à 35 noeuds. Puis au fur et à mesure de la saison qui s'avance, les vents subis sont de plus en plus violents.

Les culs de poulet les plus forts se situent en septembre et octobre, puis s'affaiblissent en novembre, pour totalement disparaître en décembre.

Autre option à partir des Hollandes dans l'archipel des San Blas, possibilité, par vents faibles en mai de traverser d'une traite. Mais les bateaux auront intérêt là aussi, sans passer par Obaldia et Sapzurro, d'infléchir leur route sous le 10° de latitude Nord. Voire de piquer sur San Bernardo plutôt que de s'acharner à rallier Rosario. Trop haut, les vents seront contraires, et vous êtes sur la route de cargos. Certains bateaux descendront l'archipel des SanBlas jusqu'à Pinos et de là ils viseront également San Bernardo.

Ces trois itinéraires ne devraient pas, avec une météo soignée poser de problèmes.

Carthagène - Guairaca (Santa Marta)
Guairaca : 11°20N 74°06W
Navigation : 130 MILLES

Si la fenêtre météorologique se fait trop attendre, il est assez facile de remonter de Carthagène à Punta Hermosa (environ 50 milles). Attention, il ne faut prendre cette option que si l'on est certain d'avoir rapidement une fenêtre et ce afin de se positionner à quelques milles du délicat passage du cap de Barranquilla. C'est le premier passage qui peut se révéler douloureux. Le mouillage est de tenue exécrable. Nous y avons dérapé avec plus de 70 mètres de chaîne. Vous pouvez mouiller dans le fond de la baie, devant les huttes touristiques.

Prenez garde à ne pas mouiller trop près de la route. La sécurité n'y est pas assurée complètement. Les fonds dans le fond du golfe remontent rapidement. Il y a une grosse bouée d'amarrage, il ne faut pas dépasser celle-ci. L'aire entre cette bouée et la plage est réservée aux skysurfers. Autant de points qu'il faudra prendre en considération si vous choisissez de vous y arrêter.

Pour passer la pointe de la Baranquilla, soignez votre météo. La configuration de cap, de remontées abruptes de fonds et la dépression colombienne qui influence en permanence les vents, offrent à 95% du temps des conditions de mer cassante, des vagues supérieures à 4 mètres (il n'est pas rare d'y trouver des mers de 12 à 16 pieds) et de vent moyen autour de 30 noeuds permanents.

Vous ne passerez pas sans dommage avec une météo de 20 à 25 noeuds et 6 à 8 pieds, voire plus annoncés, ceci à cause de la fréquence extrêmement courte des vagues (4 à 6 secondes). La bonne stratégie est de prendre les cartes de la Noaa, de cibler 72 heures où la mer ne dépasse pas 5 pieds dans les prévisions et le vent ne dépasse pas 15 noeuds. Ces fenêtres sont excessivement rares. Mieux vaut le savoir avant de prendre la décision d'aller dans l'est. Elles existent au basculement de saison, fin avril et courant mai.

Aux mois de juin et juillet ces prévisions sont quasiment impossibles à trouver (références, sur archives de cartes météo sur une dizaine d'années). On retrouve des possibilités de passer en août à la faveur d'un cyclone qui passerait dans le nord de la zone. Les mois les plus susceptibles de vous offrir des conditions clémentes sont septembre, octobre et novembre, avant que les alizés ne redémarrent. Mais ce sont également les mois les plus orageux. Je le répète, cette route est, en hiver, difficile voire impossible.

Le mouillage de Guiraca est joli et agréable à l'oeil. Cependant il est sujet à des rafales fréquentes et à une houle longue qui pénètre dans la baie par vent de NE. Des quatre autres baies de la région, seule Nenguange est praticable. Mais attention, elle est parsemée de nombreux récifs, et la houle peut être particulièrement importante. Reste Bahia COncha, celle-ci retient la palme des rafales. Elles passent de 0 à 30 noeuds en quelques secondes et se répètent toutes les 2 minutes, c'est abrutissant!

La baie cinto est chasse gardée d'une riche famille de Bogota. Dommage ce serait celle qui offrirait le meilleur abri.

De Guairaca à Cabo de Vela.

Cabo de Vela : 12°12N 72°10W
Navigation : 150 milles.

Nous avons effectué cette navigation au pied levé. Je pense que c'est l'un des atouts majeurs de toute cette navigation : être prêts à partir dans l'heure. Jean Yves le météorologue du RDC nous envoie un courrier électronique le 24 au matin : "Sur la carte générale, le plus calme est la fin de journée du 25 et début du 26 mai."

Cette petite phrase est accompagnée de bouyweathers. Et effectivement, nous avons une fenêtre météo. EN 2 heures, nous gréons le foc, nous ne prenons pas le temps de dire "au revoir" à nos amis du village, et sortons de la baie. Ce qui est surprenant, c'est que le matin même, le vent et la mer étaient impraticables. En quelques heures à peine, le vent tombait de 35 à 15 noeuds, la mer par houle amortie ne présentait plus que des creux d'un mètre à un mètre cinquante.

En 29 heures, nous traçons notre route à la voile entre les deux mouillages. Très belle navigation. Il faut comprendre que sur ce trajet nous sommes à l'abri du cap de la vela. Celui-ci est un véritable rempart contre la houle qui se comporte comme une avalanche. Elle s'établit fortement dès les îles ABC, elle frôle le Cap Galinas, puis dévale le long de la côte de Colombie prenant toujours plus de vigueur et de hauteur.

Voici ce qui nous était annoncé

Location : 12.254N 73.273W
Model Cycle: 2008 MAY 23 12Z
UTC - 4 Hours
----------------------------------------------------
WIND SEAS
DATE HR dir/deg range(kt) dir/per range(ft)
---- --- ------------------ -------------------
5/24 02 E 86 12 - 16 ENE 5sec 4 - 7
5/24 08 E 89 15 - 20 ENE 5sec 4 - 6
5/24 14 ENE 63 12 - 16 ENE 5sec 4 - 6
5/24 20 ENE 63 15 - 20 ENE 5sec 5 - 8

5/25 02 ENE 69 11 - 16 ENE 5sec 4 - 7
5/25 08 ENE 70 13 - 18 ENE 5sec 4 - 6
5/25 14 ENE 55 10 - 14 ENE 5sec 3 - 6
5/25 20 ENE 79 11 - 15 ENE 5sec 4 - 6

Nous atteignons le Cap de la Vela, le 26 mai 2008. La fenêtre se referme avec notre arrivée. Les dernières heures se passent contre le vent, nous appuyons les voiles au moteur, pour mouiller avec 26 noeuds de vent d'est, alors que pendant la navigation, nous n'avions jamais dépassé les 20 noeuds apparents.

Nous patienterons dans des conditions innommables. Le Cap de la Vela est une baie très large où il est quasiment impossible de s'avancer. Le repère à prendre, c'est la hutte de Maria Louisa "Yo So Lu". C'est une petite hutte, dont le patio se ferme grâce à des rideaux de coquillages. Le nom de la tienda est gravé dans du bois. Ne dépassez pas cette limite, il n'y a rapidement plus de fond. Ne vous rapprochez pas trop du rivage, mouillez à 400 mètres du rivage. Position : 12°12 169N 72°10 430W. Ne
dépassez en aucun cas cette limite. Ne tentez pas non plus d'aller dans le fond de la baie vers le village principal, même en annexe certains endroits sont trop peu profonds.

Gros désavantage de ce mouillage :
Le fetch particulièrement long reforme un clapot important par vent de Sud Est. Le vent est présent en permanence. S'ajoute aux conditions un effet thermique à ne pas négliger. Le vent se calme légèrement pendant la nuit (20 à 25 noeuds). Le matin, vers 10 heures, le vent de Sud Est se lève, ainsi que la mer.

L'inconfort est total, le vent qui peut largement dépasser 35 noeuds, lève des aiguillons d'écume qui entrent par les capots dans le bateau. Au cours de l'après-midi, le vent passe progressivement NE, le clapot est plus acceptable, mais les rafales de vent atteignent et dépassent 40 noeuds les jours où les alizés sont particulièrement établis. Si votre attente est aussi longue que la nôtre, vous aurez droit en prime à une nouvelle décoration du bateau. Il sera couleur sable du désert. Tout, les bouts, le gréement, les voiles et jusqu'à l'intérieur du bateau seront maculés de sable.

Vous tenterez de le combattre par un nettoyage systématique, mais vous vous ferez plus l'effet de Don Quichotte à l'assaut des moulins à vent que d'une équipière utile et efficace.

Nous avons patienté pendant 45 jours dans ce mouillage. Les prévisions météo nous donnaient inlassablement ce qui suit : "SUN AND MON...N OF 11N E OF 78W NE TO E WINDS 15 TO 20 KT EXCEPT TO 25 KT NEAR COAST OF COLOMBIA INCREASING TO 30 TO 35 KT AREA WIDE MON. SEAS 9 TO 10 FT BUILDING TO 11 TO 14 FT MON NIGHT."

Les mots "increasing" et "building" sont les plus courants dans les bulletins de la zone.

Voici le bulletin le plus décourageant que nous ayons reçu pour cette période (remarquez la hauteur de vague):

Location : 13.0N 69.0W
Model Cycle: 2008 JUN 19 00Z
UTC - 4 Hours
----------------------------------------------------
WIND SEAS
DATE HR dir/deg range(kt) dir/per range(ft)
---- --- ------------------ -------------------

6/24 02 E 93 23 - 31 ENE 9sec 13 - 21
6/24 08 ESE 103 25 - 34 E 9sec 16 - 24
6/24 14 E 93 21 - 29 E 9sec 13 - 21
6/24 20 E 89 20 - 27 E 9sec 11 - 18

A mentionner, pendant notre attente, nous ne verrons que 3 autres voiliers. Deux voiliers venant de Curaçao, dont les équipages nous ont souhaité bonne chance tout en tapant énergiquement de l'index sur leur tempe! Un autre voilier est arrivé de l'ouest tout comme nous. Il a passé le cap, puis est revenu au bout de 4 heures dans le mouillage. Le lendemain, il repartait vers Carthagène.

De Cabo de Vela à Bahia Honda
BAIA HONDA : 12°25N 71°31W
Navigation : 30 MILLES

Une accalmie de quelques heures nous décide à lever l'ancre et à mouiller dans Bahia Honda. Il nous faudra pas moins de 10 heures pour effectuer au moteur ce trajet. L'endroit n'est pas cartographié. Il avait été décrit par le bateau Pizza dans le Compass, comme une escale possible. Il la déconseillait car elle n'était pas cartographiée, mais il disait avoir trois bateaux amis s'être arrêté là, attendant de meilleures conditions sans se plaindre. Cette dernière phrase nous décida.

HORREUR. Le mouillage se présente tel une vaste mer intérieure. Il est totalement impossible d'avancer dans l'est du mouillage. Nous avons trouvé juste à l'aplomb du petit cap, qui referme sympboliquement le mouillage, moins de 1M60 d'eau. Le fetch y est encore plus important qu'à Cabo de Vela, en prime la houle du large contourne la pointe, et vient frapper le clapot permanent sous votre bateau. Le vent est équivalent à celui que nous subissions à Cabo de Vela, mais sans les accalmies de la nuit.

Ce n'était plus des embruns qui entraient dans le bateau. Mais nous étions forcés de fermer les capots, car au mouillage, la vague était tellement bien formée qu'elle passait par dessus le pont et pénétrait dans le hublot.

Un repère pour vous, nous y avons plié notre ancre britanny. Celle-ci avait pourtant résisté au cyclone Emily, dans Port Egmond le célèbre abri anticyclonique de Grenade. Heureusement, nous mouillons toujours deux ancres. Une première, la brake de 25 kilos, puis laissons filer 15 à 20 mètres de chaîne, y empennelons, la britanny de 25 kilos, puis laissons filer 40 ou 50 mètres supplémentaires. Ces précautions n'ont pas été inutiles dans notre attente désertique de la Guajira.

Bahia Honda aux îles ABC

Aruba, navigation de 100 milles en ligne droite.

Rajoutez au moins le double, et armez-vous de courage pour les incessants virements de bord. Le plus difficile est de déceler une fenêtre météo. Souvent le vent se calme sur ABC en premier, mais sur Cabo, le vent est encore trop établi dépassant les 30 noeuds. Cap de galinas donc infranchissable. (Nous avons vu un bateau rebrousser chemin) Le pire c'est que lorsqu'à Cabo de Vela les valeurs sont enfin comprises entre 20 et 25 noeuds, c'est sur les ABC que ça souffle plus fort. Bref, un jeu de patience,qui émousse les nerfs des plus endurants!

En 61 heures on a parcouru 200 milles pour 100 milles en ligne droite avec une déplorable moyenne de 3 noeuds... Départ le 13 juillet à 18 H.
Météo annoncée :

BUOYWEATHER.COM Virtual Buoy Forecast
Location : 12.5N 71.7W
Model Cycle: 2008 JUL 12 12Z
UTC - 4 Hours
----------------------------------------------------
WIND SEAS
DATE HR dir/deg range(kt) dir/per range(ft)

7/13 20 ENE 78 15 - 20 NE 6sec 4 - 7

7/14 02 E 88 15 - 20 NE 6sec 4 - 7

7/15 02 E 80 13 - 18 NE 6sec 4 - 7

7/16 02 E 80 8 - 12 NE 6sec 4 - 6

Départ sur les chapeaux de roue, 3 ris grand-voile et foc, malgré cela nous trempions les passe-avant dans l'eau : vent soutenu de 30 noeuds, rafales à 35 noeuds, mer abritée du cap : potable. Nous sommes partis sur le coup des 18 heures, pour bénéficier de l'effet thermique autour du cap. Il fait baisser les vents la nuit, du moins lorsque les cartes générales annoncent moins de 25 noeuds. AU-delà, point de répits !

Pendant la nuit, le vent s'établit autour de 15 noeuds de vent, la mer est maniable, 1 à 2 mètres. La navigation pendant les 24 premières heures était agréable. Une chose cependant nous chagrinait : nous subissons sur ce parcours un courant contraire important. Parfois plus de deux noeuds, à certains moments nous n'avancions qu'à 1.7 noeud sur le fond alors que nous faisions du 4.5 lochs. Le courant s'est acharné le bougre, en tout nous n'avions qu'un degré et trente minutes à regagner dans l'est c'est-à-dire 90 milles.

Tirer des bords, voici notre seul salut. Mais, l'avancée dans l'Est est vraiment laborieuse, chaque positionnement nous révélait un gain infime par rapport à l'effort consenti. Même en pratiquant voile-moteur, essai pendant 6 heures, nous ne parvenions pas à garder un angle suffisant. Sur un bord nous faisions du sud trop légèrement teinté d'Est. Finalement, le cap qu'on tenait le mieux, c'était le Nord, impeccable pour aller en Republique Dominicaine ou à Puerto Rico, mais pas pratique pour aller aux ABC. Comme un bonheur en mer n'arrive jamais seul.

Le vent annoncé clément est en phase de renforcement au bout de 24 h, la mer qui aurait dû rester gentille se "bâti". On a vu jusqu'à 5 mètres en crêtes bien pointues, ça fait un bon petit muret à grimper à chaque fois, la mer entre ABC et Barranquilla est toujours plus forte que la mer du vent.

LE PRINCIPAL on n'a rien cassé, et une petite chance sur le parcours, nous étions selon les cartes satellites entourés d'orages. Et pas un ne nous a atteints. Il faut dire qu'on profitait de virer de bord, lorsqu'on voyait des éclairs devant nous. Pas ça en plus! Il est à mentionner également, que la zone est particulièrement fréquentée par les cargos. Un trafic dû au golfe de Maracaibo et ses légendaires puits de pétrole. Les raffineries sont situées sur Aruba et sur Caraçao. Ils ne se déroutent pas. Il faut vraiment veiller et être prêts à virer de bord pour les laisser passer. Ca nous est arrivé 5 fois sur le parcours.

En arrivant à Aruba, c'est la première fois en 55 jours que L'étoile de Lune retrouve un plan d'eau plat. Une eau claire, un mouillage abrité.

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